Une lône, du franco-provençal "lona", issu du germanique "lûnho", est le bras mort d'un fleuve, en retrait du lit et alimenté en eau par infiltration depuis la nappe alluviale ou directement en période de crue. C’est une eau stagnante de peu d'étendue et sans profondeur, en communication périodique ou permanente avec une rivière.
Le terme, traditionnellement utilisé pour le Rhône, l’est pour la Saône. Au fil des décennies, la rivière a été modifiée pour la navigation de bateaux de gros gabarit, extraire des matériaux alluvionnaires et limiter l’inondation du lit majeur.
Un espace naturel sensible
Le lit de rivière qui séparait l’île de Taponas du rivage s’est comblé, suite à la création du barrage de Couzon vers 1970 et de celui de Dracé en 1975. Une lône est née, asséchée périodiquement par la création en amont de bouchons alluvionnaires. Amenant stérilité sur cet espace plusieurs fois classé en zone Natura 2000, en zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique (Znieff) et en espace naturel sensible (ENS).
Tous les 10 ans, les services de l’État, en charge de la gestion des espaces naturels, pilotés par le Conservatoire des espaces naturels Rhône-Alpes (CEN-RA), effectue des travaux de dégagement en entrée et sortie de zone. Avec le réchauffement climatique et un asséchement plus intensif, Daniel Fayard, maire de Taponas, a remarqué qu’elle manquait de vie, que les nénuphars blanchissaient et qu’il serait pertinent de faire une action en zone centrale.
Quand il a été décidé d’évacuer la terre du bouchon alluvial par voie routière sur plusieurs kilomètres, l’impact sur l’état des voies de circulation lui a fait poser son veto. En parallèle, le maire a proposé de rétablir la continuité hydraulique de la lône pour améliorer la survie faunistique et florale.
L'étude, lancée par le CEN-RA, la Fédération de pêche, l’Agence de l’eau, l’État, la Région, le Département et la commune durant trois ans a abouti à des travaux programmés entre septembre 2023 et avril 2024.
Redonner vie à un chemin de balade
Initiés le 1er septembre, l’essentiel des travaux se fera au cours du dernier trimestre 2023. Lors de la réunion de présentation aux habitants, la commune a expliqué qu'ils seraient menés sans incidence ni nuisances pour les riverains.
Le chantier sera sécurisé et les week-ends, le chemin des lônes restera accessible. Rouvrir cet endroit est une action visant à maintenir des zones naturelles devenues rares sur le parcours de la Saône et un coin ludique qui permet de relier Saint-Jean-d’Ardières à Belleville-en-Beaujolais par un chemin. Au vu de son enjeu, le budget de 750 000 €, pris en charge par l’État, la Région, le Département et l’Agence de l’eau, est un moindre mal.
Le pilotage du chantier sera assuré par le CEN-RA et la commune. Suite aux repérages du mois d’août, il s’agit de recréer ce qui existait historiquement, en passant d'un lit initial de 50 m de large à un lit plus modeste de 6 m. Les petites crues devraient faire de l’auto-curage du canal.
Les plantes rares seront prélevées avant d’être replantées pour les préserver. Le choix a été fait de pressentir l'entreprise Vinci qui devrait être maître d’œuvre du chantier.