"Tu te gèles en hiver ? Il fait 40 degrés dans ta classe en été ? L'internat la cantine ou le gymnase tombent en ruine ? […] fais-le savoir […] Ton avis compte !". Tel est le contenu du flyer que les lycéens et personnels du lycée Claude Bernard se sont vu distribuer le 25 mai en fin de matinée.
Le document est muni d'un QR code qui une fois flashé renvoie vers un court questionnaire en douze étapes. Une fois leur profil renseigné (étudiant, enseignant, parent d'élève, etc.) ainsi que le département et l'établissement concernés, les répondants notent l'état des infrastructures de leur lycée sur dix puis se voient poser la question suivante : "Quels sont les endroits qui vous semblent problématiques/dans un état critique dans votre lycée ?" accompagnés de multiples choix, y compris la case "aucun problème dans mon lycée". Le questionnaire permet de joindre des photos illustrant les problèmes cités.
Devant les portes de l'établissement caladois, la distribution été assurée par Maxime Meyer et Cécile Michel, conseillers régionaux écologistes de l'Ain et du Rhône, accompagnés de deux militants. Au même moment, des actions similaires étaient menées devant 21 lycées dans dix départements de la Région. "On n'est pas là pour embêter la majorité, mais pour servir l'intérêt public", appuie Maxime Meyer.
Un rapport tiré de l'enquête sera remis à Laurent Wauquiez
Cette mission d'information et d'évaluation citoyenne de l'état des établissements en Auvergne-Rhône-Alpes (Aura) a été lancée pour "faire la lumière" sur leur situation.
En effet, suite au "plan Marshall" à 1, 5 mds d'euros des lycées lancé par Laurent Wauquiez sous sa précédente mandature, les élus d'opposition ont voulu savoir si les objectifs du dit plan avaient été tenus. "Nous avions demandé une mission d'information et d'enquête (MIE) sur le sujet, qui a été bloquée par le président de région en décembre 2022, ce qui est inédit, souligne Maxime Meyer. On cherche à obtenir le bilan de ce plan Marshall".
Outre ce manque de transparence, le fait que l'exécutif régional affirme qu'à la suite de ce plan, "plus aucun des 600 lycée d'Aura n'est en mauvais ou très mauvais état", fait aussi grincer les dents de l'opposition. "On a déjà eu 2 600 réponses depuis le début de l'enquête : certains établissements ont eu des notes de 1, 4 ou 5 sur 10", note l'élu qui cite notamment l'exemple du lycée du Bugey à Belley dans l'Ain, qu'il a pu visiter la veille. "C'est une catastrophe, il y a du salpêtre sur les murs, des trous, de l'amiante…".
Le son de cloche est quelque peu différent pour les élèves scolarisés à Claude Bernard : Camille Carré, en dernière année de bac pro esthétique, explique que l'établissement est"hyper propre" et que "tout a été refait à neuf" durant sa scolarité.
Même discours d'une autre élève en bac pro vente, qui pointe du doigt le bâtiment neuf situé à l'entrée de l'établissement. "Certains élèves nous ont tout de même signalé que l'internat étaient en mauvais état ; on nous a aussi dit que le lycée pro était tout neuf mais que le lycée général est très vieillissant".
L'objectif de l'opposition est de recueillir l'avis d'au moins 1 % des lycéens de la région. L'enquête se clôturera fin juin : un rapport en découlant sera remis à Laurent Wauquiez à la rentrée scolaire.
L'exécutif régional ne semble pas voir cette enquête d'un très bon œil : un courrier a ainsi été envoyé aux proviseurs des lycées d'Aura début avril, leur rappelant qu'ils ne sont pas autorisés à y répondre durant leur temps de travail et qu'ils doivent le faire" dans le cadre du respect du devoir de réserve auquel tout agent public est tenu".