Hausse des températures, moins d'eau dans les rivières, moins de neige en montagne, la grande région sud-est a dévoilé un plan d'adaptation aux effets déjà avérés du changement climatique. C'est le comité de bassin Rhône-Méditerranée (régions Rhône-Alpes, PACA, Languedoc-Roussillon, Bourgogne et Franche-Comté), sorte de "parlement de l'eau" qui a élaboré ce document signé par les cinq présidents de région, étayé par d'incontestables conclusions scientifiques. "Lyon a aujourd'hui le climat d'Avignon il y a trente ans. La question, ce n'est pas la réalité mais la vitesse du changement à l'œuvre", souligne Jean-François Carenco, préfet du Rhône et de la région Rhône-Alpes. "Nous avons voulu territorialiser la vulnérabilité selon le type d'enjeux. Et pour chaque enjeu, nous avons élaboré une batterie de recommandations", explique le préfet Carenco, relayé par Michel Dantin, président du comité de bassin Rhône-Méditerranée. "Nous appartenons au bassin français le plus concerné en France. Nous nous sommes penchés sur quatre aspects : le niveau des eaux, la biodiversité, les stocks hydriques des sols et l'enneigement. Nous devons tenir compte de ces paramètres dans les politiques publiques, c'est à la fois un enjeu de vie et d'économie", veut persuader l'élu. "Les cartes montrent que tous les territoires sont vulnérables, mais de façon inégale", ajoute-t-il (lire ci-dessous). Martin Guespereau, directeur général de l'Agence de l'eau, va dans le même sens. "La convoitise pour l'eau est à prévoir et s'organise", assure-t-il, listant quelques grandes mesures à prendre. "Grâce à ce plan, on va pouvoir désimperméabiliser certains sols en ville pour laisser les nappes se recharger. Le plan veut créer 1,5 m2 de zone d'infiltration d'eau à chaque mètre carré imperméabilisé en zone urbaine. Le bénéfice, ce sera des crues moins violentes et des nappes plus pleines, ou encore un moyen de limiter la chaleur en centre-ville", détaille M. Guespereau. Un grand plan de chasse aux gaspillages d'eau est également lancé, via une réduction des fuites d'eau dans les réseaux (un vrai fléau) ou le fait de rendre l'agriculture moins dépendante en eau (nouvelles espèces, changements des techniques d'irrigation). Pour préserver la biodiversité, le plan préconise notamment de restaurer les champs d'expansion de crues et de préserver les véritables éponges constituées par les zones humides. Un court film d'animation accessible sur www.eaurmc.fr/climat résume l'ensemble des enjeux. Le préfet Carenco caresse désormais l'espoir que ce plan puisse être intégré au futur SDAGE, le Schéma directeur d'aménagement et de gestion des eaux. Ce qui permettrait à terme de prendre en compte le réchauffement climatique dans les documents d'urbanisme. Alors que la France accueillera fin 2015 à Paris la prochaine conférence internationale sur le climat, ce serait une nouvelle étape dans l'adaptation face à un phénomène inexorable.
Julien Verchère