"Ils n'ont plus d'eau ? Qu'ils boivent du pétrole !". Le slogan orne les affiches et pancartes de la quinzaine de militants du groupe ANV-Cop 21 Villefranche Beaujolais Saône rassemblés dans la soirée du 1er septembre.
Comme dans une cinquantaine d'autres villes françaises telles que Lyon ou Besançon, une action de collage prend place pour dénoncer le rôle de Total dans la crise climatique actuelle et notamment la sécheresse qui frappe le pays.
Cette action de désobéissance civile à l'échelle nationale est portée par ANV-Cop 21, Les Amis de la terre, Extinction Rébellion et Green Peace. Après un cour briefing sur un parking, les militants se répartissent en plusieurs équipes qui partent chacune accomplir leur mission.
Objectif : les trois stations Total Energies de la ville, mais aussi des abribus et des panneaux d'affichage. "Les activités pétrolifères de Total sont un véritable carnage, souligne Anne-Sophie Trujillo, militante et porte parole ANV-Cop 21. L'entreprise continue de faire du profit sur les énergies fossiles alors qu'elles sont responsables du dérèglement climatique et de la sécheresse que nous subissons : actuellement en France, 72 % des nappes phréatiques sont en dessous des normales de saison".
Dans le viseur des militants notamment, le projet pétrolier Eacop, un oléoduc géant entre la Tanzanie et l'Ouganda actuellement en cours de construction. ANV Cop 21 appelle le gouvernement français à mettre l'industrie pétrolière "face à ses responsabilités [...] en taxant les superprofits par exemple, en cessant toute aide publique et en leur interdisant tout nouveau projet d'extraction d'énergies fossiles".
Déclencher des prises de consciences
Un petit groupe prend la direction de la station Total située le long de l'avenue Edouard Herriot, non loin du rond-point des conscrits. Sous le regard parfois indifférent, parfois interloqué des automobilistes venus faire leur plein, ils placardent leurs affiches dans la station.
Pour certains, cette soirée marque leur première action de désobéissance civile, à l'image d'un militant aux cheveux gris qui a découvert ANV Cop 21 lors d'un forum des associations. "Personnellement je ne subirai pas tous les effets du dérèglement climatique, mais j'ai deux petites filles et je voudrais qu'elles grandissent dans un monde vivable ; c'est déjà mal parti", souffle-t-il.
D'autres sont déjà chevronnés en matière d'actions non-violentes de ce type, à l'image d'une jeune lycéenne caladoise qui explique, tandis qu'elle procède au collage d'affiches dans un abribus à proximité de l'Hôtel de ville, avoir déjà pris part à une action contre Amazon ainsi qu'au traçage de la piste cyclable éphémère rue Philippe Héron l'automne dernier.
"Ce sont des actions qui retentissent, on le fait dans un but de visibilité, pour faire prendre conscience au plus de personnes possibles que la situation est grave". Elle et ses camarades croiseront un véhicule de police pendant cette session collage.
Anne-Sophie Trujillo parlera longuement avec les forces de l'ordre, expliquant leur démarche militante : une main courante sera dressée par la policière avant que le véhicule ne s'éloigne. La soirée collage s'achève au Total de la rue d'Anse.
Attendant patiemment que l'employé de la station quitte son poste "pour ne pas lui pourrir sa soirée", les militants terminent de placarder ce qui leur reste d'affiches à l'aide d'une colle faite de farine et d'eau. Leur encre est elle aussi composée de produits non-nuisibles pour l'environnement.
Cette dernière action durera une dizaine de minutes : au total, plus de 70 affiches ont été collées entre 20 h et 21 h 30. "On fait cela comme des milliers d'autres personnes le font, pour que les pouvoirs publics agissent, souligne un militant. La non-violence est essentielle dans ce type d'actions".