Le nombre de malades ne cesse de grimper depuis 2012. Près de 8,5 millions de Français sont aujourd'hui en état d'obésité sur le territoire, selon la Haute autorité de la santé. Considérée comme chronique, l'obésité est, selon Nadjette Guidoum, fondatrice et présidente d'Equilibr'Emoi, "un phénomène psychologique, un choc, suivant par exemple une grossesse ou un traitement".
Le problème est que les conséquences de cette maladie impactent sérieusement le corps. Comme le rappel Pierre Handrich, kinésithérapeute à l'hôpital de Villefranche : "l'obésité détruit les articulations.Normalement, les cartilages se nourrissent comme des éponges, ils chassent les déchets et imbibent les nutriments, mais en cas d'obésité, ils se dessèchent, car ils sont comprimés". La charge subie n'est donc plus supportée et les articulations souffrent.
De plus, les patients sont souvent confrontés selon Nadjette Guidoum à une forme de "grossophobie médicale, très souvent involontaire". Il lui semblait donc important de sensibiliser le personnel soignant aux effets de l'obésité.
"Je suis obligé de lever mon ventre pour monter les escaliers"
Pour cette expérience, Nadjette Guidoum s'est munie d'une tenue bien particulière : une combinaison lestée de 20 kg et pensée pour faire ressentir la corpulence d'une personne de 170 kg. Le constat est indéniable. Perte de mobilité, chaleur, épuisement, regard d'autrui, l'intervention démontre toutes les difficultés de l'obésité.
Camille Kerneis, soignante à l'Hôpital, ressentait pendant l'essayage "une sensation de lourdeur. Quand je marche, j'ai l'impression de devoir adapter mes pas". Idem pour Blanchard Coralie, aide-soignante : "Je suis obligé de lever mon ventre pour monter les escaliers". Des changements d'habitude qui s'expliquent selon Pierre Handrich, car "on va toujours au plus facile. Quand l'épaule et le bras sont bloqués, on avance le cou".
Par cette sensibilisation, les soignants perçoivent le défi de l'obésité et peuvent appréhender les besoins supplémentaires des patients. Pour y répondre, le kinésithérapeute prodigue donc les conseils essentiels pour accompagner chaque mouvement (levée du lit, descente d'escalier, etc.).
L'objectif est donc double pour Nadjette Guidoum. D'une part, cela permet de lutter contre la grossophobie médicale (la plupart du temps involontaire), soit le fait d'associer feignantise et obésité. D'autre part, c'est un gage de sécurité pour le patient et pour le soignant qui se forme aux techniques de manutention afin de prévenir tout trouble squelettique.
Des structures adaptées pour mieux vivre
La prise en charge de sa perte de poids et de son obésité a été un vrai défi pour Nadjette Guidoum. Selon ses propos sur le site d'Equilibr'Emoi, "je n'ai pas trouvé, dans la région, une structure indépendante d'accompagnement qui pouvait m'aider à mieux vivre".
De cette manière, en 2016, nait l'association qui aujourd'hui assure soutien, accompagnement, prévention et sensibilisation. Elle s'inscrit même dans le nouveau programme obésité en projet au sein du service d'hospitalisation de jour de l'Hôpital Nord-Ouest de Villefranche. L'idée est de permettre l'augmentation de la qualité de vie, ainsi que la récupération de certaines capacités. Pour cela, une piscine sera mise à disposition des médecins.
Plus d'informations : Equilibr'Emoi (equilibremoi.fr)