Laurent Martray est de ceux-ci. Au début de son activité en 1987, il faisait appel à des étudiants puis s'est replié sur les travailleurs proposés par Pôle emploi à Belleville ou Villefranche. "J'ai des collègues qui ont composé leurs équipes par connaissance, explique-t-il, c'est plus facile, quand cela n'est pas possible, on se rabat sur Pôle emploi. Le problème c'est que l'on trouve de tout et n'importe quoi ; c'est au petit bonheur la chance."
Laurent Martray a en effet souvent été confronté à des vendangeurs qui ne restaient pas, devant la difficulté de la tâche, avec les soucis que cela engendre : besoin de remplacement rapide, problème dans le profil des cueilleurs qui ne correspondaient pas ou qui généraient des problèmes... En 2012, il a décidé de se tourner vers l'étranger en faisant venir une équipe polonaise à 100?%. "Une fois qu'on y a goûté, note-t-il, on ne peut plus s'en passer. Il y a bien sûr la barrière de la langue, mais on arrive toujours à se faire comprendre ; par contre ce n'est pas évident pour tisser des liens même si, l'année dernière, certains sont repartis en pleurant d'émotion. Ils viennent pour travailler et ne causent aucun souci." C'est donc tout naturellement que Laurent a de nouveau fait appel à des vendangeurs venant de Pologne cette année. "Quelques-uns reviennent et ont composé l'équipe avec leurs connaissances." Quand on lui demande si cela le dérange de ne pas favoriser les demandeurs d'emploi français proposés par Pôle emploi, sa réponse est sans équivoque: "Depuis l'année dernière je n'ai plus aucun problème, ce n'était pas le cas avant quand je faisais appel à Pôle emploi. Tout ce qu'on veut c'est que ça avance dans les vignes sans problème à côté, ça n'était pas le cas". Une démarche qui ne suscite aucune remarque de ses collègues viticulteurs qui ont tous la même préoccupation?: que la vendange soit ramassée dans les délais, peu importe qui la fait.
Fabrice Petit
Correspondant local de presse
Pourquoi des vendangeurs étrangers plutôt que français ?
C'est peut-être encore un tabou dans les vignes, mais des viticulteurs ont choisi de composer leurs équipes de vendangeurs exclusivement avec des personnes d'origine étrangère.
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