Les lieux traversés momentanément, ne conservent pas toujours des regrets pour toute une vie. La dernière fois que l'attaquant du Goal FC, Malick Assef, avait posé ses crampons avec ce maillot sur la pelouse du stade Jacques-Joly face à Saint-Priest, c'était un 14 mai de l'année 2022. Unique buteur de la déroute chasseloise (5-1), averti (60e), on avait pensé à cet instant que la fin de ses années sous ces couleurs-là (2019-2022), était arrivée. Cela coïncidait aussi à la conclusion d'une vie de groupe qui avait manqué le National, après avoir fait longtemps la course en tête, avec le coach Jamal Alioui. A Hyères, le projet ambitieux, plus au sud, sous le soleil, avait constitué un challenge excitant, à 28 ans, comme le train d'une chance qui ne repassera pas cinquante fois dans une carrière.
Fabien Pujo, son coach : "Le projet N1, a été convaincant, pour le faire revenir au club, cet été."
Entre lui et le coach Fabien Pujo, une sorte de chassé-croisé s'était opéré, non sans regrets, pour le technicien du Goal FC. "On s'est loupés l'an dernier avant son départ à Hyères. Je voulais qu'il reste mais c'était important pour lui, en tant qu'homme qu'il découvre Hyères", a reconnu Pujo, ce jeudi, questionné sur ce moment où les deux hommes avaient manqué leur première rencontre, remise à plus tard, comme si l'histoire avec le Goal FC n'avait jamais été fermée pour Malick Assef. Pujo encore : "Le projet N1, a été, ensuite, convaincant, pour le faire revenir au club, cet été. Je découvre surtout un mec entier, là pour se faire plaisir dans le groupe. On a écrit une première page de l'histoire du club l'an dernier et je pense qu'aujourd'hui, il a envie de participer à la seconde page de cette histoire avec la faculté à se maintenir dans ce championnat difficile". Assef, a donc ramené son sourire dans une maison où il ne reste que comme voisins de sa dernière saison (2021-2022), le gardien Philippon, le milieu Lemaitre…Sur ce retour au club, il souligne : "J'ai retrouvé une famille dans la même maison. Les voisins ont changé mais ça, c'est la vie du foot. Le plus important dans le foot c'est l'aspect humain."
"Dans la vie d'un homme, il faut savoir se mettre en difficultés. C'est ce que j'ai fait en allant à Hyères, la saison dernière"
Le passage à Hyères – six buts en 24 rencontres disputées, pas le plus vilain des parcours… - est rangé dans la boite à souvenirs. Il dit le bonheur de revenir dans un décor familier, sécurisant : "Avoir ses proches, la famille, quand je joue, ça aide forcément aujourd'hui. A Hyères, je n'avais plus tout ça. Mais dans la vie d'un homme, il faut savoir se mettre en difficultés. C'est ce que j'ai fait." Un attaquant excentré, dont l'activité, la verticalité peuvent percer bien des blocs défensifs, en National, dans une saison à mille découvertes qui n'en sont plus vraiment pour lui. Face au Red Star, pour son retour sur la pelouse de Saint-Priest, le dernier souvenir sous le maillot de Goal FC n'était plus qu'un lointain souvenir, vendredi dernier. Il a marqué, le premier but des siens, en ayant senti que la percée de Socka embarquant l'axe de la défense audinoise ouvrirait une brèche idoine pour ouvrir le score en renard des surfaces (1-0, 19e). Puis il aura tenté un lob du milieu de terrain sans la chance de cadrer, peu après, signe de la confiance du moment, dans un collectif qui demande des prises d'initiatives pour vite être à la hauteur du National.
"En National, il faut monter l'exigence d'un cran ou deux… On tombe sur des équipes très athlétiques. A côté de ça, il faut en faire plus dans la prépa' invisible…"
Et son coach Fabien Pujo de faire le portrait-robot d'un parfait équipier qui ne pense pas à sa pomme : "Il est généreux. C'est un joueur d'équipe. Il tend à prendre des initiatives dans la vie de groupe. Dans son registre, cette verticalité, c'est ce qui fait la différence dans le foot aujourd'hui. On espère qu'il conservera l'efficacité dont il a fait preuve contre le Red Star, et qu'il pourra améliorer ses stats de sa dernière saison au club, en N2." Une saison à dix buts pour 24 feuilles de match de N2, ça vous pose une réputation, à Goal FC. Mais à ce niveau-là, une échelle nouvelle, le National, la concurrence sera toujours le moteur de tout ce qui arrivera. Dans le 4-3-3 de Pujo, si modulable, il n'avait pas débuté à droite de l'attaque à Orléans, jour 1 de la découverte de la N1. Son tour viendrait déjà, le jour 2, face au Red Star. Assef ne s'embarrassera pas avec le frein à main quand il s'agira de saisir sa chance. Une garantie pour demain, à Epinal, et les jours d'après. La recette pour tenir la cadence, on dirait qu'il l'a déjà enregistrée : "En National, il faut monter l'exigence d'un cran ou deux… On tombe sur des équipes très athlétiques. A côté de ça, il faut en faire plus dans la prépa' invisible, bien dormir, bien manger, être plus sérieux",avant d'ajouter, le sourire de son coach pas loin : "D'un point de vue plus personnel, on est devenu plus mature." Le prix de la constance attendue pour survivre en National.
Ralph NEPLAZ
Correspondant local de presse.