Au CSV, ils sont nombreux à se rappeler du jeune homme qui a joué quelques années dans les rangs des Ciel et Blanc avant d'aller défendre le maillot tricolore avec le XV de France. Natif de Bourgoin-Jallieu, Alexandre Dumoulin a rangé les crampons en juin 2022 à Pau mais n'est pas tout à fait sorti des terrains puisqu'il accompagne désormais les jeunes pépites du rugby français en tant qu'agent. Avec ses huit sélections en équipe de France et la Coupe du monde de 2015 au compteur, l'ex-professionnel donne ses impressions et ses pronostics à une journée du début des hostilités entre la France et les All Blacks.
Alexandre, comment passe-t-on de jeune joueur du CSV à une sélection en équipe de France ?
J'ai commencé le rugby à Bourgoin-Jallieu quand j'avais environ 7 ans. Ensuite j'ai suivi mon beau-père qui jouait en tant qu'amateur. On a pas mal bougé, à Cannes, à Montélimar, à Arras avant d'arriver à Villefranche. Dans le nord, j'ai arrêté ce sport parce que ça ne me plaisait pas forcément, que ça soit au niveau de l'encadrement ou de l'ambiance générale. Je me suis lancé dans le golf mais en descendant à Villefranche, je me suis vite rendu compte que pour se faire des copains, c'était un peu compliqué, alors je me suis relancé dans le rugby. Au CSV, j'ai été en minimes et en cadet, et là, les entraîneurs se sont rendu compte que j'avais des qualités un peu supérieures à la moyenne. J'ai décidé à 16/17 ans de passer des tests pour aller jouer à Bourgoin avec les Crabos et essayer d'aller taper un niveau au-dessus. En intégrant ce club, j'ai réussi à aller jouer dès la première année en équipe de France U18 et là tout s'est enchaîné. Je suis parti à Marcoussis avec les U19, j'ai été surclassé chez les U20 et à Bourgoin, ils m'ont rapidement fait jouer avec l'équipe pro. Lorsque le CSBJ est redescendu en Pro D2, j'ai réussi à partir au Racing-Métro et à lancer ma carrière. Le 14 novembre 2014, j'entamais ma première sélection en équipe de France contre le Fidji puis en 2015, je me suis retrouvé dans le groupe des 33 pour la Coupe du monde.
À la veille de la Coupe du monde comment est ce que l'on appréhende cette compétition ?
Toute la planète rugby a les yeux rivés sur cette compétition donc c'est une pression difficile à gérer. Tu sais qu'à la moindre erreur, tout le monde va te tomber dessus et c'est ce qui s'est d'ailleurs passé après le match contre l'Irlande où on a pris 30 points. Néanmoins, en 2015 c'était différent, on n'arrivait pas comme les favoris, donc il y avait beaucoup d'incertitudes. Cette année, on a probablement la meilleure équipe de l'histoire du rugby français.
"Difficile de trouver des failles à cette équipe"
Le XV de France est aujourd'hui à un très bon niveau. Comment sentez-vous cet effectif ?
Cette génération est incroyable à tous les niveaux, tous les postes sont doublés voire triplés. Tu as le forfait de Romain Ntamack qui est une énorme perte mais derrière, tu as un Matthieu Jalibert qui a du génie, de l'expérience et qui est vraiment beau à voir jouer. Tous les joueurs ont joué des matchs de très haut-niveau sous haute pression. Selon moi, c'est difficile de trouver des failles à cette équipe, c'est du lourd, c'est costaud et c'est complet.
Selon vous, quelles seront les matchs clés pour espérer entrevoir une finale ?
Ça va commencer directement par la Nouvelle-Zélande, c'est une bête blessée actuellement alors il faudra vraiment s'en méfier. Derrière, il y a les Sud-Africains qui ont mis 30 points aux Blacks et l'Irlande qui a été la seule équipe à nous battre avec l'effectif que l'on a. Après pour être champion du monde, il faudra quoiqu'il arrive tous les sortir.
Que souhaitez-vous aux 33 sélectionnés ?
De faire ce qu'ils font depuis 4 ans, d'être eux-mêmes. Ils sont sûrs de leurs forces et de leur système. J'ai l'impression qu'ils sont vraiment confiants et qu'ils sont juste à l'aube de leur premier match de la saison en Top 14. Ils se connaissent très bien, ils savent jouer ensemble. Ce serait vraiment énorme de ramener cette coupe pour le rugby français et pour rendre notre sport encore plus attractif.