Il a été un des premiers à quitter le FCVB, dès la fin du championnat et le maintien obtenu à Sedan, fin mai, avec le sentiment du devoir accompli. Timothée Taufflieb, auteur d'une dernière saison marquante où il aura réussi à toucher la régularité dans ses performances quand la première partie de championnat avait été parsemée de blessures, une première dans sa carrière, avait conservé une certaine cote auprès du nouveau coach du FCVB, Romain Revelli, à son arrivée. Mais le projet mâconnais, en N2, là où il retrouvera son compère Maxime Jasse désormais dans le staff du coach Romain Paturel, aura su être plus convaincant, après quatre belle saisons vécues en Calade. Et à quelques jours de la fin de la coupure estivale, et la reprise en juillet, l'ancien titi parisien, champion de France avec le PSG en 2016, arrivé dans le Beaujolais à l'été 2019 après avoir emmagasiné l'expérience de la Ligue 2 à Quevilly-Rouen, est revenu sur ces années caladoises. Les plus belles de sa carrière.
Votre départ du FCVB a pu surprendre beaucoup de monde dans le sens où vous étiez considéré comme un joueur essentiel du groupe caladois. Qu'est-ce qui vous a poussé à choisir le projet de Mâcon, en National 2 ?
"Depuis quelques mois, Mâcon m'avait déjà appelé pour m'expliquer le projet ambitieux qui était le leur en N2. Et comme Maxime Jasse, mon ancien coéquipier au FCVB, entrait dans le staff du club et qui a fortement appuyé pour que je vienne à Mâcon. J'ai discuté avec le président (Alain Griezmann) qui a su se montrer convaincant."
Aviez-vous l'impression d'être arrivé au bout de votre histoire avec Villefranche ?
"Pas forcément. Le club a pris un gros virage cet été, avec notamment le départ du coach qui a beaucoup pesé pour moi. Tous les copains et cadres de l'équipe n'étaient plus là, cela a facilité mon choix de quitter le FCVB. Je voyais tout le monde partir, le staff allait aussi changer. Je n'étais peut-être pas arrivé au bout de mon histoire avec Villefranche mais la décision que j'ai prise fait partie du football."
"Je satisfait d'avoir laissé le FCVB en National. Je n'ai aucun regret. "
Vous partez du FCVB avec des regrets ?
"Non, pas du tout. J'ai fait quatre saisons magnifiques avec Villefranche en National. La première année, en 2020, au moment où le championnat s'arrête à cause du Covid-19, on était pratiquement au pied du podium. Ensuite, en 2021, on accroche les barrages face à Niort, et encore la saison suivante. Cette saison, même en étant dans le dur presque tout le temps, on finit à une belle 6ème place. Je n'ai donc aucun regret. Je suis très satisfait d'avoir laissé le club en National. Mais le plus important à mes yeux, c'est le fait d'avoir rencontré de superbes personnes au club. Cela n'a pas de prix."
Vous avez vécu, la fin d'une histoire commune avec un groupe qui se connaissait depuis des années. Avez-vous réussi à vous dire au revoir, après votre dernier succès à Sedan, fin mai (0-3) ?
"On est restés en contact, presque tous. On s'écrit encore. Je sais que l'on se reverra, on ne s'est pas vraiment dit au revoir. Tous les cadres qui sont restés trois ou quatre ans au club, avaient réussi à créer des relations. Et ça restera."
Que regarderez-vous de meilleur de ces quatre saisons passées à Villefranche ?
"J'y ai joué le meilleur football de toute ma carrière depuis que je suis au haut niveau."
"Je serai toujours reconnaissant envers Alain Pochat qui m'avait fait venir de QRM en 2019"
Ça reste supérieur à votre passage au PSG où vous avez réussi à décrocher un titre de champion de France sous Laurent Blanc en 2016 ?
"Les pros, au PSG, c'était différent. Je n'avais joué qu'un seul match (NDRL : le 16 avril 2016 il avait remplacé Gregory van der Wiel à la fin du match contre Caen, ce qui lui avait permis d'être sacré champion de France). Je ne me comptais pas parmi cet effectif. Ça jouait très bien aussi. Mais je retiens surtout mon passage au FCVB sur ces des dernières saisons où on a fini en marquant beaucoup de buts, en proposant un jeu apprécié par beaucoup de gens, avec beaucoup de technique, de mouvements. Au niveau senior, et je n'ai pas peur de le dire, à Villefranche j'ai vécu mes plus belles années au sein d'un groupe de grande qualité."
Ce qui a longtemps fait votre force, ça reste ce milieu constitué avec Maxime Blanc et Rémi Sergio. Qu'est-ce qui nourrissait autant vos affinités techniques sur le terrain ?
"Sans rien enlever aux autres, notre milieu c'était vraiment notre force. On pensait le même football. On savait où on devait se déplacer, l'un et l'autre. On avait des similitudes techniques. On voulait la même chose avec le ballon. C'est pour ça que l'on s'entendait bien sur le terrain. Le fait d'avoir aussi une défense qui joue au ballon, avec Kevin Renaut ou Nicolas Flegeau, ça nous simplifiait la vie, ça rendait plus simple nos déplacements, au milieu. Et devant, chaque saison, on a toujours eu de bons attaquants. Je pense vraiment que c'était la force d'un groupe qui nous caractérisait et non pas seulement le milieu de terrain, sur le plan technique et collectif."
Vous avez connu deux entraîneurs à Villefranche, Alain Pochat et Hervé Della Maggiore. Que garderez-vous d'eux ?
"Ce sont deux profils complètement différents. Mais ils aspirent tous les deux à jouer au ballon et partagent la même idée du football. Je serai toujours reconnaissant envers Alain Pochat qui m'avait fait venir de QRM en 2019. Au final, j'ai vécu mes quatre plus belles années de football, ici. C'était un coach plus expressif qu'Hervé Della Maggiore avec qui j'ai aussi beaucoup accroché pendant deux et demi. On a fait deux barrages. Finalement, les deux coaches m'ont fait confiance. C'est super important."
"La victoire contre Béziers (5-2, en août 2019, à Armand-Chouffet), restera comme l'un des moments les plus forts vécus avec Villefranche. J'avais la sensation d'un match parfait avec de la maîtrise dans tout ce que nous faisions : sorties de balle, combinaisons au milieu…"
Sur ces deux barrages perdus face à Niort (3-1 à l'aller, 0-2 au retour) en 2021 puis contre QRM (1-3 et 2-0) la saison suivante, que vous-a-t-il manqué pour monter en Ligue 2, un échelon que vous avez connu à Quevilly (2017-2018) ?
"A Niort, on a eu le trac sur le deuxième match, en seconde période. On avait pourtant rien à leur envier. Il nous a manqué un peu d'expérience, de maîtrise. Le second barrage contre QRM, tout s'était joué à l'aller. On ouvre le score (par Elisor sur pénalty à la 28e), on les avait fait douter à ce moment du match. Mais ils sont vite revenus au score (par Soumaré, 30e). Le match s'est joué à cet instant-là. Si on avait tenu le score, jusqu'à la pause, la suite du barrage aurait pu être différente. Il nous avait manqué de la puissance athlétique face à cette équipe. Physiquement, ils nous étaient supérieurs. On savait pourtant qu'on aurait le ballon contre eux. Je pense que ça les arrangeait aussi ! C'était une vraie bataille tactique qui s'est jouée après notre ouverture au score."
De ces quatre saisons en Calade, quel est le match qui restera dans votre mémoire comme le synonyme d'une certaine perfection sur le terrain, collectivement ?
"Il y a plusieurs matches qui me viennent à l'esprit. Celui contre Béziers (5-2, le 30 août 2019 à Armand-Chouffet). On avait déployé un football extraordinaire. On mène 3-0 puis 4-0 à la 69ème minute. J'avais la sensation d'un match parfait avec de la maîtrise dans tout ce que nous faisions : sorties de balle, combinaisons au milieu… C'était un de nos plus beaux matches que nous avons fait sous Alain Pochat. Il y a eu aussi nos deux matches de barrages contre Niort. A l'aller, on avait sorti une prestation pleine de belles choses, collectivement."
Ce jour-là, à la mi-temps, vous êtes menés 0-1, mais on ne ressentait chez vous aucun accablement. Comme si le meilleur allait arriver…
"On avait su se parler, à la mi-temps pour renverser le match, ensuite (le FCVB l'avait emporté 3-1, buts de Maxime Blanc sur un nuage, Axel Dauchy et Paul Garita). Notre fin de championnat, avant d'aller en barrages à Quevilly, avec Hervé (Della Maggiore), avait aussi était fortes en émotions (8 derniers matches sans défaites). Là encore, on était pratiquement tout le temps dans la maîtrise. On sentait une vraie force collective."
Ce genre de sensations collectives, où l'on est dans une plénitude d'équipe, est-ce difficile, après coup, de se dire que cela ne se retrouvera sans doute pas ailleurs ?
"Pour la saison où nous avons terminé par les barrages à QRM, il faut reconnaître que le coach avait visé juste dans son recrutement offensif avec notamment Elisor, le buteur, et Dabasse à ses côtés. Au milieu, Blanc avait été remplacé par Khous, un profil un peu plus tonique mais qui rentrait aussi dans le schéma de jeu. Cette identité de jeu, cette complémentarité entre nous, ça devenait vraiment difficile de nous affronter. Et je ne sais pas si je retrouverai cela un jour, c'est sûr."
"Avec Mâcon, j'espère accrocher le haut de tableau, en N2"
A Mâcon, vous allez évoluer en National 2, un niveau que vous n'avez pas côtoyé depuis longtemps. L'objectif, avec votre nouveau club, se situe à quel niveau ?
"Il s'agira d'essayer de remplir les objectifs fixés par le président. Le club se veut ambitieux en N2 et reste sur deux montées d'affilée. J'espère faire une grosse saison avec eux, accrocher le haut de tableau, très vite. On n'y va pas pour jouer le maintien en N2. Je me projette sur l'idée d'un groupe compétitif qui sera monté par le staff. Il y a déjà de la qualité et je sais que cet été, ils voudront encore la renforcer. Ensuite, ça reste un peu l'inconnu pour moi d'être en N2 parce que ça fait sept ou huit ans que je n'ai pas connu ce niveau. Mais je sais que le foot évolue vite. ON aura, sur notre route, sans doute, des réserves professionnelles, avec de belles adversités dans toutes les équipes. Il y aura forcément de belles batailles à livrer avec beaucoup d'équipes qui viseront la montée."
En N2 quand on descend de National, on construit son appétit de jeu sur quoi ?
"Dès que je suis sur le terrain, même pour un tournoi amical, je fais tout à fond ! (rire). Peu importe le niveau, l'envie fera toujours ma force. Plus l'objectif sera élevé, mieux je me sentirai."
Revoir le National, ce serait une belle conclusion avec Mâcon…
"Cela voudrait surtout dire que j'aurais fait le bon choix. Mais il faudra procéder par étapes. Il y aura peut-être des joueurs qui découvriront ce niveau cette saison dans l'équipe. Il va falloir s'adapter au style de jeu qui sera prôné. Mais il y a tout ce qu'il faut pour construire un bon groupe, avec encore un coach qui aime le jeu (Romain Paturel)."
Propos recueillis par Ralph NEPLAZ
Correspondant local de presse.