"Avec Philippe Bardet, on a appris à se connaitre, à partager nos idées et à décider. Je passe de pilote à copilote, tout en continuant à œuvrer avec la même énergie. Félicitations et surtout bon courage." C'est par ces mots que Daniel Bulliat a rendu son tablier de président d'Inter Beaujolais, pour le remettre à celui qui a été son vice-président pendant trois ans, Philippe Bardet.
Dans le cuvage des Compagnons du Beaujolais à Lacenas, le vigneron de Beaujeu a formulé son dernier rapport moral, synonyme de bilan pour ses trois années de présidence, certaines actions engagées étant néanmoins toujours en cours. "Après la mandature de Dominique Piron et David Ratignier, nous nous étions fixé un cap et nous l'avons tenu malgré des perturbations avec le Covid et la guerre en Ukraine", a-t-il introduit, avant de développer ses thèmes de travail.
Daniel Bulliat assure que le Beaujolais redevient incontournable auprès de la nouvelle génération de consommateurs. "On a souvent répété que le Beaujolais prenait un S car il y en a plusieurs. On peut dire qu'il prend un B majuscule car ce sont des grands vins".
Pour pallier au départ à la retraite de la moitié des viticulteurs et viticultrices dans les dix ans à venir, le projet commun de renouvellement des générations en Beaujolais incarne plus que jamais un enjeu majeur. "Le problème de la transmission des exploitations devient récurrent malgré la reprise de vignobles et une demande forte pour nos vins. Des vignes ne trouvent pas preneur", s'inquiète Daniel Bulliat.
En matière de transition agroécologique, le nouveau vice-président d'Inter Beaujolais souligne une forte dynamique, "portée par cette nouvelle génération qui veut cultiver autrement et mettre en valeur ses grands vins de qualité. […] Les consommateurs attendent des efforts de notre part dans notre façon de produire et élaborer nos vins". Il insiste sur la nécessité de poursuivre la restructuration du vignoble. "On voit que le Beaujolais change de paysage avec des vignes palissées et des sols qui retrouvent vie. La démarche agro-environnementale demande courage et passion."
À l'image de son président Philippe Bardet, le vigneron de Beaujeu a évoqué la compétitivité des entreprises, rendue possible selon lui grâce à la valorisation et la diversification. "Dans les dix ans, on peut espérer vendre entre 30 000 et 40 000 hl de beaujolais rosé et 50 000 à 60 000 hl de beaujolais blanc".
Enfin, Daniel Bulliat a conclu son ultime rapport moral sur son leitmotiv : "le bien travailler ensemble". "Quand on travaille ensemble, on gagne. On devrait penser collectif. L'addition de nos compétences et nos performances feront un vignoble plus fort demain. Il y a aussi une confiance totale entre les élus du territoire et notre filière viticole. Le Plan Beaujolais restera la plus grande réussite depuis 2016 avec soutien des collectivités locales. Ce plan a permis une concertation et dynamique nouvelle, des investissements importants sur notre outil de production, des aides à la promotion et à la commercialisation."