L'odeur de la rentrée, en plein mois d'août. Ce mercredi matin, le FC Villefranche-Beaujolais était bien entré dans l'ultime semaine de préparation de son ouverture de saison à Nancy ce vendredi soir, avec un mélange d'impatience et d'envie de croquer dans ce National qui avait été marqué par une lutte continue pour le maintien jusqu'à la dernière journée. Le soulagement est lointain désormais. Tout a changé ou presque. Au cœur de toutes ces nouveautés, le coach Romain Revelli, a replacé toutes ces dernières semaines de prises de connaissances derrière lui, pour se jeter dans la bataille de la première journée en Lorraine. Offensif.
Vous avez terminé la phase de préparation sur un revers à domicile face à Thonon-Evian (2-1), quels enseignements en avez-vous tiré ?
"Je n'étais pas très content de notre entame de match, en seconde période il y a eu plus de satisfactions. On aime bien gagner des matches, mais c'est peut-être un mal pour un bien de finir sur cette note-là. On reste en éveil, on a des axes de travail sur des petites lacunes que l'on avait moins vues auparavant. On a eu besoin de temps pendant quatre semaines et la cinquième avec le dernier match amical ça donne souvent ce genre de rencontre : on n'est pas vraiment dans la compétition, on attend le championnat en ayant presque l'impression d'être prêt. Cela nous aura permis une petite remise en question sur nos faiblesses du moment quand les matches vont se durcir. On devra apprendre à s'adapter à l'histoire d'un match. Évian nous a posé des problèmes dans le jeu direct, on a été obligé de réagir après avoir pris les deux buts. Pour le reste, tout va bien. "
Sur ces six semaines de préparation, êtes-vous arrivé dans les temps de passage voulus ?
"Six semaines de prépa', ça me paraissait vraiment important parce qu'il y a eu beaucoup de changements dans l'effectif. On a bien eu besoin de tout ce temps pour avancer dans notre recrutement. On a appris à se connaître. Je suis très satisfait sur l'aspect athlétique, on n'a pas eu beaucoup de blessures à part l'attaquant Oumar Sidibé (entorse de la cheville en début de prépa'). Il y a eu de grosses charges de travail et il peut parfois y avoir de la casse. On a pu installer des principes de jeu mais ça reste quand même de la préparation. Je préfère être honnête, on a vu de bonnes choses, mais ça reste de la préparation. Il n'y a pas le côté émotionnel de la compétition. Maintenant, il va falloir mettre de côté ce qui vient d'être vécu, on est satisfait du recrutement, de tout ce qui été accompli physiquement et dans l'installation de nos systèmes de jeu mais il faut voir désormais comment l'équipe va se comporter en championnat. Là, je ne suis pas du tout négatif, il faut laisser du temps au temps. C'est l'histoire des matches qui vont nous attendre. A Nancy, il y aura peut-être neuf nouveaux joueurs sur onze titulaires. Ce n'est pas anodin. Ce n'est pas en six semaines que tout se règle parce que tu crois que la prépa' s'est bien passée. Pour le moment j'ai un groupe très à l'écoute, peut-être un peu scolaire. Des caractères vont se révéler quand on sera menés, il n'y a que la compétition qui peut faire ressortir cela. Répéter des principes ne nous fera pas gagner des matches, on devra être meilleurs dans la communication, notamment."
"Le premier match à Nancy va être dur pour nous. Mais il le sera aussi pour eux."
Dans ce nouveau groupe, quels sont les traits de caractères qui se dégagent ?
"On en voit mais quand on est coach on a toujours peur d'en manquer. C'est sous pression que ces caractères se révèlent, pas en amical. Le premier match à Nancy va être dur pour nous. Mais il le sera aussi pour eux. C'est dans ce contexte que des caractères vont ressortir, devant 6 ou 7 000 personnes. J'ai confiance en mon équipe mais il faut se jeter dans le bain et voir ce que ça va donner."
Dans cette idée d'effectif renouvelé, ceux qui sont restés (le défenseur Bonenfant actuellement en reprise, les milieux Sergio et Blanc, l'attaquant Ba) vous ont-ils aidé pour faire le lien et transmettre le vécu du club aux autres ?
"Ils m'ont beaucoup aidé dans cette volonté de transmettre les valeurs du club tout comme les dirigeants qui ont, récemment, fait une très bonne intervention auprès du groupe pour évoquer l'histoire du club. C'était très bien, très court et très utile pour expliquer ce qu'est le FCVB, ce qu'est Villefranche, à tous les nouveaux. Pour moi, dans l'histoire d'un club, tout est liés. Les anciens, le capitaine Rémi Sergio, le défenseur Bonenfant qui sera un joueur important quand il sera rétabli (Ndrl : le piston caladois est en phase de reprise après avoir subi une rupture du tendon d'Achille en mars dernier face à Concarneau), Maxime (Blanc) est là aussi, malgré un caractère plus timide, Dos Santos, Da Silva, Dhib, Ba, sont restés. Ça fait quelques joueurs de l'année dernière dans l'effectif. Mais ils ne suffiront pas. C'est une nouvelle histoire qui démarre. Le club a vécu un très beau cycle et a peut-être senti qu'il était arrivé au bout de celui-ci. Les deux barrages perdus pour la montée en Ligue 2 ont sans doute coûté beaucoup d'énergie aux joueurs. Il y avait une très belle équipe, l'année dernière encore. Mais aujourd'hui, il ne faudra pas forcer les choses pour les nouveaux, ce sont les matches qui diront l'essentiel. Évidemment, ils auront besoin d'être aidé par les anciens comme Rémi Sergio mais lui aussi doit penser à ses performances. Ce sera tout un travail collectif à mettre en place. Un joueur ne peut pas tout faire pour tout le monde."
"Il ne faudra pas forcer les choses pour les nouveaux. Evidemment, ils auront besoin d'être aidé par les anciens comme Rémi Sergio mais lui aussi doit penser à ses performances. Un joueur ne peut pas tout faire pour tout le monde."
Dans la hiérarchie à venir en National, où voyez-vous Villefranche ?
"Ce championnat est de plus en plus dur, la saison passée beaucoup d'équipes ont joué quelque-chose jusqu'à la dernière journée. C'est compliqué de parler d'objectif, aujourd'hui quel que soit le budget, l'effectif. Tout le monde veut faire des points, ouvrir du mieux possible son compteur. C'est ma seule idée. Villefranche a un bon vécu du National à l'entame de sa sixième saison à ce niveau, en ayant toujours effectué un recrutement intelligent. C'est un groupe qui doit coller aux valeurs du club. On se doit d'être prudent. Il faut se servir de ce qui s'est passé la saison dernière avec le maintien acquis en fin de championnat après avoir vécu deux barrages successifs. Ne pas avoir peur de jouer notre football mais conserver une forme d'humilité. Avec ça, on peut viser un bon maintien, faire plaisir à notre public avec un jeu généreux. On verra à la fin de la phase aller après avoir joué tous nos adversaires pour savoir où on se situe. Ce sera important de faire tourner le compteur à points dès ce vendredi, ça donne toujours un bon élan."
Quel regard portez-vous sur votre premier adversaire Nancy ?
"Ils ont connu une phase de préparation pas simple avec la DNCG (Ndrl : Nancy a finalement échappé à la relégation administrative en National 3, mi-juillet, après son passage en appel devant la DNCG). Il y aura un contexte particulier à affronter pour nos joueurs là-bas, avec un public qui peut compter. Ils ont vraiment eu peur de repartir en N3. Tout leur public va les pousser. C'est un club que l'on respecte énormément. Ils ont bien recruté avec un coach, Benoît Pedretti, que je connais bien. Il va nous rendre le match difficile. Ils ont un bon rendement offensif après avoir gardé des joueurs comme Cissé ou Nangis. Ils sont allés chercher Touré qui a mis 21 buts en N2 à Poissy, Gomel qui est un joueur rompu du National, Bouriaud qui était un joueur essentiel au milieu au Puy avec Diaby à ses côtés. Ils ont encore Bussmann (défenseur). De quelle façon vont-ils commencer ? Je n'en sais rien. On nous cache pas mal de choses, et c'est normal à ce moment de la saison. On a beaucoup travaillé sur nous pendant nos matches amicaux, restons là-dessus. Mais on doit s'attendre à un match très compliqué, pour tout le monde. On a hâte d'y être."
Propos recueillis par Ralph NEPLAZ
Correspondant local de presse.