Hervé Della Maggiore, cela a-t-il été difficile de remobiliser vos joueurs vers ce maintien à aller chercher à Sedan pour la dernière journée, après avoir cru que votre dernière victoire contre Le Mans (1-0) vendredi dernier à Armand-Chouffet vous permettait de mettre fin à cette quête ?
"Avant cette victoire face au Mans, on savait quel scénario nous serait favorable, par rapport à nos concurrents directs que sont Avranches, Bourg ou Nancy pour valider le maintien dès vendredi dernier. Je peux comprendre l'euphorie qu'il y a eu, croyant que nous étions maintenus, ce soir-là. Mais nous, le staff, nous connaissions le règlement. On ne peut pas se permettre d'anticiper les choses alors qu'elles ne sont pas acquises. A partir du moment où Avranches gagnait son match, on était sûrs de ne pas être maintenus avant la dernière journée. A Sedan, on devra aller chercher au moins le match nul."
Vous avez votre destin en main…
"On est dans la meilleure situation par rapport à tous les clubs qui jouent le maintien. Mais malgré tout, rien n'est acquis pour le moment."
Aviez-vous envisagé que tout se joue lors de la dernière journée ?
"J'ai envie de dire que c'est ce que nous espérions, à un moment de notre saison où nous étions moins bien. Alors, se dire, à cet instant-là, quand nous étions relégables, que nous aurions notre destin en main pour la dernière journée, c'était une manière de rester concentrés sur notre objectif. Et on peut se dire, que même en ne gagnant pas à Sedan, il y aura aussi une possibilité de se maintenir."
Quel discours avez-vous tenu à vos joueurs avant de vous lancer dans cette dernière semaine d'une saison qui aura été difficile de bout en bout ?
"Vendredi, on est allés chercher les joueurs sur le terrain pour vite couper l'idée d'être maintenus. Ils étaient, pour certains, au courant, de la situation. Ce n'était pas pour péter le moral à tout le monde, mais il fallait penser à la suite. Ils savent que nous avons, aujourd'hui, beaucoup de chances de pouvoir jouer encore le maintien, après cette victoire contre Le Mans. J'ai vécu un traumatisme, sur un plan personnel, où à la dernière minute d'un match improbable (NDRL : avec le Gazelec d'Ajaccio, descente en National, en mai 2019 lors du barrage face au Mans), on a tout perdu. Donc, tout peut arriver dans ce genre de situation. Je l'ai rappelé à mes joueurs. Il faut l'éviter. Et pour ça, il faut préparer le match de Sedan pour obtenir un résultat là-bas. Dès lundi, à l'entraînement, il y avait le même sérieux, la même implication, sans déroger à quoi que ce soit."
Votre ultime adversaire Sedan, actuel 6ème du National, est assuré d'être maintenu mais veut à tout prix finir sur une victoire à domicile. C'est l'assurance d'un match plus compliqué qu'il n'y parait ?
"Ce qui est quand même surprenant et qui en dit long sur ce championnat, c'est que nous pouvons terminer à la 6ème place tout en ayant été relégable, si nous gagnons à Sedan !"
"On est tous dans la réflexion de ce qui arrivera ensuite"
Rien ne vous sera donné sur ce match…
"Mais personne nous a rien donné jusqu'ici ! Tout ce que l'on a eu, on est allés le chercher. On ne s'attend à aucun cadeau de Sedan. "
Finir la saison avec trois succès d'affilée comme c'est le cas, est-ce une grande surprise pour vous au regard de votre phase retour si délicate ?
"Je ne suis pas étonné parce qu'il y a de la qualité dans ce groupe. Des qualités qui ont émergé davantage sur la fin de saison. Des jeunes se sont affirmés. Ce n'est pas aberrant. On aurait pu exploser, par contre. C'est pour ça que c'est important de bien bâtir son groupe en début de saison, au niveau de l'état d'esprit, surtout quand on vit une saison moyenne. C'est rare qu'une équipe qui a été relégable une grande partie de la saison finisse par enchaîner trois succès en fin de championnat."
Qu'est-ce qui a permis que le groupe n'explose pas cette saison ?
"L'intelligence de chaque joueur. Ils sont allés chercher un objectif ensemble, sans se tirer dans les pattes, sans se rejeter la faute les uns sur les autres ou sur le staff. Chacun a pris conscience de qu'il devait faire en plus, tout simplement."
Rétrospectivement, en début de saison, avant de rencontrer Sedan, vous disiez que l'une des difficultés qui était devant vous serait liée à l'euphorie qu'il y avait autour du club après avoir vécu deux barrages d'accession à la Ligue 2. Il y avait l'idée d'une saison à venir qui aurait été "casse-gueule". C'est exactement ce qui s'est passé…
"Exactement ! Sauf que l'on espère bien finir cette saison. Franchement, ce n'est pas que j'ai douté à un moment de la saison, mais je sentais que la fin serait très compliquée pour nous avec tous blessés, nos suspensions. Tout s'est cumulé. En plus d'une saison difficile en termes d'attentes, cela a été très difficile au niveau de l'effectif. J'espère que si nous nous maintenons, vendredi soir, on sortira tous grandi de cette saison parce que pour moi c'était un objectif plus difficile à atteindre que les deux saisons où nous avons joué les barrages. Ces saisons-là relèvent du miracle."
Est-ce plus difficile de se maintenir en National que d'y jouer la montée ?
"C'est plus difficile d'y jouer le maintien, ça c'est certain. Quand une équipe va mal, c'est dur de la faire tourner. Quand c'est l'inverse, tu mets de l'eau dans le moulin et ça tourne... C'est vraiment difficile de remettre une équipe sur les rails. Et je suis assez fier de ce groupe. Après…"
Après ça, vous arrivez à vous projeter sur la suite justement ?
"On est tous dans la réflexion de ce qui arrivera ensuite, évidemment. Je suis en fin de contrat, j'attends de savoir ce que le club veut faire. Aujourd'hui, j'espère qu'ils murissent leurs réflexions parce que la fin de saison est quasiment actée. La suivante ne se préparera pas au dernier moment. Elle sera encore plus compliquée. Il n'y aura quasiment que des clubs pros et beaucoup moins de petits clubs avec de petits budgets et des petites infrastructures. On va vers une élite du National. Il y aura quatre clubs de L2 qui vont descendre. C'est un championnat terrible qui s'annonce, toujours avec six descentes. Alors si tu ne commences pas à la préparer dès maintenant, sans savoir qui sera le coach, ça peut engendrer pas mal de difficultés dès le départ."
Et si le club vous demande de repartir pour une saison supplémentaire, vous dites OK ?
"Pas dans n'importe quelles conditions."
Propos recueillis par Ralph NEPLAZ
Correspondant local de presse.
