"Depuis ce matin, entre 90 à 95 % des personnels de la charcuterie Herta située à Lozanne sont en grève", informe Victor Rocher, élu au comité social de l’entreprise (CSE), depuis fin janvier, délégué du personnel et membre du comité d’hygiène de la sécurité et de la santé au travail, CHSST.
Ce mouvement de grève qui se tient aussi sur les deux autres sites de production d'Herta, situés à Le Meux, près de Compiègne, et à Saint-Pol-sur-Ternoise et devrait être suivi selon Michel Géraudier, syndicaliste Unsa du site de Lozanne.
Pour ces deux employés, cette mobilisation à Lozanne est inédite, d’autant plus qu’elle réunit jeunes et moins jeunes, employés et cadres. Certains parmi eux travaillent chez Herta depuis 30 ans, ne sont pas syndiqués et n’avaient jamais fait grève.
"Depuis deux ou trois ans que la direction a changé, nous avons beaucoup perdu, notamment la participation aux bénéfices et des problèmes sont apparus, par exemple des risques psychosociaux (RPS)", affirment les salariés.
Dans l’entreprise Herta, cinq syndicats sont actifs : FO, CFECGC, CFDT, Unsa et CGT. Il se trouve que des négociations salariales se sont tenues récemment et qu’un accord a été signé par les trois premiers, tandis qu'il est dénoncé par les deux autres.
Les accords salariaux, entre autres, ne sont pas acceptés. "Certains viennent travailler la boule au ventre. Il y a des licenciements et des enquêtes qui nous paraissent abusifs". Voilà ce qui motive les grévistes, qui veulent la réouverture des négociations. Mais la dernière et récente rencontre qui s’est tenue au siège à Marly-le-Roi ne laisse guère d’espoir dans ce sens.
Une grève regrettée par la direction d'Herta
Interrogée sur ce mouvement de grève, la direction d'Herta affirme regretter cette situation. "Les négociations annuelles obligatoires se sont déroulées dans un climat constructif de dialogue et de respect mutuel. La direction et les représentants des organisations syndicales se sont mis d’accord sur une augmentation, rétroactive au 1er janvier 2023, de 5,2% pour tous les salariés afin de répondre à la hausse exceptionnelle de l’inflation enregistrée en France en 2022", explique-t-elle.
De fait, comme l'accord conclu à la suite de ces négociations a été signé par trois des cinq syndicats représentatifs du personnel, Herta estime que la proposition actuelle est équilibrée, "répondant, d’une part, aux besoins des salariés, et préservant, d’autre part, la compétitivité de ses sites industriels. Il n’y aura donc pas de réouverture des négos qui sont entérinées".
Toutefois, si l’inflation moyenne entre le 1er janvier et le 31 août 2023 dépasse les 5,2%, la direction et les organisations syndicales signataires de l’accord ont prévu de se revoir en septembre de cette année, "afin de discuter de l’impact de l’inflation sur les salaires".