L'un des hommes forts de la première montée du Goal FC en National. Rarement, on l'aura vu être pris en défaut par ses adversaires en N2, cette saison, et l'an passé. Julien Kouadio, scruté par d'autres écuries du National, a finalement opté pour le plus court trajet qui pouvait exister, en passant de Chasselay à Villefranche. Le début d'un vaste chantier en Calade où l'on va devoir charbonner dur pour refaire toute une défense, sous la coupole du nouveau coach, Romain Revelli. Et avoir réussi à convaincre, celui que beaucoup de techniciens de N2, considéraient comme l'un des meilleurs défenseurs du championnat – il a été aussi capable de dépanner dans le couloir gauche ou plus axial dans une défense à trois – est un sacré coup pour le FCVB en ce début d'un mercato estival à mille inconnues.
Comment s'est passée la fin de votre aventure au Goal FC, début juin ?
"Je dirais qu'elle a été mitigée. Il y a eu la montée en National, j'étais content, dans l'euphorie de tout ce que nous avons vécu ensemble. Dans ces moments-là, tu es sur un nuage. Tu ne réalises pas vraiment ce que vient de t'arriver. Tu te demandes ce qui s'est vraiment passé. C'est un premier titre. Je l'attendais depuis de nombreuses années. Alors, au bout, il y a, à la fois de la tristesse parce que j'avais décidé de quitter le club, et la sensation d'avoir vécu une si belle histoire avec un groupe de bons mecs. Alors, partir après ça, j'ai l'impression de l'avoir fait la tête haute. La mission a été remplie avec le Goal FC. Je suis pars sans regrets."
Il pourrait y avoir le regret de laisser une belle bande de potes, malgré tout. En plus de votre départ, il y a aussi eu ceux du latéral gauche Senzemba et de Touil, le défenseur central. Se quitter après une seule saison passée ensemble, cela a -t-il un goût particulier pour vous ?
"On est tous un peu déçu. On peut se dire que ce sont des collègues de travail mais c'est plus que ça ! Avec le temps, on avait créée des affinités, des liens. On allait tous manger ensemble, souvent. Alors savoir que l'un de tes coéquipiers ne poursuivra pas l'aventure, ça rend forcément triste. Mais ça fait partie du football. Dans la vie, il faut savoir faire des choix. Et parfois, ces décisions font mal. Il faut savoir rebondir, après ça."
Et savoir dire au revoir aussi… C'est aussi ça qui fait mal quand on a vécu que des bons moments dans un club ?
"C'est un peu ça. Mais on a le sentiment d'avoir tout donné. Dans ce groupe, au Goal FC, il n'y avait aucun tricheur. Alors quand certains s'en vont, même si ça fait mal, on ne leur souhaite que le meilleur."
"Au Goal FC, J'ai découvert un environnement fantastique. Tout l'engouement qu'il y a eu autour de cette équipe était incroyable, les deux dernières saisons"
Il restera quoi de ces deux saisons vécues au Goal FC ?
"Je ne retiendrai que le bon. C'est le club où j'ai vraiment été à mon aise. J'ai découvert un environnement fantastique. Tout l'engouement qu'il y a eu autour de cette équipe était incroyable, les deux dernières saisons. L'an passé, même si nous ne sommes pas montés, je garderai de ce groupe que des bons souvenirs, avec un bon staff et un super coach (Jamal Alioui). Si nous sommes montés cette saison, c'est la concrétisation du boulot aussi de la saison dernière où nous avions flanché sur la fin. Je ne garde que du positif de Chasselay. J'y ai passé deux très belles saisons, vraiment."
Vous voyez un trait d'union ou un prolongement entre le travail accompli par Jamal Alioui l'an passé et celui du coach Fabien Pujo, cette saison ?
"Même si beaucoup de joueurs avaient quitté le Goal FC, le staff était pratiquement le même. On avait gardé une bonne base avec le gardien Antoine Philippon, Socka, Le Maitre, Mambu et moi. On avait des repères. Cela nous a permis de maintenir une certaine continuité entre les deux saisons. C'est aussi avec ce vécu que nous avons pu monter en National cette saison."
On vous attendait, depuis votre éclosion à Moulins-Yzeure, en National. Jouer à cette échelle aurait pu se faire, aussi avec le Goal FC, la saison prochaine. Pourquoi le choix de Villefranche a été le plus fort ?
"Pour être honnête, il y avait aussi la possibilité de rejoindre Le Mans mais leur intérêt n'était pas aussi prononcé que ceux de Goal FC et Villefranche. J'ai longuement discuté avec ces deux clubs, avec mon agent, mon entourage. J'ai échangé au sein de ma famille, notamment avec mon oncle qui a aussi été joueur. C'est une décision qui n'a pas été simple à prendre. Il y avait, des deux côtés du pour et du contre. Finalement, je me suis décidé à tenter une nouvelle aventure avec Villefranche, un club qui a quand même fait deux barrages d'accession à la Ligue 2 et qui vient de finir 6ème du National même si leur saison a été difficile au bout d'un championnat relevé à six descentes. Je me suis dit pourquoi pas ?"
"Retrouver le Goal FC en National ? Ça fera un bon derby à jouer. Un match que tout le monde voudra aller voir. Que ce soit à Armand-Chouffet ou à Chasselay"
Le discours du nouveau coach du FCVB, Romain Revelli, portait sur quelle dimension du jeu pour vous convaincre ?
"Il veut des joueurs qui lui ressemblent. Mon profil collait à ses attentes. Il veut quelqu'un qui, d'abord, sait bien défendre et cela m'allait parfaitement."
Dès son premier discours, il a souligné la volonté d'avoir un jeu plus direct, avec peut-être moins de possession comme cela avait été le cas jusqu'ici à Villefranche ou au Goal FC pour vous. Ce football-là vous parle ?
"Ce football-là, je l'ai connu à Moulins (2018-2021), une équipe qui n'était pas dans la possession comme pouvait le faire le Goal FC. C'est une façon de jouer que je connais assez bien. C'est à Chasselay que j'ai dû apprendre à opérer dans une équipe qui avait autant le ballon pendant un match. Les expériences vécues à Moulins et à Chasselay vont me servir pour m'adapter à ces deux types de jeu, à cette volonté de faire de bons déplacements par rapport à mes coéquipiers."
Pour l'instant, le futur effectif du FCVB est en reconstruction. Un peu dans les mêmes proportions que celui du Goal FC, la saison dernière. Avez-vous eu des garanties sur la compétitivité du prochain groupe du coach Romain Revelli ?
"Par Rapport au recrutement en cours, au FC Villefranche, je connaissais le directeur sportif qui était au Goal FC (Edouard Chabas). Avec l'aide des dirigeants, il avait réussi à ramener des joueurs de qualité. J'ai toujours été séduit par sa capacité à créer des bons groupes. L'an passé, au Goal FC, c'était 17 nouveaux joueurs et la magie arrive toujours à prendre. Il maîtrise le fait de constituer des effectifs compétitifs. Il ne trouve pas que des bons joueurs mais aussi des bons mecs. La vie de groupe prend très vite. Ce n'est pas tout le monde qui arrive à créer ça. Je n'allais pas lui demander quels joueurs signeraient à Villefranche mais je sais qu'ils seront compétitifs. Là-dessus, je n'ai pas beaucoup de doutes."
La perspective de retrouver le Goal FC en National, ça vous fera un pincement au cœur ou ça viendra comme ça viendra ?
"Franchement, ça viendra comme ça viendra. Mais je porte ce club dans mon cœur. J'ai un attachement particulier à ce club. Je ne sais pas comment ça peut s'expliquer, d'ailleurs. Dans mon entourage, ils sont surpris de l'intérêt que je peux accorder à ce club ! Alors, je suis vraiment heureux de les avoir laissés en National. Ça fera un bon derby à jouer. Un match que tout le monde voudra aller voir. Que ce soit à Armand-Chouffet ou à Chasselay."
"Je suis impatient de reprendre avec Villefranche"
Vous avez quitté le Goal FC sur une drôle de dernière note le jour du match de la montée remportée face au Stade Bordelais (3-1) : vous avez ouvert le score (9ème) avant de sortir sur blessure (contusion au ménisque) un peu avant la mi-temps. Cela aurait pu mal se finir…
"Sur le coup, au moment de ma blessure, je ne pouvais plus continuer. Je ressentais une gêne à chaque changement de direction. Ça me faisait chier de laisser les coéquipiers, de sortir comme ça. J'estimais avoir bien travaillé toute la saison, à l'entraînement, en dehors. J'ai beaucoup donné de ma personne pour y arriver. Je trouvais que cette fin-là, sur cette blessure, à ce moment d'un dernier rendez-vous si important où je venais de marquer, où j'avais la sensation que tout était réunis pour sortir un gros match, était vraiment dur à vivre. Heureusement, les autres joueurs, mes coéquipiers, ont fait le taf ! Ce petit goût amer, je l'avais encore après le match. Mais la joie, ensuite, a triomphé ! On est montés. C'est historique pour le club. Personne ne pourra nous l'enlever."
Vous trépignez d'impatience, à l'idée de reprendre avec le FCVB, le2 Juillet prochain ?
"Je suis impatient de reprendre. On a fini le championnat plus tard qu'eux déjà. Puis, nous avons eu nos entretiens. Ça fait presque deux semaines de moins de coupure. En vacances, j'ai pu un peu souffler tout en m'entretenant. Là, je continue le boulot, pour arriver dans un bon état physique à la reprise avec Villefranche, au moment d'une nouvelle préparation."
Propos recueillis par Ralph NEPLAZ
Correspondant local de presse.