Le Beaujolais n'est plus à une crise près. Sébastien Coquard a annoncé ce vendredi soir lors d'une conférence de presse qu'il démissionnait de la présidence de l'Organisme de Défense et de Gestion (ODG) beaujolais / beaujolais-villages.
Après quinze mois passés à la tête de l'ODG, le vigneron du sud beaujolais a jeté l'éponge, visiblement écœuré. "Les conditions ne sont plus réunies pour mener à bien les orientations pour lesquelles je me suis engagé. Au cours des dernières heures, j'ai été la cible de propos inacceptables, pas loin de ressembler à des menaces sur la vie privée. Un président doit savoir prendre des coups et j'en ai pris. Mais là, on a passé un cap, avec des attaques en dessous de la ceinture", a t-il exprimé.
Mais au-delà de ces attaques, c'est l'absence de vision stratégique d'une certaine frange de la viticulture beaujolaise qui a eu raison de ses idéaux initiaux : "Servir l'intérêt général dans le respect du cadre et des missions de l'ODG, quand bien même certains affirmaient faussement que les coopératives géraient l'ODG". S'il a soutenu le mouvement récent pour un "juste prix" sur les cours du beaujolais nouveau, Sébastien Coquard n'était pas forcément en phase avec les pensées et discours émanant du collectif qui a porté la révolte.
Les messages simplistes à connotation populiste lui ont semblé en total décalage avec le travail initié à l'ODG. "On ne peut pas tout mettre sur le dos des ODG, tout en attendre. Sur le plan économique et commercial, c'est aux exploitations de se prendre en main. J'ai voulu pour ma part apporter une méthode de travail, une réflexion pour l'avenir et en cela j'en suis fier", ajoute le président démissionnaire. C'est Frédéric Laveur, l'actuel vice-président, qui devrait assurer l'intérim jusqu'aux prochaines élections, qui auront lieu au printemps prochain.
La démission de Sébastien Coquard se présente comme un mauvais signal de plus en direction de l'extérieur. Un vigneron jeune et engagé poussé vers la sortie, voilà qui fait désordre et risque de dissuader la nouvelle génération de s'impliquer dans les instances dirigeantes du vignoble. Ce soir, les appellations beaujolais et beaujolais-villages ont perdu leur patron. Ce soir, plus que jamais, la viticulture beaujolaise ressemble furieusement à une armée mexicaine.
Julien VERCHERE
Plus d'informations dans l'édition papier à paraître jeudi.