Qu’est-ce qui vous a motivé à vous engager ?
Je voulais me rendre utile pour la population, utiliser tous ces matériels présents dans les gros camions rouges, mais je n'avais aucune notion, je ne savais pas si ça allait me plaire, si j'allais y arriver et si on allait me garder après la période probatoire d'un an ! Le secourisme était totalement inconnu pour moi, et aujourd'hui ça représente presque 80 % de notre activité.
Comment se sont passés vos passages de grade ?
Au début comme j'étais passionné, célibataire et sans enfants : je consacrais énormément de temps à mon activité de sapeur-pompier et j'ai donc pu évoluer très vite. Caporal en 1995, sergent en novembre 1997, adjudant en aout 2000.
En 1994, j'ai pu effectuer mon service militaire comme sapeur-pompier auxiliaire au SDIS69. J'ai énormément appris et surtout pu faire de belles rencontres. J'ai fait partie des dernières promotions d'officiers à connaitre l'ancienne école nationale (Ensosp) à Nainville-les-Roches dans le 91. J'ai été nommé lieutenant le 1er septembre 2003.
Ensuite l'école a déménagé à Aix-en-Provence sur une ancienne base aérienne et je l'ai retrouvée pour ma formation de capitaine en 2011. J'ai bénéficié de l'avancement au grade de commandant en 2019.
Quels sont vos meilleurs souvenirs ?
Durant ma carrière, j'ai eu la chance de participer à deux accouchements à domicile sur Chazay. Tout s'est bien passé, mais on n'est jamais serein car ça n'arrive pas souvent. Chose plus étonnante, il y a deux ans une petite fille secourue était dans la même classe d'une de mes filles, Je la vois souvent, c'est gratifiant. Il y a aussi des interventions drôles et cocasses, souvent avec des animaux : une autruche, un hibou, le traditionnel chat dans un arbre. Sur le coup, on ronchonne d'être dérangé, mais ensuite cela nous fait des souvenirs collectifs et on rigole.
Des souvenirs qui vous ont particulièrement marqué ?
Les décès, il y a assez longtemps et en peu de temps, de deux collègues viticulteurs des alentours. Un s'est suicidé et l'autre s'est renversé en tracteur. Je connaissais les deux et suis intervenu les deux fois. J'ai été assez secoué et j'ai du prendre un peu de recul avec la caserne car je ne me sentais plus en mesure de prendre les bonnes décisions.
Et puis, il y a eu la saison 2003…Ça brûlait de partout en France et aussi sur le secteur, à cause de la sécheresse. J'ai pu partir en renfort une semaine dans le sud fin juillet, mais il a vite fallu rentrer car nous avons vendangé le 18 août et les raisins grillaient sur les ceps.
Ce qui vous fait le plus plaisir dans votre métier ?
Nous sommes capables de mettre en œuvre une multitude de techniques tant dans le domaine du secours d'urgence aux personnes que pour les incendies et les risques technologiques. Chez les pompiers, on s'adapte toujours et on trouve des solutions. Il n'y a pas de routine, il faut être prêt tout le temps, on ne sait jamais quand va survenir l'évènement, ce à quoi on va être confronté et combien de temps ça va durer.
Comment vivez-vous le regroupement de communes ?
Les regroupements que nous venons de vivre depuis 2012 ont été une réussite et un beau projet à gérer. Les agents sont satisfaits du bâtiment, il est bien situé et bien doté en matériel. L'activité opérationnelle est intéressante pour celui qui veut se rendre disponible et consacrer de son temps.
C'est très prenant mais c'est surtout pour nos familles que cela est plus compliqué : avec la passion, on oublie les contraintes. Le SDMIS est un grand service public qui nous offre la chance d'avoir des bâtiments, des engins et une structure hiérarchique parmi les plus importants de France.
Le département du Rhône est petit par la taille, mais très diversifié, avec une forte population et presque tous les risques que l'on peut imaginer. Le SDMIS est calibré pour faire face. Notre ancien directeur a fait beaucoup et les collectivités ont toujours suivi pour assurer le financement, ce qui n'est pas le cas partout.
Que représente pour vous cet engagement ?
C'est un engagement citoyen, je le fait parce que je suis très attaché à nos communes. Je suis né ici, je vis ici, je travaille ici, je connais bien les alentours, la vie économique et sociale de notre bassin. Je pense que c'est un plus pour être efficace auprès de la population. Mais cet état d'esprit change, il y a énormément de mouvement dans l'effectif, les jeunes ne font plus carrière dans la même caserne à cause du travail ou du logement. Nous sommes très peu dans les plus anciens à n'avoir connu qu'une seule caserne.