AccueilACTUALITESViticulturePiégé dans une bulle caniculaire, le Beaujolais suffoque

Piégé dans une bulle caniculaire, le Beaujolais suffoque

Depuis plus d'une semaine, le mercure ne cesse de grimper dans le territoire : vigilance et quête de rafraîchissement sont au cœur des préoccupations face à une situation vouée à se répéter et s'amplifier dans les années à venir.
Le thermomètre affichait 42 °C dans les rues de Villefranche mercredi en début d'après-midi.
© Simon Alves - Le thermomètre affichait 42 °C dans les rues de Villefranche mercredi en début d'après-midi.

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Après avoir été placé en vigilance orange le 12 août, le Rhône voit rouge depuis mardi midi. Mercredi 23 août,l'Ain rejoignait également la danse : 19 départements étaient en vigilance rouge et 37 en vigilance orange.

Une démonstration supplémentaire de l'accélération et de l'intensification du réchauffement climatique au niveau national.

"Entre 1947 et 2000, il y a eu dix-sept vagues de chaleur en France, rappelle notre météorologue caladois Guy Blanchet. Mais depuis 2000 jusqu'à aujourd'hui, on en dénombre 29." Ce type de canicule se déroule généralement plus tôt dans l'été.

Depuis 1947, seules six canicules ont eu lieu après le 15 août. Autre fait marquant, l'isotherme 0, soit le niveau d'altitude auquel on peut trouver une température de 0 °C, s'est situé à 5 298 m dans les Alpes suisses.

Ce qui constitue un record. "Cela veut dire qu'au sommet du Mont Blanc, on a des températures positives et de la neige qui fond avec tous les problèmes d'avalanches que cela peut engendrer". Depuis le 12 août, l'Aiguille du midi, à 3 800 m, n'a enregistré qu'un jour de gelée alors qu'habituellement, il y en a chaque nuit.

La température est même montée l'après-midi à 14 °C. "Pratiquement du jamais vu", s'alarme le météorologue. À Villefranche, depuis le 10 août, quatorze maximums ont dépassé 30°C. Des périodes de chaleurs extrêmes qui nécessitent une adaptation au quotidien pour tous.

Un dôme de chaleur, c'est quoi ?

L'expression n'est pas très ancienne puisqu'elle n'a que deux ans. C'est en 2021 qu'elle a été employée pour la première fois dans la région de Vancouver au Canada avec un mercure atteignant les 49,5 °C au mois de juin.

"C'est un phénomène qui n'est pas très courant, explique notre météorologue Guy Blanchet. C'est une situation anticyclonique à tous les niveaux, à savoir que la pression est supérieure à la normale aussi bien près du sol qu'en altitude.

Et qui dit anticyclone dit évidemment air qui ne se déplace pas et qui empêche toute perturbation ou masse d'air essayant de s'approcher d'arriver." Cela entraîne une subsidence thermique, où l'air descend, se réchauffe et s'assèche, créant en montagne un phénomène de foehn qui s'auto-entretient. "Il faut des perturbations suffisamment puissantes pour le faire disparaître", ajoute Guy Blanchet.

Les hôpitaux et Ehpads HNO sur le front

© Zoé Besle Le niveau d'alerte 4 - le plus élevé - du plan canicule est enclenché.

Au sein des Hôpitaux Nord-Ouest (HNO), le plan canicule est enclenché depuis juin, qui définit les différents niveaux d'alerte et intègre les particularités des plans bleus, orientés sur les établissements médicaux-sociaux et les Ehpads. "Nous avons aussi une cellule plan canicule avec des missions à l'année, car il s'agit aussi d'anticiper cette période potentielle de fortes chaleurs", explique Marielle Chevalier, cadre supérieure de santé aux HNO.

Inventaire des équipements à disposition, fiches techniques de surveillance, d'organisation, de recommandation et d'actions : tout est fait pour être prêt le moment venu. Actuellement, le niveau d'alerte maximal (4) est enclenché.

Au fur et à mesure qu'il augmente, des actions supplémentaires sont enclenchées avec par exemple, dès les niveaux 2 et 3, la climatisation de certains services et l'utilisation de climatiseurs mobiles pour les prises en charge palliatives ou les situations complexes. "Suite au déclenchement du niveau 4, on va recevoir des climatiseurs mobiles supplémentaires pour pouvoir pallier ce niveau de chaleur extrême".

Si les locaux récents de l'hôpital caladois sont rafraîchis de par leur construction plus récente adaptée à cette problématique – ce n'est pas de l'air froid qui est soufflé dans les pièces - dans l'hôpital historique, la clim est de mise dans plusieurs salles, zones et services tel que la néonatalité, la réanimation ou la pédiatrie : il est cependant impossible de tout climatiser, ce qui rend la vie des soignants et des personnes hospitalisées nettement plus difficile.

© Zoé Besle - Marielle Chevalier, cadre supérieure de santé des HNO.

La question du financement des travaux de rénovation ou d'isolation nécessaires pour ce type de bâtiments va se poser dans les années à venir. La canicule, c'est aussi des soins adaptés avec par exemple plus de changement de linges plats, des brumisateurs pour le confort des patients, ou encore une vigilance accrue sur l'hydratation des seniors et leur rafraîchissement en Ehpads. Le tout, toujours avec un manque chronique de personnel.

"On est en période congés, on a des arrêts maladie ; il est très compliqué de mettre en place les renforts prévus, mais on le fait autant que possible", souligne Marielle Chevalier. La cadre supérieure de santé met l'accent sur la prévention autour de la canicule, qui devrait pour elle être renforcé auprès du public en général, et pas seulement des personnes les plus fragiles tel que les seniors. "Au-delà de 37 degrés, même un organisme qui va très bien subit la chaleur".

Dans le bâtiment, l'appel au "bon sens"

© Simon Alves

Parmi les métiers les plus impactés par les fortes chaleurs, les travailleurs du bâtiment et des travaux publics sont généralement en première ligne. Pour autant, il n'existe à l'heure actuelle pas de possibilité pour eux d'exercer de droit de retrait en période de canicule.

"Alerte rouge ou orange, pour nous c'est pareil, regrette un responsable de chez Bosgiraud à Limas. Il faudrait tout redéfinir par rapport au monde du travail car réglementairement, il n'y a pas de dispositions qui existent. Je pense qu'ils (NDLR : les législateurs) vont être obligés de le faire." Seules les intempéries de type vent et pluie sont concernées par une caisse à laquelle l'entreprise cotise en raison des risques qu'elles font courir pour la sécurité des employés.

Si par chance, cette semaine de forte canicule, l'ensemble des équipes est en congés chez Bosgiraud, l'entreprise fait appel "au bon sens" dans ce type de situation.

"On fournit de l'eau, environ trois litres par jour et on fait en sorte que les réfectoires soient climatisés, poursuit le responsable. Ils ont aussi le droit de faire plus de pauses et on leur demande d'adopter de bons gestes comme s'humidifier, respirer au frais. Dans de plus grosses entreprises, ils fournissent aussi des sahariennes pour éviter les éventuels coups de soleil."

Les équipes essayent aussi de démarrer le plus tôt possible dans la journée, dès 7 h du matin. "Le but est de les protéger pour qu'ils soient là le lendemain et surtout restent dans le bâtiment", conclut-il, en écho aux difficultés de recrutement du secteur.

Des Beaujolais en quête de fraîcheur

© Laurence Chopart - Le Bordelan, "un lieu agréable et bien aménagé".

En cette période caniculaire, le plan d'eau du Bordelan à Villefranche est très prisé. "Heureusement qu'il est là, souligne Chloé. Dimanche 20 août, dans mon appartement, la température est montée jusqu'à 31 degrés". Cette Caladoise retraitée qui n'est pas partie en vacances cet été vient tous les jours vers midi et passe l'après-midi entre la baignade et la lecture.

"Quand il fait très chaud, le plan d'eau pour moi c'est la seule solution pour me rafraîchir, me détendre et prendre l'air. C'est un lieu agréable et bien aménagé"

Le site s'avère attractif avec sa grande plage de sable, une partie très ombragée et la baignade est surveillée. "Dimanche dernier il y a eu beaucoup de monde", confie Mélissa qui assure l'accueil et la billetterie. À 12 h 30, le parking était plein. Ce jour-là, 994 entrées ont été enregistrées (de 10 h à 18 h 10). "Des personnes viennent aussi de Lyon et de Mâcon", souligne Hamza, agent de sécurité.

Toujours en Calade, le long du boulevard Jean-Jaurès à Villefranche, ils n’étaient pas nombreux, mardi, à se déplacer sous le soleil écrasant alors que le panneau d’affichage de la municipalité alertait sur les risques liés à la canicule.

Certains, comme Brigitte, Lyonnaise venue rendre visite à son père, ont préféré se déplacer sous les arbres du square de l’Hôtel de Ville. "On rase les murs et on recherche les coins de fraicheur. J’irai peut-être au cinéma cet après-midi ou dans les grandes surfaces. Tout à l’heure j’étais à la pharmacie et je ne voulais plus sortir", plaisante la passante. Cette situation de canicule Le retour à des températures plus acceptables ne devrait pas intervenir avant ce vendrediselon les prévisions actuelles.

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