"Une petite ville avec de grandes opportunités" : le message s'affiche en anglais au milieu d'une vidéo promotionnelle diffusée dans la salle du caveau au château de Pizay, présentant la ville de Changshu, située à 1 h 30 au nord de Shanghai.
Petite à l'échelle de l'Empire du milieu, puisque qu'elle compte tout de même 1,6 M d'habitants, Changshu a connu un fort développement économique ces dernières années, autour de trois pôles majeurs : les énergies, l'acoustique et l'automobile.
Sa zone économique a attiré plus de 600 entreprises étrangères, parmi lesquelles on peut notamment citer Jaguar Land Rover, qui y a implanté sa première usine en dehors du Royaume-Uni en 2014, Valeo, Siemens, et plus localement Saint-Jean Industries (SJI), arrivé trois années plus tard dans la zone CNZ de Changshu.
"L'ADN de notre société a été très vite mise en place là-bas", soulignait le PDG de SJI Emile Di Serio. C'est pour le rencontrer, lui et d'autres acteurs locaux beaujolais, qu'une délégation chinoise venue de Changshu était présente les 19 et 20 juillet sur le territoire de la Communauté de communes Saône Beaujolais.
Pour les accueillir lors de la première journée à Pizay, plusieurs élus locaux comme Jérémy Thien, venu avec sa triple casquette de maire de Jullié, vice-président de la CCSB et conseiller régional. Il a rappelé la "longue relation" entre la Chine et l'Auvergne-Rhône-Alpes (Aura), évoquant notamment la route de la soie et le passé historique de l'étoffe en région lyonnaise. Des liens qui se poursuivent aujourd'hui, notamment sur le volet économique : 200 entreprises d'Aura sont installées en Chine, tandis qu'une soixantaine de sociétés à capitaux chinois sont implantées sur le territoire.
"La machine chinoise est enclenchée"
Après plusieurs discours d'officiels beaujolais et chinois tels que le président de la CCI du Beaujolais Denis Garnier ou Qindi Zhou, maire et secrétaire du comité municipal Changshu, Emile Di Serio a présenté le parcours de son entreprise en Asie. D'un chiffre d'affaires d'environ 1,2 M€ en 2018, SJI Changshu dépassait les 13,5 M€ en 2022.
"La machine chinoise est enclenchée, a souligné le PDG de Saint-Jean Industries. Notre volonté, c'est vraiment de développer le marché local là-bas et non pas de faire du low cost pour ensuite l'exporter en France".
Le premier client de SJI Changshu, Li Auto, est d'ailleurs chinois, suivi de Volvo, pour qui l'entreprise va prochainement produire des bras de suspensions pour deux modèles de voiture, ce nouveau marché représentant un potentiel de 30 M€ par an.
Des pourparlers avec d'autres marques telles que le fabricant chinois de voitures électriques Byd Han pourraient permettre à SJI une croissance encore plus spectaculaire de son chiffre d'affaires : les projections tablent sur 156 M€ en 2028.
L'usine de l'entreprise va d'ailleurs être agrandie cette année : d'une surface au sol de 26 000 m2, elle en fera bientôt 60 000 m2. "La Chine, comme les États-Unis, sont entrain de décarboner leur pays à vitesse grand V, souligne Emile Di Serio. Ce sont des marchés porteurs, car si l'Europe va mieux depuis la sortie du Covid, elle est toujours à la traine économiquement".
Construire un pont entre la Chine et le Beaujolais
Cette journée au château de Pizay s'est terminée autour d'un utilitaire électrique Muse Motors, qui fabriqué dès l'année prochaine chez Saint Jean Industries France, suivie d'une dégustation dans le caveau du château.
Le jeudi a été quant à lui été plutôt axé autour de la découverte du territoire et de la culture, après une visite de Saint-Jean- Industrie, la délégation a notamment visité l'Hôtel Dieu de Belleville. Un pacte de l'amitié liant la CCSB et Changshu a ensuite été signé, avec l'idée de renforcer les liens économiques, mais aussi culturels, éducatifs ou sportifs entre ces deux territoires qui ont des similitudes.
Emile Di Serio avait fait la veille le parallèle entre Belleville et Changshu, qui, "à des échelles différentes", sont toutes deux située dans des zones rurales mais proches d'une grande ville. "Cette première pierre posée de chaque côté va nous permettre de faire de grandes choses", a professé le PDG de Saint-Jean Industries.