Des destins opposés. Il y a toujours une sorte d'étonnement à relire les trajectoires de deux équipes qui, à la fin du dernier été, n'avaient pas vraiment les mêmes horizons, ni les mêmes fragilités. On rembobine. 7 septembre 2022, Martigues, bien calé au 7ème rang, vient tout juste de grimper en National, après avoir coiffé le voisin du Goal FC au printemps sur le poteau, et posé ses ambitions ce jour-là en Calade, avec la volonté de vite s'acclimater à ce championnat qui offre à tout le monde une chance de s'en tirer, par le haut souvent quand on a des convictions. Ce soir-là, Villefranche, 11ème, se cherche une manière d'avancer, le plus loin possible de la zone des six relégables. Le match est une dinguerie peu commune et se termine à neuf contre neuf, après un scénario peu favorable aux Caladois qui auront perdu leur jeune milieu Da Silva et le gardien Bouet, ajoutons à cela l'exclusion du coach Della Maggiore. Un arbitre qui perd les pédales d'un match qui aurait pu se dérouler autrement, cela avait donné, à la fin, une sorte de déclaration commune des deux entraineurs – Grégory Poirier à Martigues notamment – pour souligner les exagérations du moment et la nécessité de vite tourner la page.
Depuis, incontestablement, ce sont les Martégaux qui l'ont bien mieux tournée, ce qui reste un exploit pour un promu aux principes de jeu bien affirmés. Car, les Provençaux, six mois après leur voyage dans le Beaujolais, se sont rapidement adaptés au National au point d'être en position de reprendre les commandes, sans que cela ne surprenne grand monde, autour d'eux. Ils ont, une manière de défendre qui n'est jamais faite à moitié, une propension à remporter leurs duels, dans les zones clés, un milieu qui charbonne et une attaque portée par un buteur à 5 réalisations, Romain Montiel, en passe d'archiver ses deux dernières saisons mitigées à Bourg. Bref, le collectif du jeune coach Poirier (40 ans), suscite bien plus de craintes désormais que de surprises, un peu à la façon des Caladois lors des deux dernières saisons : cette tendance à jouer libéré, avec des certitudes dans toutes les lignes.
Des vertus collectives
Dans un championnat à deux vitesses, Martigues est ainsi allé faire match nul au Stade Briochin, un mal classé, lors de la dernière journée (0-0). Sur le banc breton, le lyonnais Karim Mokeddem avait dressé, ce soir-là, le portrait-robot d'une équipe à l'équilibre assumée, presque partout : "Ils ont une force collective intéressante, avait souligné Mokeddem, ajoutant ceci sur l'état d'esprit des Provençaux : "C'est une vraie équipe avec des joueurs qui se dépouillent les uns pour les autres". Une âme collective, de l'expérience (Kadir, Toussaint, Montiel) et du talent (Fdaouch, Hemia), de la vitesse avec Zouaoui ou Diakhaby, Martigues mérite d'être au coude-à-coude avec l'autre promu, Versailles, pour la montée en Ligue 2.
Avec cette idée en tête, la marge de trois points, peut être comblée ce lundi soir, dans ce stade Turcan qui reste un enfer pour les visiteurs. Que peut donc tirer le FCVB de cette enclave imprenable ? En retrouvant une partie de ses vertus collectives, les Caladois ont les moyens de bousculer Martigues, surtout avec le retour du régional de l'étape, le milieu marseillais Rémi Sergio qui a tant manqué dans l'utilisation du ballon face à Avranches (1-1). Et puis, ils ne sont jamais aussi dangereux que lorsque personne ne mise sur eux. En gagnant à Martigues, Villefranche pourrait, à nouveau, quitter les eaux dangereuses de la relégation, à l'orée d'une semaine importante puisqu'il faudra ensuite enchaîner par la réception du Puy (15e), ce vendredi. D'où le poids du voyage périlleux à Martigues, ce lundi soir…
Ralph NEPLAZ
Correspondant local de presse.