Thibault Liger-Belair sera jugé mardi 19?mai par le tribunal correctionnel de Villefranche pour "refus d'effectuer les mesures de protection des végétaux contre les organismes nuisibles", des faits datés de juin à novembre 2013. Grand nom de la viticulture bourguignonne, le vigneron bio a refusé de procéder aux traitements obligatoires pour lutter contre la flavescence dorée, maladie et fléau pour la vigne française (voir encadré). Il a été épinglé par les services administratifs de Saône-et-Loire, qui ont transmis les pièces à la justice. Si l'exploitation de Thibault Liger-Belair est basée dans le Rhône, à Chénas, une partie de ses vignes en moulin-à-vent se situent dans le département voisin.
L'infraction commise est passible de six mois d'emprisonnement et 30 000 euros d'amende.
Ce dossier rappelle à l'évidence "l'affaire Emmanuel Giboulot", du nom de ce vigneron bourguignon bio déjà poursuivi pour avoir refusé de traiter ses vignes avec un insecticide. L'homme a fini par gagner sa bataille juridique à l'issue d'un procès en appel, à la fin de l'année 2014. Le cas Giboulot a alimenté la chronique médiatique bien au-delà du monde viticole… jusqu'à un édito publié dans le New York Times. Rien d'étonnant donc à ce que les médias relaient déjà abondamment "l'affaire Liger-Belair", qui concerne cette fois-ci une "signature" majeure issue d'une illustre famille bourguignonne.
Le vignoble vigilant face à la maladie
Si le Beaujolais n'est pas contraint de traiter ses vignes avec la même rigueur que la Bourgogne voisine (Côte-d'Or et Saône-et-Loire), la lutte contre la flavescence dorée s'organise également depuis un an dans le département du Rhône. Un arrêté du 4 mars 2014 rappelait l'existence de deux foyers en Beaujolais. Au nord, la Direction départementale des territoires (DDT) du Rhône listait Fleurie, Jullié, Emeringes, Chénas et Lancié parmi les communes touchées, et Juliénas, Vauxrenard, Chiroubles, Villié-Morgon et Corcelles-en-Beaujolais parmi les communes susceptibles d'être contaminées. Au sud, la DDT citait Lachassagne, Anse et Lucenay au rang des communes touchées, ajoutant Marcy-sur-Anse parmi les communes vulnérables. Des zones tampons ont été tracées autour des parcelles découvertes contaminées en 2013. Dans ces secteurs, une obligation de traitements a aussi été prononcée.
Depuis plusieurs mois, les représentants des instances professionnelles appellent par ailleurs l'ensemble des vignerons du Beaujolais à faire preuve de vigilance en observant régulièrement leurs parcelles. Le débat concernant la flavescence dorée et la façon d'y faire face est sans doute loin d'être terminé.
Julien Verchère
La flavescence dorée, c'est quoi ?
Flavescence dorée. Un nom un peu barbare pour une maladie capable de faire des ravages dans les vignobles. "La flavescence dorée est une maladie de quarantaine particulièrement contagieuse et incurable chez la vigne", explique l'INRA sur son site internet. "Elle se caractérise par un jaunissement des feuilles et un dépérissement du raisin. On la trouve dans la plupart des zones de production viticole du sud de l'Europe, où elle peut occasionner de fortes pertes de récolte et compromettre la pérennité des vignobles", précise l'organisme de recherche agronomique, en pointe en matière de connaissance de la maladie. La flavescence dorée est causée par des bactéries appelées phytoplasmes. Contenues dans la plante, elles sont véhiculées par les cicadelles Scaphoideus titanus, des insectes piqueurs qui vont transmettre la maladie en se nourrissant d'un cep à l'autre. "Aujourd’hui, plus de la moitié de la superficie du vignoble français est en zone de lutte obligatoire", souligne l'INRA. Le Beaujolais n'y échappe pas.