Le sens des histoires communes. Juin dernier s'étire entre l'attente d'un nouveau présent à bâtir en National, et le souvenir déjà archivé de tout ce qui vient d'être accompli. A Chasselay, le soir de la montée, ce premier samedi d'un mois qui restera dans l'histoire du club, après la victoire ultime sur le Stade Bordelais (3-1), le temps n'est pas encore à songer à demain. Pourtant, comme le dira, quelques semaines plus tard, un des anciens joueurs du club et capitaine, désormais dans le camp caladois après avoir tenté de rebondir à La Duchère, Sofiane Bendaoud, "une montée ne se construit pas du jour au lendemain". Car si le Goal FC de la saison d'avant, avait manqué le sprint de l'accession au printemps 2022, l'année suivante s'est terminée dans le triomphe attendu depuis quelques saisons, le déroulé d'une évolution constamment inscrite sur la pente ascendante, là où Malick Assef a pris son envol.
Il est la parfaite incarnation de ces dernières années du club à courir après un destin plus grand
Si les années Covid n'avaient pas stoppé la montée en puissance du Goal FC en N2, le paysage de la N1 aurait sans doute déjà été visité. Et c'est un peu sur ces chemins-là, ces attentes-là, que la trajectoire de Malick Assef s'est façonnée. L'homme de couloir aux différences insistantes quand le feu de ses jambes s'allume, est la parfaite incarnation de ces dernières années du club à courir après un destin plus grand. Il aura grandi au rythme des changements chasselois depuis son arrivée au stade Giuly en 2019, quand le virage amorcé par l'ancien colosse lyonnais Cris, avait été enclenché. Il sera resté jusqu'à la saison unique du coach Alioui, brillant à mille à l'heure dans une attaque déjà à trois têtes où lui et le duo Lemb-Bennekrouf firent souffrir les défenses d'une poule sud de N2 réputée comme la plus relevée de France. Une saison 2021-22 à dix buts au bout de 24 apparitions et la page qu'il faut ensuite tourner, puisque l'appel des ambitions du sud semblait la plus forte.
Hyères n'a pas été une joie
Ce sera donc à Hyères, pour une première loin de la région lyonnaise, qu'Assef s'exportera, dans ce contexte – le président homme d'affaires Mourad Boudjellal se cherchant une lumière dans le foot après avoir tout sillonné dans le monde du rugby avec Toulon – si particulier, parce que si les moyens financiers n'auront pas manqué, pour la cohésion collective cela fut une tout autre histoire… Bref, dans le Var, Assef disputera ses 24 matches de N2 avec six buts à la clé, sans non plus toucher du doigt son objectif de monter en National. Le retour au bercail, au Goal FC, ressemblera à une évidence, vite assumée, vite enclenchée, cet été. Et ceux qu'il avait quittés en juin 2022, l'ont retrouvé comme si hier n'avait pas existé. Le gardien Antoine Philippon confirme cette impression : "On le sent plus épanoui. La saison à Hyères n'a pas été simple pour lui. Il aurait aimé vivre la saison dernière de la même manière que nous. Les trois ans où il était là, il n'est pas passé loin du truc…"
L'art de chicoter ses opposants directs, balle au pied
Comme une histoire qui n'était donc pas encore fermée, ou du moins dans laquelle il manquait quelques lignes supplémentaires. Philippon encore : "Il est à la fois content de retrouver le club à ce niveau et surtout de découvrir le National. Il est comme beaucoup d'entre-nous, il a l'envie de montrer de quoi on est capable." Voilà donc Malick Assef déjà dans le bain d'un fonctionnement, d'un collectif et d'une perception du jeu, qui ne diffèrent guère de ce qu'il avait connu quand Alioui était ce coach qui n'avait de cesse de lui dire de prendre des risques, de chicoter balle au pied davantage les défenseurs sur sa route, parce qu'il avait ce potentiel à ouvrir des brèches pour tous les attaquants autour de lui. Loïc Dufau qui le découvre, a délivré, assez vite, un tableau complet de ce nouvel excentré, revenu à la maison sans trop cogiter : "Il possède une qualité de centre, une qualité de passes qui vont compter. On voit qu'il adore faire marquer ses coéquipiers. Il fait la différence mais reste très collectif. Un mec au top aussi dans l'état d'esprit". Une mentalité, une personnalité qui rentrent dans un cadre déjà bien défini. Une vie de groupe. Loïc Dufau de préciser : "On sent qu'il aime vraiment ce club. Il est heureux de revenir et ça se voit tous les jours".
Fabien Pujo (coach du Goal FC) : "On dirait qu'il était déjà avec nous l'an dernier."
De la variété en plus. Un profil différent des autres excentrés que sont Mambu, Goncalves, Socka. "C'est un joueur de puissance et d'élimination, une possibilité offensive de plus pour nous dans les couloirs", se réjouit son coach Fabien Pujo qui a lui aussi découvert un type qui ne se prend pas trop la tête. Simple, basique, dans l'effort commun. Fabien Pujo apprécie d'avoir une corde de plus à son arc offensif, à l'entrée d'une saison d'airain : "On dirait qu'il était déjà avec nous l'an dernier. Il nous apporte de la verticalité et de la puissance devant. Et on en aura bien besoin cette saison." Verticalité, puissance, des mots qui définissent assez bien ce National que Malick Assef a longtemps guigné du regard. Demain n'est plus très loin. Et ce sera une première à Orléans. Pour lui comme pour le Goal FC. Le sens des histoires communes.
Ralph NEPLAZ
Correspondant local de presse.