Municipales : un vrai séisme politique à Saint-Georges

Mais combien auraient parié sur une défaite?? Solidement implanté localement, président emblématique de la défunte communauté de communes Beaujolais Vauxonne, il apparaissait il y a encore quelques mois comme indéboulonnable.
C'était sans compter sur une dissidence au sein de sa majorité municipale et une candidature surprise venue de son adjointe aux affaires scolaires. Sylvie Epinat a entraîné avec elle plusieurs conseillers sortants, affichés comme des déçus de la politique et surtout de la gestion d'équipe de Patrick Baghdassarian. Une prise de risque initiale, un pari gagnant au final.
La liste "Un nouvel élan pour Saint-Georges" a recueilli 52,96?% des suffrages, soit 116?voix de plus que la liste "Pour Saint-Georges" (47,04 %). Un résultat serré annoncé au terme d'une attente interminable pour les centaines des personnes rassemblées dans la touffeur d'une salle municipale prise d'assaut. Il était alors 20 h 04 et chacun avait la sensation de vivre un mini-séisme en matière de politique locale.
Patrick Baghdassarian affichait un sourire crispé tandis que ses colistiers ne semblaient pas réellement comprendre ce qui venait de se produire. Contraste saisissant avec le visage radieux affiché par Sylvie Epinat, félicitée de toutes parts. "Je crois qu'il s'agit d'un très grand moment pour tous les Reneimois, qui affichent toujours un profond attachement à leur commune. C'était une bonne chose qu'ils aient le choix. J'ai reçu beaucoup de soutien pendant cette campagne, qui a débouché sur une très belle aventure humaine avec l'ensemble de mes colistiers, a déclaré Mme Epinat. C'est également historique pour Saint-Georges-de-Reneins, avec pour la première fois une femme maire de la commune."

Baghdassarian : "Ils ont joué le dénigrement"

Pour le maire sortant Patrick Baghdassarian, la pilule est dure à avaler. "J'éprouve forcément de la déception mais aussi un peu d'incompréhension", déclare-t-il au lendemain de sa défaite. "Nous avions un programme ambitieux, sans hausse d'impôts, a priori intéressant pour les citoyens dans une période où les budgets publics sont très serrés", défend M. Baghdassarian, qui se dit "triste pour mes colistiers" qu'il décrit comme "complètement démontés dimanche soir". Le maire sortant critique vertement l'attitude de la liste adverse. "Nous avons voulu faire une campagne "propre" et digne alors qu'ils ont joué la carte du dénigrement permanent, avec notamment un tract infamant deux jours avant l'élection."
Patrick Baghdassarian présidera vendredi en fin de matinée le conseil qui devrait officiellement entériner la victoire de Sylvie Epinat. Avant de prendre un peu de recul après cette gifle politique. "Je vais en profiter pour me reposer", glisse-t-il. Quant à savoir si c'est lui qui prendra la tête du groupe de six élus de l'opposition, rien n'est moins sûr. "La question n'est pas tranchée", coupe-t-il. A 66 ans, après quatre mandats dont deux d'adjoints et un de maire, aura-t-il vraiment envie de repartir à zéro ?

Julien Verchère