Il faut savoir monter dans le bon train quand l'occasion se présente. De Nathan Tanard, le latéral gauche revenu au Goal FC cet été, après une parenthèse à Bourgoin en N3 terminée par une montée en N2, on a toujours gardé l'image des années 2020, quand son activité et sa patte gauche faisait des misères à tous les adversaires du FC Limonest-Saint-Didier, avec une mise en lumière mémorable en coupe de France, et 8es-de-finale perdu à Dijon (L1) dans les dernières secondes de la prolongation (2-1), laissant au DFCO – tiens, tiens comme l'histoire se répète, le Goal FC retrouvera les Dijonnais cette saison en National – grimper en quarts d'une épreuve qui ouvre bien des portes aux destins singuliers des joueurs amateurs. Ce soir-là, le 28 janvier 2020, Tanard avait été l'un des meilleurs de l'équipe de Nicolas Pinard en expédiant notamment une frappe de mammouth sur la barre après un rush de l'ancienne école des latéraux qui bouffent le couloir comme un gâteau de mariage (66e). Puis par la suite, il avait été approché par les écuries plus grandes (Sochaux, Niort, Le Mans, Clermont…). Il avait alors 23 ans, et le temps lui était compté pour prendre le tramway du monde professionnel.
Dans son couloir, une constante implication, une responsabilité aussi éprouvée en 2021-2022 au Goal FC…
Évidemment, les clubs du coin étaient venus aux nouvelles, Villefranche par l'entremise du coach d'alors, Alain Pochat, était intéressé après avoir pris une bourrasque à Limonest en coupe les mois d'avant. Bourg aussi était sur les rangs, Karim Mokeddem, sur le banc bressan, ayant, depuis des lustres, dit tout le bien qu'il pensait sur ce profil de défenseur moderne, parfait contre-attaquant et pas trop oublieux des tâches défensives de son équipe. Tanard avait finalement opté pour la case "National" à Bourg, la saison d'après (2020-21), un saut de la N3 et au N1, ponctué par une vingtaine d'apparition sous le maillot aindinois, comme on passe en apprentissage accéléré. Vint ensuite le passage à Goal FC, dans les bagages d'un coach, Jamal Alioui, adepte d'un jeu offensif qui demandait aux hommes de couloir une constante implication, une responsabilité aussi. Cette saison-là, fut celle des grands regrets, le Goal FC ne tenant pas la route malgré la dizaine de points d'avance en N2, à la sortie de l'hiver.
"Je retrouve la même ambiance, la même philosophie de vie dans le vestiaire, sur le terrain. Je ne suis pas du tout dépaysé. C'est comme si j'étais parti hier, finalement !"
De là, Nathan Tanard attendra un moment pour tenter sa chance plus haut, les promesses d'agent n'étant pas tenues. Bref, la vie du foot comme il va, parfois, pas de la plus belle des manières. Sa migration à Bourgoin, en N3, l'an dernier n'aura pas été une porte vers la galère, avec une accession en N2, au bout du chemin. De quoi grandir encore, comme il le rappelait le mois dernier : "En N3, c'est la bagarre tout le temps. On a été en tête pendant toute la saison et psychologiquement c'est loin d'être une promenade de santé ! On est attendus tout le temps. Le club de Bourgoin montrait ses ambitions, alors tous les week-ends c'était difficile." Difficile, son retour au Goal FC ne l'a pas été. Il est revenu au bercail, avec un naturel qui ne désarme personne autour de lui, dans le vestiaire quitté douze mois plus tôt. "Je retrouve la même ambiance, la même philosophie de vie dans le vestiaire, sur le terrain. Je ne suis pas du tout dépaysé. C'est comme si j'étais parti hier, finalement !" Et ses coéquipiers d'hier de lui emboiter le pas. Le gardien Antoine Philippon : "J'ai des automatismes avec lui, parce que sa position, en défense, est plus facile pour ça. Ses qualités, sa façon de jouer, j'ai vite retrouvé tout ça. Il a une qualité de centre qui nous servira. Et dans l'esprit, il est très joueur. Je suis vraiment très content de l'avoir retrouvé."
Son capitaine Loïc Dufau : "C'est un super mec, discret et toujours avec le sourire. Une crème dans un groupe"
La sensation de n'être jamais parti d'ici, c'est aussi ce qui a sauté à l'esprit de son capitaine Loïc Dufau qui lui, n'était pourtant pas là en 2021-2022 : "Très vite, ça se voit qu'il était au club il y a peu. C'est un régal. Dans les sorties de balle, les courses, les combinaisons, on se régale. Dans la dualité, il a fait une super préparation. Il connait le club, ça aide aussi. C'est un super mec, discret et toujours avec le sourire. Une crème dans un groupe" Quid de son apport ou de son intégration au sein du collectif d'un coach, Fabien Pujo, qui le découvre aussi ? Tanard n'a pas tardé pour apprécier la méthode du sorcier venu du sud-ouest guider le Goal FC vers la première montée de son histoire en National. Il dit : "C'est un vrai passionné. J'ai découvert un coach très joueur. Il travaille beaucoup sur les sorties de balle, la tactique. Il sait analyser les forces et faiblesses de son équipe. Il aime le jeu mais il reste très pragmatique sur les aspects défensifs. Il est dans la gagne. Tout le temps".
"Cette saison dans ce groupe que j'ai retrouvé, il y a plus d'expérience avec des mecs qui sont dans la gestion des émotions. On sent de la maturité, partout"
Ne reste qu'à questionner le coach en question, sur ce défenseur, revenu à la maison, sans trop de doutes dans la tête et le pied agile, toujours : "Il n'est pas surpris par le côté atypique du club en y revenant, après la montée en National, souligne Fabien Pujo. Il a cette adaptation qui nous fera gagner du temps. Ça ne le dérange de se retrouver plus haut, en six, suivant la configuration du match, n'y d'être dans le carré que l'on met en place au milieu d'une rencontre. On dirait qu'il a joué avec nous l'an dernier." Lui, au jeu des comparaisons qui ne sont pas toujours les meilleures façons de mesurer le temps écoulé, a gardé une certaine lucidité pour mettre à la bonne hauteur ses années sous le maillot du Goal FC, et en lire les évolutions, d'une année à l'autre, avant de commencer un nouveau chapitre de National, à Orléans, ce vendredi soir. "Cette saison dans ce groupe que j'ai retrouvé, il y a plus d'expérience avec des mecs qui sont dans la gestion des émotions. On sent de la maturité, partout", termine Nathan Tanard, de retour dans une demeure qui lui réserve, espère-t-il encore, de belles histoires, de belles rencontres.
Ralph NEPLAZ
Correspondant local de presse.