"Nous refusons que notre pays continue de sombrer dans le chaos". Ainsi commence le communiqué de l'Association des maires de France (AMF) publié le 2 juillet suite aux émeutes et évènement violents qui secouent le pays depuis la mort de Nahel, jeune adolescent abattu au volant à Nanterre par un policier mardi dernier.
Suites aux émeutes, aux pillagesde magasins et à des attaques visant des représentants politiques – dans la nuit de samedi à dimanche notamment, le domicile de Vincent Jeanbrun, maire de L'Haÿ-les-Roses, a été attaqué à la voiture bélier – L'AMF a écrit à l'ensemble des maires de l'Hexagone.
Elle les invitait à réunir les habitants de leur commune devant chaque mairie lundi 3 juillet à midi, "pour partager l’appel des maires de France pour le retour à la paix civile". Des rassemblements ont notamment eu lieu àVillefranche et Belleville, communes touchées directement par les violences de ces derniers jours.
"Si on continue comme ça, la France ira très mal"
Frédéric Pronchéry, maire de Belleville-en-Beaujolais, au préalable à la lecture du communiqué des maires de France, a remercié les administrés qui s’étaient déplacés pour montrer leur soutien à la paix sociale, à la république et aux élus.
Parmi ceux-ci, on notait la présence du sénateur Bernard Fialaire, qui entendait son successeur à la mairie défendre les dossiers sociaux, la culture et la société, mis à mal par les tristes événements qui ont aussi touché Belleville.
Frédéric Pronchéry rappelait que vendredi soir des feux d’artifices et des mortiers avaient été tirés sur les gendarmes et non pas en l’air, alors qu’ils n’étaient pas en capacité de contenir 30 délinquants. "Quand on tire à jet droit sur des gendarmes, c’est une attaque !", a-t-il appuyé.
Après le départ des forces de l’ordre, les forcenés avaient mis le feu à la Maison des ados, bien qu’elle ait pour vocation d’aider les jeunes en difficulté. La municipalité ne sait d’ailleurs pas si elle pourra la faire revivre. "Comment continuer à soutenir ces jeunes maintenant ?". Le maire, tout en disant ne pas vouloir faire de polémique, a souligné que le jeune Nahel, dont le décès a été à l’origine des troubles urbains, "n’était pas qu’un doux agneau".
Mais qu’il "devenait un prétexte commode pour les exactions d’une minorité de troublions par lesquels des drames pourraient arriver". Il soulignait qu’ils agissaient tous cagoulés, "ce qui montre le réel courage de leurs convictions". Et il amenait à y réfléchir : "Si on continue comme ça, la France ira très mal. Il faut montrer que la majorité jusque-là silencieuse, ne l’est plus".
Il appelait à d’autres rassemblements citoyens pour montrer que les habitants du territoire sont mobilisés pour défendre les droits républicains et ne plus laisser mettre en péril la société.
Les communes de Lissieu et Arnas mobilisées
Les Lissilois sont eux aussi venu apporter leur soutien à leur maire et aux autres édiles de France. "Les maires sont attachés à l’unité et à la cohésion du pays, a souligné la première édile Charlotte Grange, qui a rappelé que la violence "n’est pas, n’est jamais une solution.Il appartient à l’Etat de rétablir l’ordre républicain".
Une Marseillaise a capella a conclu le rassemblement devant la mairie. Du côté d'Arnas, midi sonnait à la cloche de l’église du village lorsque le maire Michel Romanet-Chancrin a donné lecture de l’appel des maires de France en présence de nombreux élus communaux et de plus de 80 Arnassiens qui ont pris sur leur temps pour écouter le message.
Les accents dramatiques de cet appel n’ont pas surpris l’assistance, abreuvée depuis plusieurs jours d’images, déclarations et autres commentaires qui se sont fait largement l’écho des émeutes qui ont embrasé nombre de communes et des circonstances au gré desquelles elles ont éclatées.
Leur rappel, par le maire de la commune, a néanmoins recueilli l’assentiment unanime des personnes présentes, qui ont par leurs hochements de tête entendus et leurs applaudissements, manifesté leur accord à des propos d’une gravité exceptionnelle, conclus de manière heureuse par un message d’espoir : "Les maires de France appellent à une mobilisation civique de la société pour le respect de la République… Il leur appartiendra de tirer les leçons de cette crise, d’en décortiquer les ressorts profonds, de retisser les liens brutalement rompus et inlassablement de construire la cohésion dont notre Nation a tant besoin".