Une mi-temps pour souffrir, une autre pour porter l'estocade. Le FC Villefranche, marche ainsi, à l'aube de la journée 5, dans ce National à l'entame (presque) parfaite que le succès face à Marignane-Gignac, vendredi soir à Armand-Chouffet (2-1) a un peu plus solidifiée. Mais, comme souvent, quand on marche sur le chemin des équipes invaincues, le plus dur est devant soi. Et c'est ce qu'a rappelé le coach forézien du FCVB, Romain Revelli, ce midi en conférence de presse, deux jours avant d'aller tester la compétitivité des siens, à Dijon, chez un candidat au retour à la Ligue 2. Ça promet...
De votre dernière victoire sur Marignane (2-1), vous étiez resté sur une première demi-heure délicate, collectivement. Quelle analyse en reste-t-il ?
"En revoyant le match, je trouve que cela a été tout à l'honneur des joueurs de le remporter, en revenant au score d'abord puis en prenant l'avantage en seconde période. On a eu beaucoup de situations favorables. Mais ça reste un match où on a eu moins de stats physiques, il ne faut pas se leurrer sur la victoire. Dès lundi, on a eu une remise en question. J'ai vraiment un bon groupe. Ils n'avaient pas besoin de moi pour faire cette analyse. On a gagné, mais il faut en faire plus. Et ça, les joueurs le savaient déjà. On en a été un peu en dessous dans le volume de courses à hautes intensités. Mais c'est à moi, aussi, à bien doser mes semaines. On avait, peut-être, à la veille de ce match, effectué une séance un peu trop conséquente même si les joueurs ont toujours envie de s'entraîner. Le plus important, ça reste le match. Nos semaines doivent être réajustées sur ce cet objectif du vendredi soir. Là, on a marqué en début de seconde période (par Benaïssa), et jusqu'au but refusé sur coup-franc de Sergio, je pensais que l'on irait au 3-1. On s'est mis à reculer. J'ai joué et je sais que par moments, tu as plus envie de tenir le résultat que d'aller chercher le troisième but. J'aurais eu envie que l'on marque ce troisième but, cela aurait donné une fin de match où l'on aurait moins reculé. C'est aussi à moi de trouver les bons moments pour intégrer les joueurs frais dans l'équipe. C'est important. Ce sont les questions de tous les entraîneurs."
Quand il y a la victoire, ça reste quand même des questions plus simples à travailler…
"Oui, c'est mieux quand on gagne. Mais c'est mieux surtout quand on travaille avec un tel groupe. On a intégré nos deux nouveaux joueurs cette semaine à l'entraînement. On est un peu plus nombreux. Bakari (Camara) remplace Abou (Ba) en termes de nombre. Et le défenseur Kobi (Henry) arrive en défense centrale, comme on le souhaitait. C'est très dur de faire seize joueurs quand je vois l'état d'esprit de ce groupe. Tout le monde se donne à l'entraînement. C'est vraiment une bonne chose."
Vos deux nouveaux joueurs vont-ils vite être intégrés dans le groupe pour le prochain rendez-vous à Dijon, vendredi soir ?
"Il faudra que je sois prudent avec eux ce week-end. On a deux profils différents. Bakari (Camara) n'a pas fait un match mais il est plus en forme que je ne le pensais. On verra demain (jeudi), à son sujet parce que je n'ai pas beaucoup de milieux de son profil. Et il ne faut pas faire n'importe quoi dans ce domaine. Pour Kobi (Henry), c'est un peu différent. Il a joué un match avec la N3 de Reims, avec une bonne préparation avant. Il peut être plus proche de l'intensité du National. L'idée ce sera vite de les intégrer au groupe, surtout Kobi qui est prêt, déjà. Bakari m'a agréablement surpris par le fait d'être libre. Avec lui, il y a la tentation de le prendre tout de suite parce que dans le profil de joueur d'impact je n'ai que Bendaoud. Je ne peux pas me permettre de le perdre le week-end où il ne faut pas. On verra bien. Dans l'idée, ça ne va pas prendre un mois pour les intégrer, vu leur niveau. C'est à moi de trouver les solutions, même si l'équipe tourne bien."
"En attaque, les gars doivent comprendre que quand ils rentrent, ils ont un rôle important à jouer"
La réflexion sur le meilleur complément d'Idrissa Ba en attaque a-t-elle évoluée ces dernières semaines ?
"Sur l'état d'esprit, il y a eu des améliorations. Mais sur les trois postes offensifs, puisqu'en ce moment je joue avec, au milieu, une pointe haute (Louzif ou Blanc), il faut vraiment qu'ils comprennent la nécessité d'en faire plus. L'idéal ce serait de jouer avec mes attaquants en leur disant que certains devront jouer 60 minutes et que d'autres devront prendre le relais sur la fin pour dynamiter, finir le boulot. Et ça, je trouve que les joueurs ne le comprennent pas assez. Ils sont encore sur l'envie de durer tout le match alors que devant, avec moi, ça se passe toujours comme ça. Autant derrière, j'ai une base, athlétiquement, c'est différent. Les joueurs peuvent enchaîner tous les matchs même si on aura des rotations, de la concurrence. Devant, c'est vraiment un scénario, sur le plan physique, qui reste différent. Et ça, les joueurs ne l'ont pas encore compris. Pour répondre à ta question, il n'y a pas d'association autour d'Idrissa (Ba), notre point d'appui. Je n'ai pas assez testé le 3-4-3, un schéma qui me permettrait d'intégrer un peu plus Arthur Mai. Les gars doivent comprendre que quand ils rentrent, ils ont un rôle important à jouer. Et devant, physiquement, c'est très dur dans les courses, les pressings. Je fais toujours des bancs assez offensifs. C'est là où tu peux faire du coaching. De plus, avec le retour d'Oumar Sidibé, il n'y a pas de joueur installé autour d'Idrissa (Ba)."
Dans le domaine offensif, pour vos attaquants, la dimension psychologique est plus importante, avec des joueurs qui ont besoin d'être plus accompagnés et qui veulent aussi des explications, des discussions quand ils ne débutent pas. C'est un point sensible qui fait partie de votre fonctionnement ?
"C'est un peu ma lacune. Comme tu dis, les attaquants ont un fonctionnement différent. Il faut les accompagner un peu plus, les laisser à l'instinct. On a un symbole assez fort avec Gromat ou Mai, des garçons qui, parfois, devraient en faire plus défensivement mais ils ont un instinct devant. Je les mets beaucoup dans le dur. C'est le début de saison, et on apprend encore tous à se connaître. Il vaut mieux démarrer dans le dur et après, aller un peu plus vers eux, au fil de la saison. Le symbole, aujourd'hui, ça reste Claudy (M'Buyi). Il attend son premier but mais tout ce qu'il fait pour l'équipe, c'est magnifique, en ce moment. Il a beaucoup d'occasions. Je ne suis pas inquiet. Le foot, c'est tellement bizarre, cyclique. A moi de les rassurer, de leur parler un peu plus. Mais c'est un peu mon management."
Le rendez-vous à Dijon, vendredi soir, ressemble à un premier gros rendez-vous pour tester vos progrès collectifs dans ce championnat, chez un ancien pensionnaire de Ligue 2…
"C'est un gros club qui est en fin de mercato. On ne sait pas trop à quoi s'attendre avec les arrivées et les départs, chez eux. On voit l'importance d'un joueur comme Soumaré qui a été dynamiteur sur les premiers matchs de National. Il était sur le départ à Angers. Est-ce qu'il sera réintégré ? Ils ont pris Mendes (ex-Niortais…). Offensivement ils ont Ben Fredj, Fdaouch… Ils ont vraiment un bon potentiel. Quand ils vont trouver de la cohésion, ce sera très dur de les jouer. Mais on ne sait pas comment ils vont évoluer contre nous, en 4-3-3 ou 4-4-2. Avec tous ces mouvements dans leur effectif, on ne sait pas comment ça peut tourner. On pensera à nous, d'abord. Ce sera un gros match. Physiquement, et techniquement dans la tenue du ballon. On devra monter d'un cran, à tous les niveaux. Faire le jeu aussi. On s'est préparés à ça cette semaine. J'ai hâte de voir mes (bons) gars contre ce genre d'équipe."
Propos recueillis par Ralph NEPLAZ
Correspondant local de presse.