A quoi ressemble, l'arrière-cour d'un club de National qui, en six saisons de présence à ce niveau, a peu à peu réussi à répondre aux exigences de communication d'une échelle du football français, pas tout à fait professionnelle mais qui tend à le devenir ? C'est souvent la place laissée à des parcours de vies singulières, de chances saisies au bon moment, pour monter dans le train d'un club qui grandit. Quand on suit l'actualité du FCVB, autour du Manager Général Gaëtan Mazzola, on voit souvent courir le duo Corentin Gaude et Charlène Le Droguène, la tête dans le guidon des différents supports de communication usités par les clubs de National. Et c'est ce quotidien-là que raconte Charlène Le Droguène, arrivée au club, au moment des belles heures récentes du FCVB, en 2021. Et qui, depuis, ne chôme pas vraiment, quand une saison commence.
Charlène Le Droguène, comment arrive-t-on à gérer la communication, les relations avec les médias, au sein d'un club comme le FC Villefranche-Beaujolais ?
"J'ai toujours été intéressée par le foot. Ça vient de ma famille. Je suis arrivée à Villefranche, d'abord en stage pendant plus d'un an. J'ai ensuite fait mon année d'alternance puis je suis restée au club. Auparavant, ma belle-sœur (Katia Bouhila), était chargée de communication, ici. C'est par son intermédiaire que je suis entrée au FCVB, en stage d'abord."
Ce monde-là, du foot, en National, on le perçoit comment, au début ?
"De l'extérieur, on n'imagine pas qu'il y ait autant de travail pour un club de National. Dans mon entourage, il y a des gens qui ont du mal à comprendre comment on peut être occupée à temps plein par un club de foot. Je viens d'une formation de Webdesigner. Mais à la base, je ne me destinais pas à occuper cette fonction, ici. Je n'imaginais pas que c'était possible, d'ailleurs. J'ai commencé à Villefranche, la saison du premier barrage pour la montée en Ligue 2 contre Niort, en 2021."
Se faire sa place, dans cet univers-là, cette saison-là, ça ressemblait à quoi ?
"Au FCVB, je n'ai pas eu de mal à m'intégrer, dès le début. Ça reste un monde particulier, le foot. Mais on peut y faire sa place, assez vite."
Ces premiers barrages perdus (victoire 3-1 à l'aller, défaite 2-0 au retour), face à Niort, de l'intérieur, cela avait quelle allure ?
"Il y avait un engouement incroyable autour de l'équipe ! Je me souviens du départ du car des joueurs, en direction de Niort. J'avais l'impression de voir toute la ville devant le stade Armand-Chouffet ! C'était un moment magnifique, à vivre, pour la première fois au club."
"Si montée il y avait eu en Ligue 2, beaucoup de vies allaient changer au club, la nôtre aussi"
Vous aviez la sensation d'être privilégiée, après le premier match joué à huis-clos pendant la période Covid ?
"C'était le cas. Ce qui était incroyable, dans ce match aller, c'était tout ce que les joueurs avaient accompli sur le terrain. Le match avait été magnifique. J'avais déjà vécu ça, quelques semaines avant contre La Duchère (5-1), à Armand-Chouffet, pour la fin du championnat. Je venais d'arriver et le club remportait un derby important, en National."
Au bout de cette aventure, la déception finale, a été vécue comment à votre niveau ?
"Avec les seconds barrages, la saison d'après à QRM, on a quand même vécu deux saisons intenses. Ces deux parcours, ça reste des moments rares. Même la saison passée où le club a joué le maintien jusqu'au bout, ça reste vraiment à part. A Niort, à dix minutes près, on y croyait tous. Dans ces instants, c'est un vrai bonheur d'équipe qui se prépare. Jusqu'au bout on y aura cru. On a vécu beaucoup des rebondissements, beaucoup d'émotion. QRM, c'était différent. C'était la deuxième fois que Villefranche vivait cela."
En cas de montée en Ligue 2, la vie des joueurs changeait et la vôtre aussi, quelque part. On y pense aussi ?
"Tout à fait ! Si montée il y avait eu, beaucoup de vies allaient changer au club, la nôtre aussi. A notre niveau, on voyait comment s'organisait les protocoles de Ligue 2, des choses que l'on ne fait pas en National. On devait aussi changer de stade, partir ailleurs. C'était un mélange de peur et d'excitation. C'était à la fois beau mais avec beaucoup d'incertitudes, derrière ça."
"Quand les barrages face à Niort et QRM, sont passés, on a quand eu même la sensation de vivre des moments rares pour un club"
Petite fille, vous vous voyiez dans ce rôle-là, au cœur d'un club de foot ?
"Pas forcément même si j'ai toujours aimé le foot. Ces dernières années, il y a quand même eu une belle évolution dans ce monde-là. J'ai jamais eu de soucis. Parfois, tu sens qu'il y a des gens réticents parce que tu es une fille, tu es jeune. Mais globalement, on est quand même bien acceptée. D'ailleurs, dans les clubs, il y a beaucoup de filles qui sont chargées de la communication. Et parallèlement, le foot féminin se développe aussi très vite."
Faut-il en faire en plus, pour trouver sa place, à votre niveau ?
"Je ne l'ai pas forcément ressentie de cette façon-là. Mais c'est possible. Ceci dit, ce n'est pas spécifique au foot même si ça reste un milieu majoritairement masculin. Dans d'autres milieux, il faut aussi en faire plus pour s'imposer."
Quel est le groupe, au FCVB, qui vous a le plus marqué, ces dernières années ?
"Celui des barrages à QRM (2022) avait un mental assez extraordinaire. Cette année-là, avec ce staff, autour d'Hervé (Della Maggiore), c'était vraiment quelque chose de fort. Finir barragiste, ça disait beaucoup des forces de ce groupe. Les deux matchs perdus (1-3, 2-0), c'était difficile à digérer, surtout quand il avait fallu revenir de Rouen…"
"C'est vraiment un nouveau cycle qui se met en place. Tout le monde a envie de voir cette nouvelle équipe, ce nouveau staff et ce que ça annonce pour la saison"
Quand vient l'intersaison, est-ce difficile de dire aurevoir à ceux qui partent, comme cela a été le cas avec le départ du coach Hervé Della Maggiore cet été ?
"Quand tout change et qu'on s'est attachée aux gens, ce n'est pas facile. Mais c'est le milieu qui veut ça. Il y aura toujours des changements, à chaque saison. C'est la vie des clubs de foot. Il y a souvent de l'appréhension pour savoir qui va ensuite arriver. Mais ça se passe souvent très bien. Je garde quand même un très bon souvenir d'Hervé Della Maggiore. Il était très professionnel. Le fait d'être Manager, aujourd'hui (à Bourg), je pense que ça peut vraiment lui convenir. Tout le staff était vraiment sympa. A l'image de la convivialité que je ressens dans ce club depuis que j'y suis."
L'enthousiasme qui entoure la nouvelle équipe, vous vivez ça comment ?
"C'est vraiment un nouveau cycle qui se met en place. Tout le monde a envie de voir cette nouvelle équipe, ce nouveau staff et ce que ça annonce pour la saison qui arrive. L'élan est positif tout autour du club."
A quoi ressemble votre semaine de travail, avec au bout le match du vendredi soir?
"Dès le début de la semaine, on ne perd pas de vue que le vendredi soir est l'aboutissement du travail des jours d'avant. Je suis à la fois à la billetterie et à la comm'. Pour les matchs à domicile, le gros du travail consiste à préparer les invitations, les accréditations. Pour la comm', on doit annoncer le match partout dans les affiches, les journaux, à la radio, préparer le live, gérer les réseaux sociaux. C'est beaucoup de missions en une semaine, qui se répètent à chaque match à domicile. Mais ça reste des choses différentes, malgré tout."
En cas de défaite ou de victoire, le protocole est le même pour vous. L'après-match, ça reste minuté ? C'est de l'appréhension ?
"Tout dépend des matchs. Il y a des défaites qui sont plus dures à encaisser que d'autres. Pour nous, les choses se répètent beaucoup. On a l'accueil des partenaires du club aussi à gérer, en dehors du match. On est souvent dans le speed ! Tu n'as pas trop le temps de réfléchir. Alors, on fonce. A l'extérieur, c'est une autre manière de travailler. On a toujours le live du match à faire, avec l'aller-retour dans la journée en plus."
La solidarité, entre vous, avec les autres collègues de National, existe-t-elle vraiment ?
"Elle existe vraiment. On a un groupe entre nous, où l'on échange beaucoup. On a forcément besoin des uns et des autres quand on se déplace ou que l'on accueille les gens chez nous. La FFF essaie de maintenir le lien entre tous ceux qui travaillent dans la comm' des clubs de National. On a un séminaire en début de saison pour se connaître. Et souvent, ce sont des moments importants pour la saison qui arrive. Quand on voyage dans d'autres stades, c'est aussi très intéressant de voir leur façon de fonctionner, leurs infrastructures. J'avais beaucoup aimé notre déplacement à Dunkerque, même si le club n'est plus en National."
"On fait des conférences avec le coach, chaque semaine. Romain (Revelli) n'a aucun problème à dire ce qui se passe. A Villefranche, il n'y a aucun frein dans ce domaine. Tout le monde en a besoin."
Faire comprendre aux clubs, la nécessité de laisser les joueurs s'exprimer, pour le lien avec le public, ça reste délicat ?
"Ici, non. Je ne le vis pas comme ça. On fait des conférences avec le coach. Chaque semaine. Et Romain (Revelli) n'a aucun problème à dire ce qui se passe. A Villefranche, il n'y a aucun frein dans ce domaine. Tout le monde en a besoin."
Cette saison est particulière avec la montée du GOAL FC en National et la perspective d'un derby à jouer. C'est la 6ème saison du club en N1. Est-ce que vous arrivez à filer des tuyaux à votre voisin dans vos domaines respectifs ?
"On est vraiment à côté les uns des autres. Et on a tout à gagner. Ce n'est pas dur de le comprendre. En plus, je pense que l'on n'a pas le même public."
Ce derby, ce sera un match à part à préparer ?
"On s'attend à avoir un stade plus rempli, surtout. En plus ce sera en semaine, au mois d'octobre. Donc, oui, on devra s'y préparer. Mais on a quand même des belles affiches, cette saison avec les matchs contre des anciens clubs de Ligue 1 comme Nîmes, Sochaux, Dijon. Dans une saison, ça compte."
Ralph NEPLAZ
Correspondant local de presse