À la barre du tribunal correctionnel où il était jugé le 18 juillet pour son évasion, le prévenu, apparemment effaré de constater la présence d’un public dans la salle d’audience, a demandé à la présidente du tribunal de prononcer le huis clos. "Je suis ici dans une relation exclusive avec la justice. Le public n’a pas à connaître les détails de ma personnalité".
Après une suspension d’audience, cette demande avait été rejetée. Avec un aplomb étonnant, le jeune homme s’était alors adressé directement aux personnes présentes : "Je vous demande de quitter la salle". Sans succès.
L’audience ayant repris son cours, le jeune homme, âgé de 21 ans, a expliqué avoir été giflé à deux reprises par un surveillant pénitentiaire. N’ayant pu supporter ces brimades, il s’était évadé le 15 juillet en escaladant le grillage de la cour de promenade du quartier de la prison réservé aux bénéficiaires d’un régime de semi-liberté.
Il avait rejoint, par le train et en auto-stop, le domicile de sa mère à Digoin (Saône-et-Loire) où il était arrivé dans la soirée du 16 juillet. Un ami de celle-ci, présent sur les lieux, avait téléphoné le lendemain à la gendarmerie pour signaler la présence du jeune homme qui avait été interpellé dans la matinée, en train de passer l’aspirateur dans le logement.
Le procureur ironise sur le comportement du prévenu
"C’est la première fois que je me trouve confronté à un cas d’évasion depuis un quartier de semi-liberté, a commenté le procureur. Le prévenu avait déclaré durant sa garde à vue s’être évadé pour aller à l’hôpital et prendre un rendez-vous avec un avocat. On aurait pu penser que c’était là sa première préoccupation. Or, il n’en a rien fait et les gendarmes l’ont trouvé au domicile de sa mère en train de passer l’aspirateur. La vérité est ailleurs. Le prévenu ne supportait pas de ne pas pouvoir sortir aux horaires qui lui convenaient. C’est une histoire rocambolesque pour laquelle je requiers une peine d’emprisonnement de dix mois et la délivrance d’un mandat de dépôt."
Pour l’avocat de la défense, cette histoire était au contraire, bien crédible. "Mon client a déposé une plainte pour les violences subies au centre pénitentiaire et une enquête administrative a été ouverte à ce sujet. Il s’agit d’un jeune homme qui n’a pas d’étayage familial. Le régime de la semi-liberté dont il a bénéficié n’était pas adapté. Je sollicite qu’il soit soumis à un examen médical à son retour en détention".
Le tribunal a condamné le prévenu à une peine d’emprisonnement de trois mois, assortie de la délivrance d’un mandat de dépôt.