C'est un peu comme si tout un club avait franchi un cap, réhaussé ses exigences d'un cran, pour être à la hauteur des attentes nouvelles, en National, cet étage inconnu dont il va falloir apprivoiser très vite les dangers, prendre un départ sans trop de casses, ni trop de pertes, demain soir à l'US Orléans. Le Goal FC y est presque. Avec Fabien Pujo, comme entraîneur, le chemin vers ce nouveau monde, a été balisé de la façon la plus rigoureuse possible pour répondre à cette entame redoutable puisqu'il faudra attendre octobre, si tout va bien, pour jouer à Chasselay, le Stade Giuly n'ayant pas encore un éclairage aux normes du National. Se serrer les coudes tout en conservant son identité de jeu, le coach du Goal FC n'a guère changé de crédo depuis la montée. Il rappelle ici les pièges qui vont inévitablement se présenter sur le seuil des ambitions de son groupe. Avec passion et patience. En coach qui n'a rien perdu de son verbe.
Vous entrez dans un championnat inconnu pour le club. Quels sont les marqueurs particuliers que vous avez relevés de ce National qui réservent tant de surprises chaque saison ?
"On aura face à nous des équipes très compactes, fortes dans les transitions, avec beaucoup de vitesse sur les extérieurs, de meilleurs passeurs et finisseurs qu'en N2, des phases arrêtées plus travaillées, et dans chaque équipe de fortes individualités. Ce sera à nous d'arriver à cibler ces individualités, être dans l'équilibre, jouer pour la gagne et non pas pour se faire coincer. La découverte du National sera peut-être plus positive pour beaucoup de nos joueurs. Je les vois capables de mieux s'exprimer qu'en N2. On s'est créée un chemin de départ pour ne pas y déroger."
Avec quels objectifs pour commencer ?
"On a mis en place ce que j'appelle "l'objectif lune". On n'a pas parlé de maintien ou de points à prendre qui sont des notions à pression pour moi. On se dit, un peu comme la saison dernière, qu'il faudra exister dans les dix ultimes journées de championnat. On aura peut-être progressé et réussi à s'adapter aux particularités de ce National. J'ai dit à mes joueurs qu'ils avaient chacun un objectif personnel à viser. Il y a celui qui rêve d'aller en Ligue 2, celui qui veut faire des grosses performances à 22 ans pour voir ce qui peut se passer ensuite, il y a celui qui sera dans le maintien en se demandant s'il a le niveau. Chacun se construira sa propre histoire. Par contre il y a une histoire commune qui sera devant nous. On découvre le National. On va vraiment réagir match par match pour savoir qui on est. Si on commence bien, on peut se donner de la confiance pour éviter d'être complexés. On ne va pas se mettre la pression dès le premier match à Orléans. Je dirai aux gars de vivre leur truc et on verra ensuite comme on avancera."
"On a un côté atypique dans ce championnat, il faut que l'on s'en serve comme d'une force, avec une mentalité différente des autres."
Ne pas avoir, ensuite, la possibilité de commencer vos matches à domicile dans votre stade mais plutôt à Saint-Priest constitue-t-il un désavantage ?
"C'est un gros caillou dans la chaussure, un gros désavantage. Aucune équipe, depuis dix ans en National, n'a vécu ça. On va le vivre, c'est comme ça. J'ai beaucoup d'admiration pour ma direction mais en étant généraliste je dirais que ça ressemble un peu au modèle français qui dit souvent de faire avant de voir comment les choses vont tourner. Pour moi, ça devrait être l'inverse : mettons les choses en place et quand nous serons prêts, on pourra y aller plus franchement. Aujourd'hui, Goal FC est un nouveau club. Le futsal monte en Ligue 1. Tout va très vite. Ça suit avec un petit temps de retard. Alors, commencer à Saint-Priest, nos premiers matches à domicile, ça reste un énorme handicap parce qu'on ne sera pas dans notre maison, à Chasselay. A Saint-Priest, la maison est belle aussi mais ce n'est pas chez nous. Ce sont des détails mais là où on va, en National, ça va compter. On ne s'en servira pas comme excuses mais c'est un challenge supplémentaire. On a un côté atypique dans ce championnat, il faut que l'on s'en serve comme d'une force, avec une mentalité différente des autres."
Ces débuts en National, à la suite d'une montée de N2, vous avez connu ça avec Toulon en 2019. Il en reste quoi ?
"Il y a une chose que l'on ne va pas reproduire en tant que promus, on ne sera pas dans ce qui avait été fait à Toulon. La dircetion, en s'appuyant sur le passé du club, envisageait déjà la montée en Ligue 2. Ça manquait d'humilité. Là, on n'aura pas ça, ici. Chaque jour, le contexte dans lequel on évolue nous rappelle à l'humilité. Il y a, une forme de lucidité de tout le monde que je ne ressentais pas à Toulon. Une vraie prise de conscience sur tout ce qui doit être amélioré pour permettre de meilleures performances : l'avant-match, la gestion des entraînements, le travail plus précis avec les GPS. Depuis 2019, le National a beaucoup changé. Ce n'est plus le même championnat. Quand je vois où les clubs ont fait leur stage, ça dit beaucoup de la professionnalisation qui s'est opérée dans ce championnat. Si le club progresse dans son approche de la performance, ce sera du temps de gagné, pour la suite. On a devant nous, une année à exploits. Sur des temps courts, on ne sait jamais ce qui peut arriver. On a envie d'écrire une belle histoire où l'on accroche le maintien à la dernière journée dans ce championnat, chez nous, en miraculés. On voudra vivre le plus longtemps possible dans ce sprint-là."
Et viser plus haut ?
"Ce sont les fous qui peuvent dire ça ! Pas nous. "
"On jouera un derby contre Villefranche un mercredi soir (Ndrl : le 11 octobre). On sera sans doute les seuls à jouer, ce jour-là. Il y aura peut-être 3000 personnes au stade. Tu ne vis pas ça en N2, il est là le vrai cadeau."
La dernière causerie avant ce premier match à Orléans aura cette saveur-là ?
"Je vous retourne la question. Vous, en tant que journaliste, vous allez écrire que si on se maintient ce sera exceptionnel, non ?"
Pas loin, mais presque…
"Je me rappelle de votre question après la montée. Vous me demandiez si c'était un cadeau empoisonné d'arriver en National dans ces conditions."
On peut vous la reposer, deux mois après…
"On va vivre des matches dans des stades incroyables, que ce soit à Nancy, Nîmes, au Red Star. On jouera un derby contre Villefranche un mercredi soir (Ndrl : le 11 octobre). On sera sans doute les seuls à jouer, ce jour-là. Il y aura peut-être 3000 personnes au stade. Tu ne vis pas ça en N2, il est là le vrai cadeau. Il est empoisonné parce qu'il faut que l'on arrive à se mettre au niveau. Il y a une appréhension à ce niveau-là, et c'est plutôt une bonne chose. C'est le moteur de ce qui peut nous arriver. C'est comme si nous étions des figurants dans un film et qu'en l'absence d'un acteur majeur on accroche le rôle principal. Tu vois l'image... Logiquement, on se demande si on sera au niveau. "
Le modèle de Martigues, qui était promu l'an passé et qui a joué la montée en Ligue 2 jusqu'au bout, est-il inspirant pour vous ?
"Je n'ai pas trop de réponses à ça. Je n'arrive pas me figurer ce genre de choses. On va poursuivre ce que l'on a commencé à construire, avec l'idée de se maintenir en jouant."
La première opposition à Orléans va ressembler à quoi, selon vous ?
"On va trouver ce que l'on a vécu en prépa' face à Martigues et Nîmes : une équipe compacte et de la qualité dans le jeu long. Les temps de préparation, en début de match seront différents, dans ce contexte. C'est le rectangle vert qui décidera de tout, à la fin. Comme toujours."
Propos recueillis par Ralph NEPLAZ
Correspondant local de presse.