C'est peut-être le défenseur au flow le plus maîtrisé sur un terrain au Goal FC, dans un couloir droit ou parfois même dans l'axe où il a régné en N2 comme Dinos le ferait sur scène mic en main, explication du pourquoi les gamins du club l'apprécient autant. Julien Kouadio, ancien d'Yzeure, pour sa seconde saison dans le Rhône, a répondu à toutes les attentes : défenseur rigoureux et contre-attaquant tranchant, il a été un des éléments forts du Goal FC dans la course à la montée. Sa performance aux Herbiers (1-3) a été une masterclass de plus dans une saison qui n'en n'aura pas manquées ! Un défenseur qui attend la finale de samedi contre le Stade Bordelais comme on attend la dernière épreuve d'une saison palpitante, sereinement et avec un appétit toujours aussi grand. La fin approche. La faim, elle, est bien là. Encore.
On imagine que vous avez hâte d'être à samedi pour jouer ce match de la montée en National contre le Stade Bordelais, chez vous…
"Bien-sûr ! Qui ne le serait pas ?"
C'est le genre de match que l'on attend toute une saison ?
"On sait ce que l'on doit faire. Pour tout footballeur, je ne peux que lui souhaiter de vivre de tels moments."
A quel moment vous vous êtes dit que vous étiez encore "dans le game" comme l'a si souvent répété votre coach Fabien Pujo cette saison ?
"Dès le premier jour de la saison, le coach a toujours dit ça ! On dirait qu'il avait préparé un plan pour que l'on soit à un point derrière Les Herbiers avant d'aller les affronter. C'est ce qui s'est passé. On a toujours été dans le game ou pas trop loin, même si certains n'y croyaient plus dans la saison. Nous avons toujours été impliqué par ce challenge. Dès qu'une équipe faisait un faux-pas, on croyait de plus en plus en nous."
"Depuis le début, le coach (Fabien Pujo) nous dit la même phrase : ("je veux qu'on soit derrière Les Herbiers quand on les affrontera pour jouer la montée chez eux"). Au début on le prenait, un peu, pour un fou mais au final, il avait raison !"
Vous auriez pu prendre votre coach pour un fou quand il disait qu'à la fin vous seriez encore vivants même après la série de trois défaites consécutives concédées en mars contre Andrézieux, Bourges et Romorantin. Vous lui faisiez tant confiance ? Les yeux fermés, vraiment ?
"Mais il avait déjà dit ça au début de la saison, même quand nous étions premiers pendant un bon bout de temps ! Il répétait la même phrase ("je veux qu'on soit derrière Les Herbiers quand on les affrontera pour jouer la montée, chez eux"). Au début on le prenait un peu pour un fou mais au final quand on a commencé à voir comment les événements tournaient en notre faveur, on ne pouvait que constater qu'il avait raison !"
Dans les moments difficiles de votre saison, il y a la frustration vécue contre Bergerac qui était leader à quatre journées de la fin avec un pénalty manqué et ce 0-0 au bout. Vous vous dites quoi à cet instant-là ? Que c'était mort pour la montée ?
"On ne s'est pas dit que c'était mort ! On savait que désormais ce serait difficile de revenir (NDRL : Goal FC avait alors trois points de retard sur Bergerac et un seul sur Les Herbiers) mais on a su faire preuve de solidarité comme après nos trois défaites en mars. Le groupe est resté concerné. On avait su rebondir contre Trélissac (NDRL : succès 5-1, 23ème journée), un match qui nous avait fait beaucoup de bien. Après cette victoire, on y voyait un peu mieux. Le coach nous a rappelés la nécessité de gagner les quatre derniers matches pour monter. Là, on en est à trois. Il en manque plus qu'une…"
Contre Vierzon, vous obtenez un succès sur le gong (1-0, 28ème journée), qui vous maintient dans la course. Sur l'action du but, où vous êtes impliqués, on a écrit que c'était plutôt l'attaquant Guilavogui qui avait marqué… Alors, c'est qui le buteur ce jour-là ?
"En toute honnêteté, c'est le défenseur qui est sur moi au marquage qui dévie le ballon, ce jour-là. Je le prends pour moi ! C'était un match pas si simple à négocier face à adversaire qui n'avait plus rien à jouer et qui ne nous avait pas rendu la tâche facile. Gagner à la fin (85ème), ça montre aussi que dans nos têtes, nous n'avions rien lâché ! Et là encore, on ne lâchera rien ! C'est aussi la force de caractère de ce groupe."
Votre victoire, samedi aux Herbiers (1-3), ça reste l'un de vos meilleurs matches au niveau de la patience, de la gestion des temps forts. De l'extérieur, on a eu l'impression que tout était programmé. De l'intérieur, est-ce aussi la même impression qui domine ?
"On avait mis des choses en place, du moins le coach. On avait comme devoir d'exécuter ce qu'il avait demandé. Et cela a marché."
"Après la victoire aux Herbiers (1-3), on s'est dit qu'on venait de faire quelque-chose de grand mais qu'il fallait maintenant finir le boulot contre le Stade Bordelais !"
Votre coach laisse une grande place aux défenseurs dans la construction du jeu. Vous avez été décisif sur l'action du 1-3 aux Herbiers avec un nouveau CSC d'un défenseur adverse, après avoir traversé la moitié du terrain dans notre couloir droit pour centrer. Vous pensiez aller au bout sur cette action, vraiment ?
"Bien-sûr. Quand je récupère le ballon dans ma moitié de terrain, j'élimine un défenseur et je vois qu'ensuite le défenseur central en face de moi n'est pas dans l'optique de m'accompagner, je pousse le ballon et je vais au bout parce qu'au final je sens qu'il y'aura quelque-chose à jouer…"
Après cette victoire qui a fonctionné comme une demi-finale pour la montée, vous êtes resté mesuré parce que derrière il y a encore un boulot à finir ?
"On s'est dit, après ce match qu'on venait de faire quelque-chose de grand mais qu'il fallait maintenant finir le boulot !"
De votre ultime adversaire, le Stade Bordelais, que craignez-vous ?
"Comme c'est une équipe totalement relâchée (NDRL : ils sont déjà relégués en N3), ils n'ont plus rien à perdre. Quand on a peur de rien, on tente tout ! Et parfois, on peut réaliser des choses dont on ne se croyait pas capables. Il faut vraiment se méfier de cette équipe."
Vous êtes cité parmi les meilleurs latéraux de N2 depuis deux ans. On a été surpris de vous voir rester à Chasselay l'été dernier. Pour quelles raisons avez-vous poursuivi cette aventure ?
"Malgré les sollicitations, je suis resté ici pour deux raisons : d'abord la volonté du coach et ensuite pour les dirigeants. Et puis je connaissais déjà l'environnement du club : les bénévoles, l'encadrement. C'était une routine que l'on n'a pas envie de quitter."
La mésaventure vécue l'an passé avec une large avance au classement à quelques journées de la fin dans la poule sud de N2, a-t-elle été utile cette saison dans votre votre vécu ?
"Elle n'est pas encore totalement oubliée, cette mésaventure. Elle nous a donné une certaine expérience. Ceux qui nous voyaient monter l'an passé ont pu ressentir de la frustration. Pour moi, c'était un apprentissage. Aujourd'hui, on sait comment aborder ce genre de matches. Ce ne sont pas deux parcours comparables. L'an passé on avait beaucoup de points d'avance, là on avait des points en retard. La psychologie est inversée. C'est là où on mesure nos progrès. On est capables d'aller chercher des choses. Le danger, quand tu restes premiers aussi longtemps, c'est de se reposer sur ses lauriers et au final tu peux te faire piéger. C'est ce qui nous était arrivé. On a beaucoup appris de cet échec."
Propos recueillis par Ralph NEPLAZ
Correspondant local de presse.