Ils sont jeunes, 28 et 19 ans, et sont manifestement dépassés par la tournure des événements qui les ont amenés, ce mardi 4 avril, dans le box des prévenus du tribunal correctionnel caladois où leurs propos décousus sont traduits en français.
Leurs familles sont présentes dans la salle, la mère de l’un venue de Prague, le père de Palma de Majorque, la fiancée de l’autre venue de Prague elle aussi. Les deux jeunes gens sont prévenus d’avoir le 30 mars, transporté, détenu et importé sans autorisation des stupéfiants et d’être en possession de la somme de 59 250 € non déclarés et dont ils ne peuvent pas justifier de l’origine.
En possession de la panoplie typique du trafiquant
Grâce à leur chien d’arrêt, les douaniers avaient découvert à bord de leur véhicule 300 gr d’éphédrine, 795 gr d’amphétamines et des sachets enveloppés de cellophane contenant des billets de banque d’une valeur totale de 59 250 €.
Les amphétamines et l’argent étaient dissimulés dans diverses caches spécialement aménagées. Deux trackers et deux téléphones portables comportant une application GPS complétaient cette panoplie typique du trafiquant. Sauf que les deux prévenus ont prétendu qu’ils ignoraient tout – à l'exception de l’éphédrine achetée en ligne - de cette cargaison du véhicule qui leur avait été prêté afin d’effectuer un voyage en Espagne.
Les services des douanes ont longuement rappelé les dispositions du code douanier et du code monétaire et financier à l’appui de leurs demandes : amende solidaire de 29 875 €, confiscation des 59 250 € transportés en fraude, des stupéfiants et du véhicule. Le ministère public a requis de la même manière en y ajoutant une peine d’emprisonnement de dix mois ferme, assortie d’un maintien en détention et d’une interdiction d’entrer en France.
"Je n’ai jamais vu la famille d’un vrai trafiquant venir de l’étranger assister à son procès"
Les avocats des prévenus ont joint leurs efforts pour fustiger une enquête à charge selon eux, dans laquelle on a voulu aller trop vite : pas d’exploitation du contenu du téléphone, pas d’audition du propriétaire du véhicule, dont les nom et adresse figurent pourtant sur les documents parfaitement réguliers du véhicule, pas d’analyse des empreintes laissées sur les sachets de billets de banque.
"Et puis, il s’agit de résidents européens qui n’ont pas de casier judiciaire en France. Enfin, je n’ai jamais vu la famille d’un vrai trafiquant venir de l’étranger assister à son procès", a asséné l’un des défenseurs. Le tribunal est resté insensible aux supplications des deux Ukrainiens qui imploraient qu’on les laisse repartir. Ils ont été condamnés chacun à huit mois d’emprisonnement ferme et sont maintenus en détention. Ils devront s’acquitter solidairement d’une amende douanière de 29 580 €. Les scellés ont été confisqués. L’interdiction leur est faite d’entrer sur le territoire français pendant une période de cinq années.