"Si c'était un homme, il sortait avec moi et on faisait un contre un, à main nues". Les explications du prévenu n'ont pas vraiment joué en sa faveur. Vendredi 27 janvier, un jeune de Vaulx-en-Velin était jugé au tribunal de Villefranche pour menace de mort à l'encontre d'un agent SNCF.
C'est le mercredi précédent son jugement que se sont déroulés les faits. Celui qui comparaissait dans le box des accusés s'est présenté au guichet alcoolisé, des bouteilles de whisky et de vodka à la main, sans respecter le sens de circulation et en coupant la file pour faire une demande qui n'a pas été comprise par l'agent.
Le jeune de 18 ans lui a alors proféré diverses insultes. "Je vais te piner ta mère, je vais te tuer, je vais attendre ta fin de service, tu es un homme mort". Il a alors aussi frappé violemment sa tête contre la vitre de protection. La sûreté ferroviaire est intervenue pour le maîtriser et confirment avoir entendu les noms d'oiseau et les menaces.
Une semi-liberté pour traiter ses problèmes
Invité à s'expliquer, le prévenu a justifié sa réaction par le fait que l'agent SNCF aurait insulté sa famille. "Pourquoi j'aurais réagi comme ça ? C'est qu'il y avait une raison, a-t-il expliqué. Quand je bois de l'alcool moi ça ne me fait rien, c'est comme quand je suis à jeun."
Sa situation personnelle aurait pourtant pu l'inviter à la prudence. Sous contrôle judiciaire pour violences avec arme, il a aussi été condamné pour dégradations de biens publics, rébellion et outrages.
En rupture de soins, il a été qualifié de toxicomane et antisocial par un psychiatre qui juge élevé le risque de récidive d'infractions en raison d'une altération du discernement. Il est parti du foyer où il vivait depuis mars 2022 et vit "à la rue", selon lui, ne souhaitant pas retourner chez son père. Il a néanmoins reconnu avoir besoin de "souffler" pour entamer des démarches d'insertion par le travail, se disant "mentalement épuisé".
Peut-être sensible à sa situation, le procureur, qui a souligné un "problème d'ordre psychiatrique" et une "personnalité borderline", a penché pour un aménagement de peine afin d'éviter une prison ferme qui "empêcherait de traiter les soucis". Il a donc requis dix mois de prison dont quatre assortis d'un sursis probatoire et une semi-liberté pour les six mois restants.
Une position plutôt saluée par la défense du prévenu. Le tribunal l'a condamné à huit mois donc deux avec sursis et mandat de dépôt le temps de mettre en place un régime de semi-liberté pour six mois. Constitués partie civile, la victime et l'agent SNCF connaîtront leur dédommagement le 2 mai prochain.