Tous l'ont reconnu sans le moindre doute. Vendredi 27 janvier, Kevin T. était présenté dans le box devant le tribunal de Villefranche, en présence de quelques-unes de ses victimes. Car au total, ils étaient huit à se porter partie civile dans ce dossier. Celui d'un homme aux frasques et violences verbales ou physiques multiples pendant plusieurs mois à Villefranche.
Le prévenu a menacé de mort une riveraine qui promenait son chien le 14 juin 2022. Une habitante à laquelle il s'en est de nouveau pris le 19 novembre dernier, lui lançant des morceaux de goudron qui ont atteint des enfants à proximité. Un jour "prolifique" où il avait aussi tenté de dérober des lunettes au magasin Optical Center et des roses au Jardin des fleurs, donné des coups dans la portière d'une voiture et menacé de brûler le local d'un commerçant.
Le 2 novembre, il avait également dérobé des boissons dans un Carrefour City. Idem le 23 novembre dans un autre supermarché de Villefranche. À ces faits de vol, il faut ajouter de nouvelles menaces de mort et un nouveau coup dans une portière à Gleizé le 20 novembre, un coup dans le dos d'un passant rue Nationale le 9 novembre et des violences à Arnas le 16 novembre.
"Beaucoup de personnes me ressemblent à Villefranche"
Sur tous ces faits, le prévenu a plaidé le trou de mémoire et la confusion. Confronté au témoignage de la victime insultée et menacée en juin et novembre, qui l'a formellement identifié, il a joué la carte de la provocation. "Beaucoup de personnes me ressemblent à Villefranche", a-t-il lancé.
Même défense pour les vols dans les supermarchés alors même que les caméras de vidéosurveillance le montrent en train de commettre ses méfaits. "Qu'est-ce qu'il y a comme menteurs à Villefranche", a rétorqué ironiquement la présidente, Sonia Maffioli.
L'homme frappé dans le dos rue Nationale a raconté avoir pris un coup de poing à l'arrière de la tête pour une cigarette refusée. Concernant les violences sur voitures, le même modus operandi à chaque fois : il se poste sur la voie devant les véhicules et quand ces derniers le klaxonnent, il disjoncte, insulte, menace et donne des coups sur la carrosserie.
Suivi par des psychiatres, Kevin T. dit lui-même vouloir être interné à Saint-Cyr. Sa personnalité a été passée au crible. Employé comme chauffeur de bus à Lyon, il est en accident de travail depuis le 17 octobre 2021 une agression subie qui l'aurait plongé dans la dépression et l'alcool. Son épouse a quitté le domicile et il voit peu ses enfants.
Son casier judiciaire présente de nombreuses mentions depuis 2002 : rébellion et outrage, usage de chèques contrefaits, conduite sous état alcoolique, port d'armes ou violences conjugales. Les psychiatres le décrivent en "dépression sévère" en raison d'un "stress post-traumatique" consécutif à l'agression subie. Adopté, il a vécu une adolescence "compliquée".
L'avocat de deux des parties civiles, Maître Guillaume Vannespenne, a souligné la répétition des événements. "Quand c'est une fois, on pourrait dire que c'est un malentendu, deux fois une coïncidence, mais dix-sept fois, il faut arrêter de se moquer du monde ! Personne ne se connaît dans ce dossier, et pourtant tout le monde le reconnaît", a-t-il argumenté, réclamant des dommages et intérêts pour ses clients.
Le procureur, Henry de Poncins, a mis en avant la "mauvaise foi" du prévenu et requis douze mois de prison dont six avec sursis, mandat de dépôt et obligation de soins. L'avocate de Kevin T. a plaidé l'errance de son client et la honte que celui-ci éprouvait face à ses actes. "Il y a un besoin de soins impératif et je ne crois pas que sa place soit en prison", a-t-elle ajouté.
S'il a formulé des excuses en fin d'audience, le quadragénaire passera tout de même par la case pénitentiaire puisque le tribunal a suivi les réquisitions du parquet. Il devra aussi payer plusieurs amendes pour ses multiples dégradations.