Le bon goût d'un derby qui représente une partie de son histoire personnelle, de son rapport au football. Entre Villefranche et Chasselay, le président du GOAL FC, a toujours eu des choses à dire, des choses à vivre, depuis des années : sur le terrain, en tribunes, en famille, entre potes. Retenu pour raisons personnelles, il ne sera pas présent ce mercredi soir dans cette Calade qui contient les souvenirs d'une partie de sa jeunesse. Malgré tout, il ne pouvait pas manquer de livrer ses souvenirs de derby, pour un match qui, quoi qu'en dise chaque club, reste unique. Le premier face-à-face en National, entre deux clubs qui se vouent un respect mutuel, aujourd'hui. Les temps changent. La passion première demeure, comme le rappelle ici Jocelyn Fontanel.
Ce derby à Villefranche a été coché par beaucoup de monde depuis le début de la saison. De votre point de vue de président, il revêt quelle importance ?
"C'est un très beau moment de sport, un bel événement pour le territoire. Une belle fête du foot, tout simplement. Je suis ravi que ça se joue à guichets fermés. Il faut profiter de ces atmosphères-là, aujourd'hui, dans ce monde si compliqué. Après, c'est un match comme un autre où il nous faudra prendre des points en vue du maintien en fin de saison dans ce championnat de dingue !"
Entre Villefranche et Chasselay, vous vous êtes toujours bien tirés la bourre. C'est une longue histoire. De mémoire, quel est derby le plus marquant auquel vous avez assisté ?
"On ne se tire pas la bourre, même si on est au même niveau. On ne boxe pas dans la même catégorie. Le FCVB a une longue histoire. Il est soutenu par toute la Calade et le département, avec de magnifiques installations. Nous, on vient d'arriver à ce niveau pour la première fois. C'est la découverte. On a beaucoup de boulot au niveau de nos infrastructures, où on n'est franchement pas assez soutenus par nos collectivités territoriales qui mettent un frein à notre développement. Ce que l'on fait pour les jeunes avec plus de 100 emplois créés et plus de 1800 licenciés est exceptionnel mais le monde politique ne s'en soucie que très peu ! Sinon, pour répondre à la question du derby le plus marquant auquel j'ai assisté, je me souviens d’un derby remporté 4 à 1, il me semble à Armand-Chouffet avec un triplé de Ludovic Giuly nous assurant le maintien lors de la saison 2015-2016 quand le coach Noël Tosi venait d'arriver. Il y a aussi le match de la montée pour Villefranche à Chasselay avec une victoire 1-0 pour le FCVB en mai 2017. On s'était maintenus, malgré cette défaite, en N2. Tout le monde était content, à la fin du match, on avait bu une bonne coupe de Champagne avec Philippe Terrier et Alain Pochat qui était alors l'entraîneur du FCVB, même si ensuite on s'était un peu frités dans la presse pour des raisons qui m'appartiennent (NDRL : les deux clubs avaient été en désaccord au sujet de l'avenir de l'attaquant Christian Toko alors encore à Chasselay et qui avait ensuite signé au FCVB promu en National, l'été suivant).
"Il n'y a aucune rivalité entre nous"
Plus jeune, vous suiviez le FCVB du temps de la D2 lors de la saison 1983-84. Il en reste quels souvenirs ?
"Dans les années 80, je venais de rentrer en sport études à l'OL. Le FCVB était monté en Ligue 2. On était allés voir le derby contre l'OL à Armand Chouffet, c'était blindé ! Je ne me souviens plus du score (NDRL : victoire de l'OL 1-0 le 25 février 1984 lors de la 29ème journée de D2) mais de leur attaquant Aparicio ! Quel joueur ! Ça donnait envie de faire du foot pour un jour être à leur place ! Et même si je jouais à l'OL, dans la famille Fontanel, on était plus caladois. Mon père et mes frères étant allés à l'école à Villefranche et ayant également joué au FCVB, on faisait nos courses Rue Nationale pour s'habiller avec ma mère ! Ce ne sont que de très bons souvenirs"
Longtemps, entre les deux clubs, les présidents respectifs, en se souvenant de Jean Gachon à Villefranche et Gérard Leroy à Chasselay, ont mis l'accent sur une rivalité affirmée et assumée. Aujourd'hui, avec Philippe Terrier, ce n'est plus du tout le même registre. Vous confirmez ?
"Ça, ce sont vous les journalistes et les caladois, qui aimez bien nous mettre en opposition ! C'était pareil avec La Duchère. Nous, à Chasselay, on est tranquille et serein, on se bagarre tous les jours avec nos armes et le peu d'aides des collectivités territoriales, avec le cœur et l'envie, tout simplement. Il n'y a aucune rivalité. Quant à Philippe Terrier, j'admire le travail qu'il fait depuis bientôt quinze ans en fédérant toute la Calade autour de son club. Il a su redonner une vrai âme et dessiner un vrai projet pour atteindre bientôt la Ligue 2 avec les vraies valeurs du sport et de son territoire. Je le félicite ainsi que ses équipes ! Après, c'est vrai qu'ils sont chauvins et que parfois, c'est limite, mais c'est comme ça qu'ils y arriveront !
Villefranche, avec son vécu du National, sera favori mercredi soir à domicile. Votre formation, pour renverser la tendance devra miser sur quels atouts ?
"Les matches de National sont des matchs de coupe étant donné les six descentes sur 18 clubs dont 9 clubs pros qui seront encore en vigueur en fin de saison. Si au GOAL FC, on ne met pas le bleu de chauffe à tous les matches, en étant hyper concentré, en gagnant chaque duel, ça sera compliqué d'exister. Pour l'instant, on y arrive à peu près, même si on a des forces vives en moins. Le groupe travaille bien, les jeunes progressent, on donne tout pour atteindre l'objectif du maintien, en fin de saison. Après, le foot c'est du détail, avec un arbitre qui fait aussi partie du jeu. Donnons tout, soyons efficace dans les deux surfaces. On n'a aucune pression à avoir, on sait qu'on est capable de marquer à n'importe quel moment du match ! On a de belles individualités, un gros collectif, et on est tous solidaires au club. Il faudra juste être en "mode combat" en étant intelligent pour éviter les cartons bêtes."
Ce sera aussi un duel entre deux techniciens aux idées de jeu assez claires (Romain Revelli à Villefranche et Fabien Pujo chez vous). Sur quoi peut basculer ce derby ?
"La tactique, c'est pour les entraîneurs, pas pour les présidents ! On vient de faire neuf matches de suite, ça sera notre 6ème rencontre à l'extérieur avec déjà de longs déplacements, sans compter ceux à Saint Priest. On a eu peu de temps de récupération entre le dernier match contre Châteauroux (1-1, vendredi dernier) et ce derby. Il faudra voir aussi, les forces en présence. On jouera dans un stade plein, tout acquis à la cause de nos adversaires. Ça doit nous motiver à l'extrême. On a un gros coup à jouer car le FCVB aura la pression comme quand on est allés aux Herbiers la saison dernière. A nous de laisser le côté émotionnel et de jouer notre jeu ! Ensuite, c'est le terrain qui décidera !"
Propos recueillis par Ralph NEPLAZ
Correspondant local de presse.