Difficile de manœuvrer au Clos de Beaulieu mardi 20 juin : les voitures étaient nombreuses à se garer autour du château de ce site de 30 ha, avant se diriger vers l'arrière du site. Élus mais aussi représentants du monde viticole ou agricole et acteurs de l'économie étaient tous venus assister à ce qu'Olivier et Véronique Bosse-Platière avaient sobrement intitulé "l'épisode 1" du Parc Salmanazar.
"Nous avions envisagé de faire une pose symbolique de la première pierre en petit comité mais après six mois de travaux, cela n'avait plus vraiment de sens, a souligné Olivier Bosse-Platière dans son discours. On a donc préféré nommer ce rendez-vous "épisode 1" comme une série ; si elle est bonne il y aura peut-être une suite".
Le chemin a été long pour que démarre enfin la transformation du site, ancien centre de soin appartenant à la caisse régionale de la Sécurité sociale à l'abandon depuis 2013. À sa fermeture en 2013, collectivités et communauté de commune décident de l'acquérir pour qu'il ne tombe pas aux mains de promoteurs et lancent un appel à projet.
Déjà à la tête de trois domaines viticoles – le Château de Lachassagne, le domaine Bosse-Platière et le domaine Paris l’Hospitalier – l'acquisition du Clos de Beaulieu en juin 2022 par le couple Bosse-Platière s'inscrit pleinement dans les ambitions qu'ils portent à la fois pour leur Maison de vin et pour le Sud Beaujolais, avec un projet mêlant pôle œnotechnique et parc à thème autour du vin et de l'agriculture avec chambre d'hôte, restaurant et de multiples activités.
Lier Beaujolais et Bourgogne viticole
Son attachement au territoire, Olivier Bosse-Platière, enfant du pays originaire de Lucenay, n'a pas manqué de souligner, revenant à la fois sur son histoire personnelle et celle du vignoble beaujolais. "Quand j'ai repris le Château de Lachassagne en 2007, nous étions en plein dans la période des primes d'arrachage et peu de gens faisaient comme moi le chemin de l'installation", a souligné le vigneron, rappelant que les 2/3 du vignoble des Pierres dorées avaient disparu.
La production d'appellations bourguignonnes, et notamment de crémant de Bourgogne, "dont 10 % provient aujourd'hui du Beaujolais", est pour lui un élément clé de la redynamisation du vignoble qui fait qu'aujourd'hui, "le Beaujolais retrouve ses lettres de noblesse".
D’où ce projet dont le premier volet consiste en un vaste pôle œnotechnique de 3 750 m2. Doté d'une cuverie capable de vinifier 130 ha de vignes, d'une cave à fût pour l'élevage et d'un espace de stockage et de conditionnement, le bâtiment est en train de sortir de terre et devrait être opérationnel pour les vendanges 2024.
Alliant "tradition et viticulture de demain", selon la maire de Morancé Claire Peigné, ce bâtiment est éco-conçu : semi-enterré, sa toiture comportera aussi des panneaux solaires capables de produire 300 KwC pour de l'autoconsommation et aussi de la revente. Le pôle alliera négoce, élevage et vinification d'une douzaine d'appellations beaujolaises et bourguignonnes, avec des raisins aussi issus d'autres exploitation que celles des Bosse-Platière.
"Avec ce site, ce ne seront plus les vendanges beaujolaises qui monteront en Bourgogne, mais l'inverse", glissait en souriant Olivier Bosse-Platière. Le deuxième volet, le parc oenotouristique, mettra un peu plus de temps à voir le jour ; une étude patrimoniale est en effet nécessaire car le château de Beaulieu est classé monument historique.
Cette dernière, qui sera lancée en septembre 2023 pour une durée de six mois, définira les dimensions des différentes structures prévues dans le parc à thème avant que ne débutent les travaux, avec une ouverture au grand public prévue courant 2026.