Quels arguments ont permis de convaincre Amaury Sport Organisation de vous accorder une étape du Tour de France ?
Il faut replacer le contexte. ASO est en permanence sollicité par 250 collectivités, communes ou intercommunalités, pour accueillir une étape du Tour de France. Ils ont un choix assez immense et sont guidés par deux choses. Le premier, ils choisissent des territoires qui aiment le vélo dans toutes ses dimensions. On s'est positionné depuis de nombreuses années en accueillant une dizaine de fois une étape du Paris-Nice et le Tour de l'Avenir. La deuxième raison : c'est le circuit, qu'il corresponde au Tour envisagé. Il y a un nombre important d'étapes en Auvergne-Rhône-Alpes. Nous avons aussi, depuis de nombreuses années, d'excellentes relations de confiance avec ASO. Avec ces 100 km dans le Beaujolais, dont 17 sur les 35 communes de la CCSB seront traversées, ASO a voulu récompenser le territoire. Au-delà de la communauté de communes, c'est pour la notoriété du Beaujolais que nous avons fait cet investissement. Et les quatre communautés de communes du Beaujolais ont répondu présentes à nos côtés, pas uniquement financièrement.
Accueillir un tel événement, c'est forcément un investissement important. À combien se chiffre-t-il ?
Une arrivée et un départ, c'est 300 000 €. L'arrivée seule, c'est 200 000 €. C'est le prix à payer à ASO. Ensuite s'ajoutent des frais indirects pour la mise en place de l'arrivée. La CCSB prend en charge les coûts liés à l'arrivée et quelques coûts induits. Les communes traversées financent leurs animations. Et beaucoup d'entreprises de notre territoire seront à l'arrivée en prenant position dans un espace qui leur sera dédié. On a voulu impliquer tous les acteurs du territoire qui le souhaitaient.
"Nous visons une étape du Tour de France féminin"
Quelles seront les retombées possibles ?
Le Beaujolais est de plus en plus attractif en termes de notoriété. En 2022, la taxe de séjour, qui est une mesure fiable de la notoriété et de la fréquentation, a augmenté + 40 % par rapport 2021 et 2019. C'est un réel investissement qu'on va mesurer dans les cinq années à venir, avec une hausse similaire. Il faut savoir qu'il peut y avoir jusqu'à 1 milliard de téléspectateurs et pas uniquement des fans de vélo, mais des personnes attentives aux paysages et patrimoine.
Avez-vous la volonté, à moyen terme, de pérenniser ce type d'événement sur le territoire ?
Pour le Tour de France, ça s'annonce compliqué. Mais avec ASO, nous souhaitons poursuivre nos liens et nous visons une étape du Tour de France féminin. C'est une course qui commence à avoir une réelle notoriété. Je ne sais pas si nous y parviendrons mais nous postulerons pour accueillir une étape sur le territoire. Paris-Nice ? On renouvellera notre candidature. Ça permet d'entretenir dans la mémoire collective le fait que nous sommes un territoire de vélo. C'est un sport populaire, qui nous convient bien.
Cet événement symbolise aussi une volonté de la CCSB de développer la pratique du vélo sur le territoire. Quid de votre politique vélo et des projets attenants ?
Parmi les projets, on retrouve l'aide à l'achat de vélo, électrique ou non. 50 000 € avaient été budgétisés et cette ligne a été totalement consommée en très peu de temps seulement. C'est un véritable succès qui répond à cette envie de pratiquer du vélo et je pense sincèrement que le vélo électrique a changé fondamentalement l'utilisation qu'on en fait au quotidien. Il faut en tenir compte dans l'aménagement du territoire. Nous avons déjà réalisé un premier schéma vélo, sur quatorze communes autour de la voie verte, reliant Belleville à Beaujeu. À chaque fois que nous aurons des travaux de voirie importants, nous réfléchirons à mettre en place une piste cyclable. Le deuxième plan est en cours de réflexion et concernera les 21 autres communes. Nous aurons un schéma complet de développement du vélo mais il ne faut pas se leurrer : il est coûteux. La première partie représentait 15 M€. C'est un schéma qui demandera du temps et qui ne sera pas terminé avant la fin de cette mandature. On veut aussi réhabiliter la voie du tacot en vélo, ce qui nous permettra d'avoir une colonne vertébrale. C'est un projet que l'on va rendre prioritaire avec des financements croisés entre l'État, la Région, le Département, la communauté de communes et les communes.
À Trades, sur la commune de Deux-Grosnes, on note également l'aménagement d'un espace de loisirs avec notamment un parcours de cyclo-cross. Quelles sont vos ambitions pour cet espace ?
C'est un projet qui va se terminer dans les semaines à venir, avant la fin de l'été. Une association va gérer cet équipement. L'idée, c'est d'accueillir des courses de cyclo-cross. Un équipement comme celui-ci, il y en a très peu en France. C'est d'autant plus intéressant que nous pourrons accueillir des entraînements, des compétitions et des chambres d'hôtes, gérées par la commune de Deux-Grosnes, seront à proximité. Ce qui nous a aussi poussé à réaliser cet équipement, c'est l'équilibre territorial. Le Beaujolais Vert doit aussi être mis en avant sur le plan touristique.