Il faut se souvenir du départ quand le chemin parcouru a été aussi intense, et réussi, en une saison où pourtant, les gros du National avaient mis les moyens pour être devant. A l'aube de la fermeture du championnat, Sedan fait partie des équipes surprises de cette saison, assis à la 6ème place, à trois points de Villefranche qui, à l'aller (1-1), avait les faveurs des pronostics pour jouer le haut de tableau. Mais dix mois après, Sedan, qui aura su faire de sa dernière place à la sortie de l'été, un enseignement pour les mois suivants plus joyeux, a réalisé un parcours autrement moins accidenté que les Caladois, qui doivent encore assurer leur maintien dans un stade Louis-Dugauguez à la pelouse imparfaite mais qui n'aura pas fait des Ardennais, la formation la moins joueuse du championnat, comme le relate ici leur coach, Olivier Saragaglia.
Olivier Saragaglia, en début de saison, on s'attendait à voir votre équipe plus en difficultés dans ce championnat. Et finalement, vous êtes 6ème à une journée de la fin. C'est beaucoup mieux que prévu…
"Après un début de saison catastrophique où nous étions derniers au bout de six journées avec seulement quatre points, on a su remonter la pente. On a fait une bonne série. De fin septembre lors de notre première victoire à Bourg (1-3) à fin janvier, on est l'équipe de National qui a pris le plus de points. C'est ce qui nous a permis de relever la tête, d'être plus sereins au classement."
Qu'est-ce qui a vous a justement permis de sortir de cette zone rouge après une telle entame manquée ?
"Le groupe n'a jamais douté. Il y a deux explications à ce parcours. D'abord, on ne gagnait pas mais le contenu n'était pas mauvais. On a continué à travailler en restant sur nos principes. Ensuite, la seconde raison de notre position actuelle s'explique par le contexte du club. J'ai eu des dirigeants et un directeur sportif qui, à aucun moment n'ont mis la pression sur moi ou sur mon groupe. Ils nous ont laissé travailler sereinement. Cela nous a permis de traverser cette mauvaise période sans soubresauts."
Paradoxalement, c'est une saison où les entraîneurs avaient encore moins de marge de manœuvre pour installer leur projet avec six descentes au bout. Comment vous vous êtes décortiqué de cette urgence de résultats avec vos principes de jeu qui ont nécessité du temps ?
"C'est justement pour ça que l'on s'en est sortis. On craignait tous, les 18 équipes du National, dès le début de saison, ces six descentes. Donc, tout le monde était frileux et avait peur de perdre des points avec cette menace permanente de descente au-dessus de nos têtes. Nous avons fait abstraction de tout ça. On a essayé d'oublier le classement pendant nos mauvaises périodes en essayant de mettre en place notre jeu. Parfois, ça marchait. Parfois, moins. Mais on ne s'est jamais pris la tête sur le classement. J'avais passé le message aux joueurs de se concentrer surtout sur le travail au quotidien. Sur certains matches, il a fallu s'adapter mais on a toujours gardé nos principes de jeu."
Quel est le match, dans votre saison, qui a servi de bascule dans la bonne partie de tableau ?
"Notre victoire à Dunkerque (1-3, 21 octobre) a été très importante. C'était notre troisième victoire consécutive, une série qui nous a fait sortir de la zone rouge. A partir de ce moment, on s'est dit qu'il fallait continuer dans cette direction, par le jeu."
"On a un rôle d'arbitre sur ces derniers matches. On veut garder cette 6ème place, jouer tous les coups à fond"
Chez vous, maintenir cette qualité de jeu, sur un terrain difficile, n'est-ce pas si contraignant ?
"C'est contraignant. On a pris plus de points à l'extérieur qu'à domicile. On veut avoir un jeu plus au sol, moins direct. Le terrain à domicile n'aide pas. A chaque fois, il a fallu s'adapter pour arriver à s'imposer, chez nous."
Vous n'avez jamais eu la tentation de déroger à cette volonté de jouer, justement ?
"Non. Je ne veux pas d'un jeu de conservation pour conserver. Je veux que l'on puisse enchainer en quatre ou cinq passes pour trouver un déséquilibre et ensuite aller provoquer l'adversaire, percuter, centrer ou créer quelque-chose. Je ne suis pas un entraîneur qui demandera cinquante passes pour gêner l'équipe en face. Par moments, quand on a été menés au score, on a sur faire du jeu direct. Mais l'idée, c'est d'essayer de toujours jouer au ballon. C'est le but de notre recrutement d'ailleurs. On a pris beaucoup de buts parce qu'on ne ferme pas le jeu, malheureusement. "
Vous êtes sauvés depuis quelques journées. Quels sont vos ressorts pour que votre formation joue le jeu jusqu'au bout ?
"L'objectif a été de garder cette 6ème place. Je voulais rester neutre dans ce championnat. Je ne vois pas pourquoi on jouerait différemment parce que nous sommes maintenus. On veut gagner tous nos matches, sans regarder les obligations de nos adversaires. On a un rôle d'arbitre sur ces derniers matches. On se doit de rester intègres et de jouer tous les coups à fond."
Ne pas faire de cadeaux à personne, ce sont vos mots d'ordre aussi pour la dernière venue de Villefranche qui lui, joue son maintien, ce vendredi chez vous ?
"Même avec une défaite, il faudrait vraiment un gros concours de circonstances pour que Villefranche descende. Je ne veux même pas parler de ça. Notre but c'est de rester à cette 6ème place, faire un très bon match devant notre public. Il a été un peu sevré à domicile compte tenu de l'état du terrain qui s'est un peu amélioré. On va se concentrer sur nous, sans se soucier de l'adversaire."
Propos recueillis par Ralph NEPLAZ
Correspondant local de presse.
