C'est dans une ambiance studieuse, très loin de l'euphorie qui régnera sans doute dans la nuit du mercredi 15 au jeudi 16 novembre dans le Beaujolais et ailleurs en France et dans le monde, que 85 dégustateurs – des œnologues en majorité, mais aussi des acteurs de la filière vitivinicole, ont jugé 289 échantillons de beaujolais et beaujolais-villages nouveaux 2023, rouges et rosés (14 cuvées) à l'occasion du Trophée des beaujolais nouveaux ce samedi 11 novembre au domaine des communes à Anse.
De la richesse et de la fraîcheur dans les vins
Un Trophée comportant quelques évolutions cette année (lire encadré), mais toujours placé sous le signe de la dégustation (à l'aveugle) et la découverte des primeurs dont plusieurs dégustateurs, interrogés entre deux sessions de dégustations, ont apprécié les profils. "Les vins sont riches, ronds et pleins. C'est une bonne mise en bouche. On a ressenti la fraîcheur des primeurs qui reflètent bien le gamay", a commenté Pascal Dufaitre, président de sa table de jury. Le climat a bien fait les choses mais pour certaines cuvées on ressent le travail et l'investissement du producteur aussi bien à la vigne qu'au cuvage."
Si les membres du jury n'ont pas connaissance de l'une des deux appellations au moment de juger et noter la cuvée, pour l'ancien responsable du domaine viticole du château de Pizay à Belleville-en-Beaujolais, il n'a pas été facile de déceler un beaujolais nouveau d'un beaujolais-villages nouveau. "La différence n'est pas aussi flagrantecette année".
"On retrouve vraiment ce côté primeur qu'on n'avait peut-être pas en 2022."
En tant que président de l'Union des œnologues de Bourgogne Centre-Est et habitué de ce rendez-vous, Alain Siodlak a aussi apprécié le millésime 2023, malgré qu'il ait remarqué une certaine hétérogénéité qualitative parmi les échantillons de sa table de jury. "Mais les vins sont sur le fruit. On retrouve vraiment ce côté primeur qu'on n'avait peut-être pas en 2022. Les tanins sont soyeux et agréables en bouche, avec une belle longueur."
Nina Chignac, évaluatrice certification à Alpes Contrôles, et son conjoint Gabriel Peny, spécialisé dans le conseil en restauration à Lyon, n'ont pas boudé leur plaisir. Pour sa première participation au Trophée des beaujolais nouveaux, le Lyonnais s'est dit "agréablement surpris par la qualité des vins, dotés d'une belle concentration. Pour une première à ce concours dont l'organisation est limpide et accessible, je ne suis pas déçu".
Sa table de jury a d'ailleurs accordé une Grande médaille d'or à l'une des cuvées. Le palmarès complet du Trophée des beaujolais nouveaux, édition 2023, sera dévoilé dans la journée de lundi.
Le Trophée, sans Lyon et au pluriel
Nouveau nom, nouveau logo, nouvelle identité visuelle et nouveau site internet. L'année 2023 est celle du changement pour l'Union des œnologues de Bourgogne Centre-Est, organisatrice du Trophée des beaujolais nouveaux, encore appelé Trophée Lyon beaujolais nouveau il y a un an. "On a choisi de retirer la mention Lyon car depuis trois ans le trophée se déroule à Anse, en plein cœur du Beaujolais. Il avait été nommé ainsi à l'époque pour faire la promotion des primeurs à Lyon", explique Hélène Granger, œnologue et membre de l'équipe organisatrice du Trophée.
En cohésion avec la stratégie d'Inter Beaujolais, les organisateurs se sont appropriés l'identité visuelle de la campagne des beaujolais nouveaux 2023, assez similaire à celle de 2022, au moins pour le choix des couleurs, et ont choisi de mettre en avant la mention "beaujolais nouveaux", pour confirmer la diversité des vins nouveaux. "Le Trophée est toujours prisé avec un nombre d'échantillons légèrement supérieur à l'an dernier, soit l'équivalent de la moitié des volumes produits en primeur. Ce qui est intéressant, c'est d'avoir des œnologues d'autres régions viticoles qui jouent ainsi le rôle d'ambassadeurs du Beaujolais là où ils exercent leur activité", appuie Hélène Granger.