"Nous nous sommes inscrits dans la suite de l'action des sœurs de Saint-Joseph, explique le directeur de la structure, Xavier Bridault, qui se sont établies ici en 1862 et qui accueillaient les jeunes filles travaillant dans les filatures et maisons bourgeoises de Villefranche." Au début des années 2000, l'association fusionne avec le foyer Gambetta et devient la résidence l'Accueil, connaissant alors d'importants travaux de réhabilitation. Dans ses 98 logements, la résidence héberge entre 250 et 270 personnes, du lycéen au retraité en passant par le couple avec enfants, pour des périodes plus ou moins longues. "Le turn over moyen chez nous est de sept mois, poursuit Xavier Bridault, la base du contrat locatif est d'un an renouvelable une fois, mais cela se fait selon les chemins de vie des uns et des autres. On a toujours travaillé sur le brassage social, avoir des publics d'horizons professionnels et sociaux différents, c'est enrichissant pour tout le monde." Quand une personne arrive à l'Accueil, elle s'inscrit ainsi dans un parcours résidentiel, selon sa situation, soit elle restera le temps de trouver un logement après une mutation, un changement dans sa vie personnelle, soit elle sera entourée et aidée par les intervenants pour l'accompagner dans des démarches pour être ensuite orientée vers des bailleurs sociaux ou privés. Le dossier d'admission est simplifié, les formalités à remplir sont plus souples?; l'équipe répond à toutes les demandes en huit jours et l'arrivée peut se faire dans la foulée. De même, pour quitter le logement, un préavis de quinze jours permet au locataire de pouvoir rapidement aller vers une solution pérenne, sans être engagé sur un trop long terme.
"On peut toujours compter sur quelqu'un"
Ces différents profils, ces différents parcours, l'Accueil en regorge. Guillaume, 32 ans, est arrivé à la résidence en 2011. Technicien dans les télécommunications, c'est le travail qui l'a amené à Villefranche depuis sa Lorraine natale. "C'était une solution rapide, explique-t-il, le logement (T1 bis) était disponible tout de suite. Je ne connaissais personne en arrivant, j'ai pu me faire des relations rapidement, cela aurait été plus compliqué si j'avais pris un appartement classique tout seul." Un autre atout pour Guillaume, le restaurant et les différents services proposés par la résidence. Aujourd'hui titulaire d'un contrat de travail stable, il a décidé de voler de ses propres ailes et recherche un appartement à Villefranche ou Lyon. "Mais cela aura été une expérience très positive d'être ici." Autre parcours, celui de Mohamed. Habitant Francheville dans un appartement voué à la démolition, il a dû quitter son logement rapidement. Un bénévole lui parle alors de l'Accueil à Villefranche ; il s'y installe en avril 2011. Aujourd'hui âgé de 60 ans, il est en incapacité de travailler pour des problèmes de santé. "Je ne connaissais personne non plus en arrivant ici, commente-t-il, mais il y a une bonne ambiance et l'on peut toujours compter sur quelqu'un, plus que dans un appartement classique où on est seul, où on ne connaît pas forcément ses voisins. Il y a tous les services à disposition, la laverie, le restaurant. Les appartements sont bien équipés, meublés. Et à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit, je sais que je peux appeler si un problème de santé m'arrive. On se sent en sécurité." En effet, l'Accueil emploie dix-huit personnes, soit 14,7 équivalents temps plein, assurant ainsi une présence dans l'établissement 24 heures sur 24 tous les jours de l'année. Une solution qui a aussi rassuré Myriam, 37 ans, lorsqu'elle s'est installée ici en mars 2014 à la naissance de sa fille Marion. En rupture familiale, elle est arrivée de Lyon et a rapidement trouvé sa place. "Il y a tout à proximité, c'est l'idéal. Si je ne connaissais personne, par la force des choses, on rencontre des gens, on croise toujours quelqu'un. C'est une étape pour moi, ma fille va rentrer à la crèche en janvier et je vais pouvoir retrouver un emploi et envisager de partir pour un appartement plus grand."
Une résidence à l'image de la société, c'est ainsi que Xavier Bridault résume le mieux la définition de l'Accueil. "Les gens sont autonomes chez nous, mais accompagnés. On n'est ni un hôtel, ni une maison de convalescence ; c'est comme une auberge espagnole, chacun y trouve ce qu'il y apporte." Les résidants sont ainsi conviés à de nombreuses activités tout au long de l'année, que ce soit des ateliers de décoration, des animations festives, une participation à des actions en faveur d'associations comme Villefranche-Beaujolais-Kalarach, sachant que chacune de ces activités est conduite par les résidants eux-mêmes. "Nous faisons les choses pour nos résidants, mais aussi avec eux, ils sont impliqués dans la vie de l'Accueil."
Côté finances, la résidence dispose d'un budget d'1,2 million d'euros par an. Sa force, c'est de pouvoir s'autofinancer, grâce à ses nombreuses activités, à 90?%. L'Accueil est ainsi une véritable réussite et contribue largement à celle de ceux qui ont vécu entre ses murs et animé ses couloirs.
L'Accueil, pas seulement une résidence, un véritable lieu de vie
Si l'actuelle association l'Accueil, dont la première vocation était de fournir un logement aux jeunes travailleurs, a été créée en décembre 1970, l'histoire de ce bâtiment et cette destination ne date pas d'hier.
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