Mais les panneaux annonçant de longues périodes de fermeture pendant l'été se font de plus en plus rares. Plusieurs raisons peuvent expliquer cette tendance. En premier lieu, l'arrivée en nombre de grandes enseignes rue Nat' qui restent ouvertes toute l'année a poussé certains petits commerces, qui ont la même clientèle, à ne plus prendre de vacances trop longues, voire à les supprimer, jonglant avec le personnel pour pouvoir continuer à accueillir leur public. Mais la rue Nat' joue encore sur sa spécificité de petites boutiques différentes, familiales et accueillantes pour faire la différence, donc il faut également chercher la raison ailleurs. Le coût peut-être, d'une fermeture trop prolongée : qui dit commerce fermé dit clientèle qui va voir ailleurs. C'est d'autant plus valable chez des détaillants comme la presse. "Il y a six ou sept ans je fermais en août, se souvient Jean Laborbe, dont le commerce est situé en pleine rue Nat' en face de la collégiale, mais les clients allaient chez un de mes confrères, et certains je ne les voyais plus. Ce n'était pas simple pour qu'ils reviennent. Et pour fermer, quand on travaille avec les diffuseurs de presse, ce n'est pas facile, il faut bloquer toutes les réceptions de titres." Depuis, Jean et son épouse ont trouvé la parade : ils sont ouverts toute l'année et pendant leurs congés ils font appel à des remplaçants. "Je ne gagne rien, poursuit Jean, car il faut verser un salaire, mais je ne perds rien non plus."
Le remplacement, ou plutôt le roulement, Marie-Françoise Eymin, qui a sa boutique non loin du bureau de tabac de Jean Laborbe, l'a toujours pratiqué. "On n'a jamais fermé la boutique, explique-t-elle, on vend aussi des maillots de bain et pour nous c'est la pleine saison. Je m'arrange avec ma vendeuse, et on tourne pour prendre des vacances." Elle qui est également vice-présidente du groupement des Calades constate que, ces dernières années, la tendance est au raccourcissement de la période de fermeture des magasins en août. "C'est un avis personnel, car nous ne menons pas d'enquête auprès de nos adhérents à ce sujet, dans la mesure où nous ne donnons aucune consigne. C'est très fluctuant d'une année à l'autre, certains prennent parfois des vacances au dernier moment, surtout lorsqu'ils sont seuls à tenir leur magasin."
La fermeture, c'est aussi une perte de chiffres d'affaires. "On ne peut plus se le permettre, conclut Jean Laborbe, surtout lorsque l'on est en plein centre-ville."
Fabrice Petit
Correspondant local de presse