"Quand il boit, c'est une autre personne". À la barre, la plaignante et épouse du prévenu n'a pas voulu accabler son compagnon, mardi 22 août. Ce dernier se dressait dans le box des prévenus, la diction laborieuse entrecoupée de sanglots trahissant remords et honte vis-à-vis des actes qui l'ont mené au tribunal de Villefranche.
Les faits en question remontent au 19 août, jour où, à Villefranche, son épouse a déposé plainte pour des violences de sa part. Il était rentré du travail tard, alcoolisé, et avait tenté vers 1 h 30, alors qu'elle dormait, de lui prendre son téléphone pour des raisons floues. Face à son refus, il a commencé à mettre des coups de pied et de poing dans les murs avant de lui attraper et tordre les poignets, lui mettre la main sur le visage et la menacer, hurlant jusqu'à 4 h 30 du matin.
Il s'est remis à boire vers 6 h et elle en a profité pour sortir en cachette afin de se rendre au commissariat. Le certificat médical qui a découlé de cette nuit de violences a débouché sur sept jours d'interruption temporaire de travail pour divers œdèmes, un hématome au bras gauche, des douleurs aux deux poignets, de la fatigue, du stress et une détresse psychologique.
Mais les frasques du mari violent ne se sont pas arrêtées là puisqu'en garde à vue, il s'est fait réprimander pour avoir voulu fumer un joint dans le commissariat. Mis au sol et maîtrisé, il a insulté les forces de l'ordre qui l'ont menotté. Et alors qu'il devait être intégré dans sa cellule, il a coincé la main d'une policière entre la porte et le mur. Cette dernière a également porté plainte.
"Elle marque très vite"
Questionné sur les faits, le prévenu a reconnu son problème avec l'alcool qu'il traîne depuis qu'il a 15 ans. Il avait consommé l'équivalent d'une demi-bouteille de vodka ainsi que plusieurs verres en ville avant de rentrer. "J'ai été sûrement violent avec elle, a-t-il reconnu. Avec l'alcool, je ne me rends pas compte de ma force."
Il a tout de même minimisé en expliquant que les blessures visibles sur sa conjointe étaient dues à son épiderme. "Elle marque vite", a-t-il déclaré, provoquant quelques pincements de lèvres dans la salle d'audience.
Mais surtout, son témoignage a fait ressortir le quotidien d'un couple "toxique", entre séparations multiples et prises de tête récurrentes et ce malgré la présence d'un enfant de 2 ans et demi. "On s'entretue, on est un couple destructeur", a-t-il déploré dans un sanglot, admettant vouloir se séparer définitivement.
Il souhaite également se soigner pour son alcoolisme. Concernant les faits dans le commissariat, il a justifié sa réaction par de "l'angoisse" et l'alcool.
Appelée à s'exprimer, l'épouse a insisté sur le caractère presque schizophrène de son mari lorsqu'il consomme. "Sans alcool, c'est un bon papa et un homme qui a toujours travaillé, il est gentil", a-t-elle affirmé. Il compte néanmoins six mentions dans son casier judiciaire pour diverses violences, outrages et rébellion. Son profil psychologique démontre un homme changé depuis des deuils successifs et une atteinte sexuelle dans son enfance par un cousin par alliance.
L'avocate de la plaignante a mis l'accent sur l'impact psychologique de la violence et a réclamé une interdiction de contact entre les deux. La procureure, Laetitia Francart, a émis des doutes sur la capacité de rédemption et de sevrage du prévenu, requérant huit mois de prison dont quatre avec sursis. Alors qu'une qualification en violences habituelles était à l'ordre du jour, l'avocate du prévenu l'a rejetée, au motif qu'il n'y avait pas suffisamment d'éléments en ce sens.
L'individu a été condamné à huit mois de prison dont cinq avec sursis, interdiction de paraitre au domicile de la victime et interdiction d'entrer en contact avec. Sa peine a été aménagée sous le régime de la semi-liberté.