Député de la 9e circonscription du Rhône, Alexandre Portier était présent, jeudi 7 septembre dernier au château de Corcelles, lors de la visite de la préfète du département, Fabienne Buccio. Une occasion pour le parlementaire de porter auprès de la représentante de l'État les problématiques du vignoble beaujolais. Parmi celles-ci, la question du foncier, dont il espère faire bouger les blocages réglementaires qui limitent les installations de jeunes viticulteurs.
Quels messages avez-vous voulu faire passer à la préfète Fabienne Buccio ?
Il y a trois grandes thématiques qui me tenaient à cœur. Celle de la transition écologique et avec des années chaudes comme celle-ci, le sujet était incontournable. Il y a eu la question de la commercialisation et de l'export du beaujolais. C'est un vin qui se vend à l'étranger et c'est une force. On a une inquiétude sur des mesures aujourd'hui mises en place notamment aux États-Unis et au Royaume-Uni. Le troisième sujet sur lequel j'ai beaucoup insisté parce que c'est un combat personne, c'est celui de l'installation des jeunes et pour le faire, il faut avoir du foncier, de l'habitation, des bâtiments techniques qu'ils puissent utiliser pour produire le vin. Et malheureusement, aujourd'hui, les règles d'urbanisme ne permettent pas d'installer les jeunes comme on voudrait.
Quelles sont les pistes pour faire bouger les lignes ?
Le Beaujolais est un territoire qui, malheureusement, fait face à une inflation des prix de l'immobilier extrêmement importante depuis le Covid. On a pris 20 %. Et c'est très difficile pour des jeunes dans la viticulture en particulier de s'installer si on n'a pas une action très forte avec l'État, les élus et les collectivités. Il y a un vrai danger à 20 ans de perdre finalement notre force, notre atout et notre identité qu'est la filière viticole. Aujourd'hui on est combatif là-dessus. On a eu une très forte action ces derniers mois avec notre sous-préfet. Avec Nathalie Serre on s'est engagé à l'Assemblée national sur des évolutions du droit en matière d'urbanisme. On va revenir dans les prochaines semaines et mois avec des propositions de loi pour faire évoluer ça.
Comment cela peut-il se matérialiser ?
L'idée est de faire évoluer la législation en matière d'urbanisme et notamment de faire reconnaître l'exception agricole et viticole. La loi sur le zéro artificialisation nette, par exemple, a été trop loin dans la protection des espaces naturels avec comme paradoxe terrible qu'elle empêche ceux qui travaillent la terre d'habiter là où ils exercent. C'est une absurdité. Un viticulteur doit être sur le lieu où produit pour pouvoir vendre. L'un des enjeux, ça reste le développement de la vente directe du beaujolais. Et ne pas pouvoir installer nos jeunes viticulteurs, c'est les couper d'une possibilité de rentrée financière. Il faut pouvoir sortir le bâti viticole et agricole du calcul des surfaces transformées tout en ayant un contrôle là-dessus. Mais si on garde une règle absolument stricte qui traite tous les territoires de la même façon, on va dans une impasse et dans un mur. La bonne règle, c'est celle qui est adaptée au territoire où on a des besoins. On ne peut pas appliquer la même règle à Paris, à Lyon et en plein cœur du Beaujolais.
Et quelle est la spécificité du Beaujolais ?
C'est le seul domaine viticole en France qui est si proche d'une métropole très dynamique, avec un étalement urbain de plus en plus fort et une pression foncière qu'on ne retrouve nulle part ailleurs. C'est pour cela qu'il faut une loi qui s'adapte avec souplesse et l'apprécier en fonction des contraintes qu'on a sur le terrain. Parce que sans ça, la loi serait mortifère.