AccueilACTUALITESViticultureQuinze mois ferme pour l'un des braqueurs du Proximarché de Blacé

Quinze mois ferme pour l'un des braqueurs du Proximarché de Blacé

Tommy M., qui avait attaqué avec une arme et un complice la supérette le 12 juin, a été jugé par le tribunal correctionnel de Villefranche, mardi 22 août.
C'est avec une réplique airsoft d'un Glock 19 que l'individu a braqué le salarié de la supérette avec son complice.
© DR - C'est avec une réplique airsoft d'un Glock 19 que l'individu a braqué le salarié de la supérette avec son complice.

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Les mains jointes, la voix basse et pas toujours assurée avec quelques pauses pour trouver ses mots. Ce n'est pas un prévenu particulièrement fier et arrogant vis-à-vis de son acte, comme on peut parfois en voir dans le box des prévenus, qui a fait face à ses juges, mardi 22 août au tribunal de Villefranche.

Et pour cause : jusqu'ici, Tommy M. avait un casier vierge de toute mention. Mais la première ligne qui s'y inscrit n'est pas des moindres, puisque le jeune homme 21 ans est l'un des deux auteurs du braquage du Proximarché de Blacé qui a eu lieu un peu plus de deux mois auparavant.

Les gérants du commerce, leur salarié et un client avaient pris place dans la salle d'audience, soutenus par le maire de la commune, Fabrice Longefay. Des victimes qui ont eu à revivre le détail de ce braquage qui s'est déroulé dans un laps de temps très court.

Menace avec arme et 850 € dérobés

C'est vers 19 h 30 que ce vol avec violence a pris place le 12 juin. Alors qu'un co-gérant, le salarié et deux clients étaient dans la supérette, deux individus cagoulés sont entrés dans le commerce. L'un porteur d'une arme pour menacer le caissier, l'autre, visiblement connaisseur des lieux, faisant le tour du comptoir pour s'emparer de 850 € dans la caisse en l'espace de quelques secondes avant de repartir en courant jusqu'à un scooter stationné à plusieurs mètres.

À la suite d'une enquête minutieuse de la gendarmerie (lire encadré), les deux auteurs ont pu être interpellés mardi 18 juillet. L'un d'eux, mineur et qui s'est servi dans la caisse, a été arrêté à Perpignan et jugé le 10 août par le tribunal pour enfants. Très défavorablement connu des services de police, il a été condamné à dix-huit mois de prison dont douze avec sursis.

L'autre, Tommy M., qui tenait l'arme, a été interpellé à Villefranche et présenté mardi pour répondre de ses actes après avoir demandé en comparution immédiate le 21 juillet à pouvoir préparer sa défense.

D'élève modèle de l'armée à braqueur de supérette

Un profil déroutant pour les magistrats, notamment en raison de son absence totale d'antécédents. Interrogé par la présidente France Rouzier sur, il a expliqué avoir rencontré son complice plusieurs mois avant les faits. Une mauvaise fréquentation consécutive à ce qui était pour lui une phase difficile de sa vie.

Combattant première classe dans le bataillon des chasseurs alpins de Varces (Isère) depuis deux ans et athlète de haut niveau, il s'était blessé au genou à l'automne 2022 et l'armée n'avait pas pu le prendre en charge, d'où son retour à Villefranche ces derniers mois.

"J'ai commencé à déprimer et à jeter mon argent dans n'importe quoi et à faire des crédits à la consommation", a-t-il expliqué. "En un mois, vous passez de défenseur de votre pays à braqueur de supérette ?", s'est étonnée la présidente. "Je fréquentais les mauvaises personnes et je me suis mis à fumer du cannabis", a-t-il justifié en réponse à ses actes, ajoutant avoir été sous l'influence néfaste de la drogue ou encore de son complice, depuis bien identifié par les enquêteurs et divers témoins comme instigateur du méfait.

L'arme utilisée était une réplique airsoft d'un glock 19 qu'il possédait et savait manier en raison de sa formation militaire. "Il avait un défaut et était cassé, ça servait juste de dissuasion", a-t-il détaillé. Ce qui n'a pas empêché les victimes présentes dans le magasin le jour du braquage, constituées partie civile, de se voir prescrire plusieurs jours d'ITT en raison des séquelles psychologiques occasionnées.

"Il a perdu pied"

Rappelant dans ses réquisitions qu'il aurait pu encourir 20 ans de prison si l'affaire n'avait pas été correctionnalisée pour ne retenir que les faits de vol avec violence en réunion, la procureure Laetitia Francart a tout de même précisé qu'il pouvait écoper de dix ans de réclusion. "Pour quelqu'un qui a un casier vierge, c'est commencer fortement dans la délinquance", a-t-elle souligné, avant de réclamer quatre ans de prison dont deux avec un sursis probatoire de deux ans et diverses interdictions.

De son côté, l'avocate de Tommy M. s'est attardée sur les traumatismes de la vie de son client qui a été adopté à l'âge de six ans en Ethiopie après la mort de ses parents avec divers séjours à l'hôpital et ce malgré une famille d'adoption présentée comme aimante et présente. "Je ne dis pas qu'il n'est pas responsable, mais il n'est pas l'instigateur. Il a perdu pied et s'est coupé de ses amis après s'être senti exclu de l'armée. Le psychiatre qui l'a entendu parle d'un épiphénomène."

Elle a réclamé une réduction du quantum de peine requis. Demande visiblement entendue par le tribunal qui l'a condamné à trois ans de prison dont quinze mois ferme, interdiction de paraître à Blacé et d'entrer en contact avec le coauteur et obligation d'indemniser les parties civiles et de travailler.

Les émeutes, le tournant de l'enquête

C'est grâce à des circonstances particulières que les gendarmes ont pu mettre la main sur les deux individus. Outre des témoignages de leur arrivée non cagoulés en scooter et la vidéosurveillance, les enquêteurs ont pu récupérer un gant laissé par les braqueurs pour récupérer de l'ADN. Le mineur avait aussi confié à des personnes son ambition d'effectuer le braquage avant les faits. Connu et donc rapidement identifié par les enquêteurs lors d'un contrôle par la police municipale caladoise, l'exploitation de son téléphone a permis de confirmer son trajet à Blacé. Une surveillance physique a amené les services de gendarmerie rue de Thizy, devant un bâtiment où il s'arrêtait souvent. S'ils n'ont pas immédiatement fait le lien entre lui et Tommy M., dont le nom apparaît à l'adresse, tout a basculé le 2 juillet. Les deux ont en effet été interpellés dans le cadre des émeutes à Villefranche, consécutives à la mort de Nahel. Tommy M. a alors donné son nom de naissance en garde à vue, qui n'est pas d'usage en France. Mais sa ligne téléphonique a pu rapidement être mise en lien avec son état civil national. S'il a d'abord nié face aux enquêteurs lors de sa première audition, il a fini par reconnaître son implication. L'avocate de Tommy M. a en revanche regretté qu'un troisième individu, qui avait laissé son ADN sur le gant perdu, n'ait pas été "inquiété dans ce dossier".

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