Pris dans un embouteillage, le 26 avril dernier, sur la rocade qui contourne Belleville, un jeune homme âgé de 22 ans avait brusquement, malgré la présence d’une ligne jaune, entrepris d'opérer un demi-tour.
Son véhicule avait été percuté par une moto qui remontait la file de voitures. Mais il avait poursuivi sa manoeuvre et était revenu à pied sur les lieux de l’accident, sans toutefois se faire connaître auprès des deux passagers de la moto, secourus par des témoins.
Prévenu, en état de récidive, de blessures involontaires avec incapacité de moins de 30 jours et de mise en circulation d’un véhicule non muni d’un rétroviseur, l’automobiliste a comparu devant le tribunal judiciaire le 20 octobre.
"Je reconnais mes torts, a-t-il déclaré à la barre. Je suis revenu à pied sur les lieux de l’accident pour comprendre ce qui s’était passé, mais je suis reparti immédiatement puisque les passagers de la moto s’étaient relevés."
"Ce qui nous choque le plus, c'est qu'il ait pris la fuite"
La moto remontait la file à une vitesse d’environ 70 km/h selon les témoins de l’accident. Les deux passagers avaient chuté au sol et terminé leur course dans le fossé.
Victime d’une fracture de plusieurs côtes et d’un traumatisme crânien qui lui ont valu huit jours d’ITT, le conducteur de la moto a fustigé le comportement irresponsable de l’automobiliste : "Ce qui nous choque le plus, c’est qu’il ait pris la fuite. Si l’accident s’était produit en rase campagne, personne ne serait venu à notre secours".
Des propos renchéris par la passagère de l’engin, elle-même grièvement blessée (sept jours d’ITT) : "Je n’admets pas que l’on puisse abandonner les gens comme cela a été le cas. Nous étions incapables de nous relever seuls".
"Vous n’avez pas non plus alerté les gendarmes, a également déploré la présidente du tribunal. Vous avez été identifié deux jours plus tard, sur la base des témoignages. Vous aviez été condamné au mois de septembre 2022, pour la conduite d’un véhicule sous l’emprise de l’alcool, à une amende et à votre participation à un stage de sensibilisation à la sécurité routière et votre permis de conduire avait été suspendu pendant six mois. L’enquête sociale vous concernant a conclu à la nécessité de votre accompagnement".
"La sécurité routière, ce n'est pas son problème"
De son côté, l'avocate de la passagère a rappelé qu'en plus d’une lésion traumatique sur le côté droit, "ma cliente a eu les deux poignets fracturés et plâtrés alors qu’elle est coiffeuse. Elle reste aujourd’hui angoissée lorsqu’elle prend la route, même en tant que passagère. Comme son conjoint, elle a subi une perte de salaire. Tous deux ont subi un important préjudice moral, physique, et matériel".
Le ministère public a souligné la désinvolture du prévenu : "La sécurité routière, ce n’était pas son problème alors qu’il n’avait plus qu’un point sur son permis de conduire. Il n’avait par ailleurs pris aucune nouvelle de ses victimes ni alerté les gendarmes".
Le tribunal a condamné le jeune homme à une peine d’emprisonnement de six mois avec sursis probatoire. L’annulation judiciaire du permis de conduire a été constatée et il lui est interdit de le repasser pendant une période de deux mois. Il lui est fait des obligations de soins, de travail et d’indemnisation du Trésor public et des deux victimes, dont les parties civiles ont été reçues.
Le conducteur de la moto a obtenu 1 500 €, sa passagère 2 000 € pour leur préjudice moral ainsi que 776 € pour les frais de justice. Leurs intérêts civils seront appréciés à l’audience du 5 mars 2024.