Alerte rouge et réunion de crise pour les chambres de métiers et de l'artisanat (CMA) et les centres de formation d'apprentis (CFA) à Lyon ce 17 juillet. Le détonateur : France compétences, gestionnaire du financement de l'apprentissage, a proposé la semaine dernière une économie de près de 10 % des coûts contrats, les montants de prise en charge de l'apprentissage, sur l'ensemble des métiers de l'artisanat.
Se révoltant contre cette nouvelle baisse, ils alertent sur les conséquences que cela pourrait avoir pour les CFA et pour le monde de l'artisanat en général. Vincent Gaud, président de la chambre de métiers et de l'artisanat Auvergne-Rhône-Alpes, affirme : "Le gouvernement a fait un choix, pour nous inacceptable, d'impacter beaucoup plus les métiers d'artisanat et manuels que ceux à tendance intellectuelle."
Pour s'opposer à cela, ils demandent tout d'abord un report de la baisse des niveaux de prise en charge (NPEC) prévue en septembre, et l'ouverture d'une concertation sur le financement de l'apprentissage en France.
Baisse des coûts contrats : l'apprentissage en péril
Concrètement, cette baisse des coûts contrats, cumulée aux effets de l'inflation, impactera les formations au point de faire perdre de l'argent aux CFA dès la première année de formation. Par exemple, pour un CAP pâtisserie, la prise en charge serait de 6 342 € contre 7 047 € actuellement. Le coût de revient (somme des coûts supportés pour la production et la distribution) des CFA pour faire cette formation étant de 7 520 € après inflation, cela engendrerait un déficit de plus de 18,5 %.
"Concernant le réseau des chambres de métiers, c'est 137 CFA qui sont concernés. Pour notre région Aura, c'est un séisme. Un séisme pour l'artisanat mais aussi pour les jeunes qui voudront se lancer et rencontreront des difficultés. La situation est extrêmement grave", soutient Fabienne Munoz, présidente de la Chambre de métiers de l'Ardèche et vice-présidente de CMA France.
Si les chambres de métiers ne s'opposent pas à des économies, elles pensent qu'il serait préférable en revanche qu'elles soient faites dans des formations ne possédant pas ou moins de coûts techniques.
Une incompréhension face à un gouvernement contradictoire
Avec une augmentation de 18 % du coût de la formation des apprentis entre 2021 et 2023, le gouvernement serait en opposition avec les objectifs affichés d'atteindre le million d'apprentis par an à l'horizon 2027, selon le président de la CMA de la région. En effet, les CFA forment des métiers rares qui contribuent au savoir-faire français. Un savoir-faire qui pourrait se perdre si les formations étaient vouées à disparaître. "Ce n'est pas une vision comptable qu'il faut avoir. Il faut surtout penser à l'avenir", précise Vincent Gaud.
De plus, cela engendrerait une perte de réinsertion pour certains jeunes qui les éloignerait de la formation et de l'emploi. Pour rappel, 84 % des jeunes apprentis sortent avec un emploi.
Les négociations sont toujours en cours, mais une chose est sûre : les CFA et chambres de métiers n'abandonneront pas avant de pouvoir négocier avec le Gouvernement.