Depuis quelques années, c'est devenu une sorte de tradition à l'occasion de l'assemblée générale de l'ODG de l'Union des crus du Beaujolais qui s'est tenue mardi 21 février à Régnié-Durette. Sa directrice, Nathalie Chuzeville, a présenté tous les chiffres clés des dix appellations en question, pour l'année écoulée.
Une récolte 2022 déficitaire mais supérieure à 2021
En 2022, la surface récoltée s'élève à 5 676 ha, pour un volume total de 237 066 hl. C'est 16 000 hl de plus que pour la récolte 2021 (221 260 hl), mais en deçà des trois précédentes, ce qui confirme l'important pour les crus de retrouver un niveau de production plus élevé.
Comme l'a souligné Nathalie Chuzeville, les rendements varient selon les crus. Morgon, saint-amour, brouilly ou encore côte-de-brouilly s'en sortent mieux (voir tableau ci-dessous). Le volume produit en caves particulières reste majoritaire (164 024 hl, soit 69 %), tandis que les caves coopératives représentent 24 % du volume (56 024 hl), devant les vendangeoirs (17 017 hl).
Des stocks en baisse
Ce n'est pas une surprise. Les stocks s'amenuisent au fil des campagnes, en raison évidemment des faibles récoltes. Pour la campagne 2021-2022 (334 068 hl, chiffre arrêté au 31 juillet 2022), c'est une baisse de 17 % par rapport à la précédente, avec là aussi des variations plus ou moins importantes selon les crus, brouilly (39 662 hl, - 46 %) et chiroubles (11 843 hl, - 29 %) étant les plus touchés, au contraire de fleurie 48 922 hl) qui a regagné du stock (+5 %).
Ventes : le coup de la panne ?
Après une campagne 2021 euphorique, les ventes des dix crus du Beaujolais ont connu un premier arrêt, sans conséquence majeure car depuis 2016, elles sont toujours en progression. Concernant les sorties de chais, la vente négoce, qui représente 55 %, recule par rapport à la précédente campagne (143 077 hl contre 196 476 hl). Pour la vente directe, c'est l'effet inverse avec 10 000 hl supplémentaire (115 076 hl en 2021-2022). Hormis les crus chénas et côte-de-brouilly, les huit autres vendent en majorité leurs volumes au négoce (entre 52 et 64 %).
L'export se stabilise
Toujours en matière de commercialisation, les crus penchent pour la vente directe (30 %) et le réseau CHR (30 % également), devant la grande distribution (23 %) et l'export (17 %). En GD justement, les volumes vendus accusent un repli (59 208 hl en 2022 contre 67 582 hl en 2021), volumes toujours supérieurs à 2019, soit avant le Covid. À l'export, les ventes des crus se stabilisent entre 2021 et 2022 (44 678 hl), seule la Grande-Bretagne affiche une baisse des volumes importés (9 220 hl).
"Le contexte euphorique de sortie de Covid s'est apaisé"

Pour Jean-Marc Lafont, président de l'ODG des crus, cette récolte 2022, "relativement faible, a permis de consolider la belle revalorisation de nos vins entamée en 2021. Cependant, le contexte euphorique de sortie de Covid s'est apaisé pour laisser place à un marché plus réaliste". Il est aussi revenu sur la dernière récolte : "les vendanges, particulièrement tôt, nous ont permis de récolter un millésime mûr, avec un état sanitaire parfait et de produire un millésime à la fois fruité et généreux. La matière est belle, concentrée avec une très belle expression de nos teroirs et de notre cépage. Nous devons cependant reconnaître que ces cuvées 2022 furent particulièrement délicates à vinifier compte tenu des degrés élevés et d'acidités particulièrement faibles".