Depuis hier et le lancement officiel de cet événement planétaire, les beaujolais nouveaux millésime 2023 ont pris place dans les rayons des cavistes d'ici et d'ailleurs. À Lyon, outre les soirées et temps festifs prévus un peu partout, les amateurs de beaujolais nouveaux pourront étancher leur soif (toujours avec modération) chez de nombreux cavistes.
Installé depuis sept ans à l'angle de la rue Nicolaï et de la grande rue de la Guillotière, dans le 7e arrondissement, Alban Bellon, propriétaire d'Inter Caves Lyon, propose chaque année à ses clients de découvrir plusieurs beaujolais nouveaux depuis qu'il a débuté son activité. "C'est quelque chose de traditionnel, il y a toujours
des gens qui vont venir spécialement pour ça à la cave, le jeudi et dans les deux jours qui suivent".
Son stock de primeurs est rapidement écoulé en quelques jours. "Ces derniers temps, ils sont quand même particulièrement bons, j'espère que ce sera pareil cette année", note le caviste. Pour lui, 2022 a marqué le paroxysme de cette amélioration de qualité. "C'est le meilleur beaujolais nouveau que j'ai jamais bu, très prometteur sur les crus qui vont sortir après si la qualité est égale".
Cette année, il fera déguster trois références de primeurs durant les trois jours de fête : Les Trois Vallons
et le nouveau bio de la cave Oedoria ainsi que le beaujolais-villages vieilles vignes du château de Corcelles. "Avant, je proposais toujours un d'entrée, un moyen et un haut de gamme : cette année, j'ai décidé de changer un peu", explique Alban Bellon.
Les beaujolais nouveaux, un moment festif dans une période difficile
Les beaujolais nouveaux, tout comme d'autres manifestations festives comme la Saint-Patrick, "ont un côté festif et positif" pour le caviste lyonnais, dans un contexte marqué par l'inflation qui met en peine l'activité de la profession. En octobre 2023, la Fédération des cavistes indépendants indiquait que ces derniers enregistraient
une baisse globale de 20 % de leur activité depuis le mois de septembre 2022. "Un client qui venait toutes les semaines viendra deux fois par mois, un qui venait deux fois par mois une seule, etc", confirme Alban Bellon.
Vincent Pivot, caviste à Limas : "S'il y a un vin qui doit être abordable, c'est le beaujolais nouveau"
Même son de cloche du côté de Limas chez Midi vins, boutique tenue par Vincent Pivot. Le caviste, installé
depuis trois ans dans la rue Henri Depagneux après quinze années dans le centre-ville caladois, a enregistré une baisse d'activité de 15% en septembre et 20% en octobre. Les beaujolais nouveaux attirent chaque année une
partie de la clientèle d'habitués de sa cave, qui compte environ 15% de références issues de la région viticole.
"C'est un moment qui fonctionne toujours, mais cela ne génère pas de fréquentation en plus", note Vincent Pivot. Le caviste déguste en général 25 échantillons en compagnie d'une ou deux personnes avant de conserver trois références à la vente. "Je suis très sensible au prix : s'il y a un vin qui doit être abordable, c'est celui là",
souligne-t-il.
Les vins primeurs peuvent attendre avant d'être dégustés
Impensable pour lui de proposer une bouteille de primeur à 12 ou 13 euros. Depuis hier, il fait déguster sa sélection à ses clients durant quelques jours. Comme son homologue lyonnais, il note une évolution du goût et de la qualité des primeurs"qui suivent le réchauffement le climatique".
Tous deux rappellent que les beaujolais nouveaux peuvent attendre six mois à un an avant d'être dégustés. "Avant, on ouvrait une bouteille de primeur de l'année d'avant à Noël, mais aujourd'hui peu de gens les conservent : c'est dommage, car la qualité moyenne des vins est très bonne", glisse Vincent Pivot.