Olivier Ducruix est beaujolais de naissance, monsourdis de cœur et villeurbannais d'adoption. Il est chanteur, et même auteur-compositeur, avec déjà trois disques à son actif, et vient aussi de reconstituer un groupe pour interpréter avec lui des reprises folk et rock. Il a d'ailleurs l'enregistrement d'une chanson en projet.
Olivier Ducruix est aussi sportif et vient de remporter aux Pays-Bas le championnat du monde de paravoile avec son équipier Ange Margaron. Rien ne lui semble impossible, mais où trouve-t-il toute cette énergie et cette volonté de gagner ?
La compétition en héritage
"C'est mon père qui m'a transmis ce goût de la compétition, dit-il. Il jouait aux boules lyonnaises à un bon niveau et nous, ses fils, participions aux compétitions locales. J'ai joué tant que je voyais". Olivier Ducruix est mal voyant. Une raison de plus pour être impressionné par ses challenges et ses victoires, car avant d'être champion du monde ce 15 août, il est monté plusieurs fois sur le podium avec son binôme et entraîneur Gilles Guyon aux championnats de France, d'Europe et du monde Handivalides.
Mais cette récente victoire a une dimension supplémentaire, qui tient au binôme qu'Olivier forme avec Ange Margaron, binôme lui aussi récent. "Ange est né sur un bateau, il est récemment devenu moniteur de voile, bien qu'il soit freiné par un handicap psychomoteur qui perturbe son élocution, un challenge à relever pour que notre binôme fonctionne", précise Olivier, qui aime aussi, dans ce binôme, sa dimension intergénérationnelle. "Ange a l'âge de mes enfants !", dit le sportif, qui a 57 ans.
Une performance de très haut niveau
Ce championnat du monde Paravoile est, depuis que la discipline n'est plus depuis 2016 une discipline olympique, la seule compétition de niveau international. Pour y accéder, il faut être sélectionné au niveau national, un seul équipage représente chaque pays, ils sont 15 au total.
La course s'est déroulée cette année sur un lac aux Pays-Bas, avec un bateau RS Venture connect double, spécialement aménagé pour différentes formes de handicap. Sur le podium, trois des six finalistes étaient en fauteuil, raison qui impose que les compétiteurs soient assis le temps de la course, qui se déroule en dix manches ; les deux Français en ont remporté sept, ils étaient déjà certains d'emporter le titre à la 6e. Une sacrée victoire.
Des compétences dédiées à l'accessibilité
C'est à Sciez, sur le lac Léman, qu'ils s'entraînent, avec Gilles Guyon, qui a beaucoup compté pour permettre à Olivier d'atteindre ce niveau, mais c'est aussi grâce à Orange, l'opérateur de téléphonie, que la voile devient de plus en plus accessible aux non et mal voyants. Car Olivier Ducruix est ingénieur informatique, formé à l'Insa de Lyon, et il a consacré une partie de sa carrière à l'accessibilité.
Accessibilité numérique chez Orange où il a fait sa carrière, accessibilité de la voile aux déficients visuels quand il a pu, grâce au mécénat de compétences que lui a permis l'entreprise, mettre les siennes au service du projet Cécivoile, porté par l'Unadev, dans lequel il a développé des applications pour faciliter la pratique de la voile aux déficients visuels avec la complicité d'une ingénieure en informatique.
Premier cobaye : lui-même. Ainsi, pour traverser seul en bateau le lac Léman, en trois jours, il s'est fabriqué une girouette tactile connectée en Bluetooth à une ceinture placée autour du ventre pour connaître la direction du vent.
Mais l'aventure ne s'arrête pas là. Olivier prépare maintenant avec Gilles Guyon le championnat du monde Handivalides qui aura lieu au Portugal en octobre, ils peaufinent aussi l'organisation en juin 2024 à Sciez de la compétition de blind sailing, une compétition de voile réservée aux non et mal voyants, avec des balises acoustiques pour repères.
Et puis, il y a cette chanson qu'il va bientôt enregistrer. Cela se passera à Beaujeu, dans l'ancien atelier de son père, transformé en studio par le musicien qui occupe désormais la maison familiale.