Il permet par la même occasion de guider les publics vers des patrimoines méconnus, qu'il convient d'approcher enfin pour mieux les connaître et les (re)découvrir.
Cette édition sera donc l'occasion d'explorer des lieux jusque-là inédits, de découvrir ou redécouvrir le patrimoine de notre région.
Tout le programme sur www.journeesdupatrimoine.culture.fr, www.culturecommunication.gouv.fr/regions/drac-rhone-alpes.
http://www.livresemcc.com/le-patrimoine-du-xviiie-siecle-en-rhone-alpes-detail
Philippe Branche - La passion de l'histoire et du patrimoine
Quand on évoque le patrimoine et l'histoire de Villefranche, il y a forcément un moment où le nom de Philippe Branche arrive dans la conversation. "L'homme à qui parlent les pierres", comme l'avait surnommé un journaliste il y a près de vingt ans, continue inlassablement à sonder les mémoires pour parfaire sa connaissance de l'histoire locale et la transmettre aux autres.
Il est des passions qui vous prennent dès le plus jeune âge et qui déterminent le parcours d'une vie : celle de Philippe Branche pour l'histoire l'a mené là où il est. "Je ne suis jamais passé par la case pompier quand j'étais gamin, note-t-il avec humour, j'ai toujours voulu être archéologue." Alors qu'il est élève au collège de Limas, un de ses professeurs, Louis Fraisse, crée un club d'archéologie auquel il adhère. "Tous les samedis matin, on partait en car faire des fouilles à la Dame Blanche à Anse, à proximité du château." Arrive l'époque de la Fac où il choisit tout naturellement l'histoire de l'art – archéologie. "Je rêvais de pyramides, mais les élus sont peu nombreux." Il obtient sa licence, qu'il fera suivre d'une licence d'histoire, allant jusqu'en maîtrise, mais sans la valider, n'ayant jamais rendu de mémoire.
Une expérience du commerce
Pendant ses études, il ne perd pas le lien avec Villefranche, continuant à vendre des fleurs au marché avec ses parents. Il découvre alors le livre de Claudius Savoye sur le Beaujolais préhistorique. "Je m'étais toujours intéressé aux mégalithes ; cent ans après lui, je suis parti à la recherche des lieux qu'il a décrit dans son ouvrage." Il travaille toujours au marché avec sa mère et reprend avec elle et sa jeune sœur le tabac-presse en face de Notre-Dame, rue Nationale ; ils ouvrent un autre magasin de presse dans la nouvelle galerie marchande de Casino qui vient de se créer. "Deux ans après, on a tout vendu et on a repris le tabac au premier niveau du centre commercial de la Part-Dieu ; on a tenu cinq ans, cinq ans d'enfer, ça m'a bien dégoûté du commerce à vie." Après la Fac, il n'a jamais arrêté ses recherches. Sa rencontre avec Marie-Louise Odin, à l'occasion d'une exposition à la médiathèque sur Claudius Savoye, va lui donner un nouvel élan. "J'ai commencé à lui apporter mon aide pour sa revue Résurgences et j'ai fait la connaissance de Me Pinet, qui m'a introduit à l'Académie de Villefranche." Il y donne sa première conférence en 1996 sur les lieux et légendes en Beaujolais et en devient membre titulaire. Marie-Louise Odin l'incite à mettre son travail par écrit, ce qu'il fera une première fois en 2000 dans "Cenves et ses environs". A la même époque, il revend le tabac de la Part-Dieu et suit une formation en infographie.
Le travail le rapproche de Villefranche
Après une courte aventure dans le domaine de l'internet, il intègre l'équipe du musée Paul Dini qui vient d'ouvrir ses portes. "On était une jeune équipe, on a passé de bons moments là-bas, on était très indépendants." Mais sa passion pour l'histoire est toujours aussi forte. Il sort un nouvel ouvrage sur Villefranche et ses environs en 2001 et rejoint l'équipe de la Maison du patrimoine, récemment installée rue Roland. En 2003, il sort un livre sur les "Poèmes pour des sites à légendes d'entre Saône et Loire", tout en poursuivant son travail avec Résurgences. En 2009, c'est l'histoire de Gargantua et des légendes sur les géants en Beaujolais qui l'inspirent, puis en 2010 il en revient aux pierres avec "Des Pierres et des humains, rencontres en Beaujolais". Son travail à la maison du patrimoine le rapproche de Villefranche et de son histoire. Fin 2011, il participe à un ouvrage sur les conscrits aux éditions du Poutan, avec qui il continue de collaborer. Un projet de livre sur les remparts de la Calade est en cours. "Cela fait longtemps que je m'intéresse au sujet, j'ai amassé une montagne d'informations qui ont été la base d'une exposition de la Maison du patrimoine."
Journées du patrimoine : des portes ouvertes
Pour un féru de secrets comme lui, un événement comme les Journées du patrimoine ce week-end présente plusieurs avantages. "Déjà cela amène du public qui en temps normal n'aurait pas poussé la porte d'un musée, d'un lieu historique, en particulier les gamins qui le font souvent de manière forcée, mais au moins ils viennent. Mais certaines portes ne s'ouvrent aussi que ce jour-là : à Villefranche, par exemple, certaines cours gardées fermées par leurs propriétaires ; on pourrait aller encore plus loin comme une visite du sous-sol de Villefranche par les berges du Morgon." Le Beaujolais, le Mâconnais, le Brionnais, le Charolais n'ont plus de secrets pour lui ; il a un dossier sur chaque commune du Rhône et a épluché tous les documents historiques sur les villages du Beaujolais. Même l'histoire récente de Villefranche et de son architecture lui est plus que familière. Tous ces renseignements, c'est le projet d'une vie, qui ne s'achève jamais, mais qu'il espère, pourquoi pas, coucher un jour sur le papier. "J'aimerais faire un dictionnaire des légendes, coutumes, traditions et patois du Beaujolais et de la région ; j'ai de quoi faire un gros pavé, il ne me manque plus que la motivation pour le rédiger."
Fabrice Petit