La France manque de médecins généralistes, et le Conseil national de l'ordre des médecins vient de tirer la sonnette d'alarme à l'occasion de la publication d'une étude pointant du doigt les secteurs géographiques les plus sensibles.
Dans le même temps, l'UFC Que Choisir a publié sur son site internet la carte interactive de ce qu'elle appelle "l'intolérable fracture sanitaire". C'est à partir des données extraites de ce document que nous publions la carte ci-contre, en ayant effectué un zoom sur le Beaujolais Val de Saône. Dans notre région, le constat est simple : si le Val de Saône et le sud du Beaujolais ne manquent pas de médecins, les délais d'attente s'allongent (parfois en même temps que les trajets) en Val d'Azergues et dans beaucoup de communes du Beaujolais viticoles. Quant au Haut-Beaujolais, il ne s'en tire pas si mal que cela.
Attention, cette photographie prise à l'instant T pourrait bien évoluer dans les prochaines années, et pas dans le bon sens pour les habitants.
"Pour l'instant, 5 % de la population se trouve dans un désert médical et 20 % environ ont un accès difficile aux médecins. Pour les années à venir, ces pourcentages risquent d'exploser à cause du vieillissement de la population de médecins et leur départ massif à la retraite", analyse Mathieu Escot, chargé de mission santé à l'UFC Que Choisir.
La fracture s'accroît
Les cas de situations tendues se multiplient. A Cercié, où un médecin vient de cesser brutalement son activité, un seul généraliste occupe un cabinet apparemment susceptible de procurer de l'activité à trois médecins. Le médecin restant a reçu l'appui du pharmacien local pour trouver rapidement un second docteur. "On s'est partagé le travail. A la pharmacie, nous sommes une équipe, j'ai donc un peu plus de temps pour m'occuper de lancer des annonces", explique Alexandre Seguin. "Il a fallu prendre le taureau par les cornes. Car le système est fragile. Avec la hausse de la population, le nombre de patients augmente logiquement", ajoute-t-il. Plusieurs candidats se sont fait rapidement connaître, et Cercié devrait retrouver un second généraliste avant la fin de l'année 2012.
Le pharmacien estime que la proximité avec l'axe nord-sud joue un facteur décisif dans la décision des médecins de s'installer ou pas dans la région. "A moins d'un quart d'heure de l'autoroute, cela demeure possible de recruter rapidement, surtout dans le cadre d'un cabinet avec plusieurs médecins. Mais plus à l'écart et avec la perspective de travailler seul, cela s'annonce de plus en plus compliqué", schématise le pharmacien de Cercié. Avec le risque de voir les inégalités entre territoires se creuser en Beaujolais Val de Saône, et la fracture sanitaire s'accroître d'année en année.
Julien Verchère