C'est sur la plus petite commune du Rhône, Vernay et sa centaine d'âmes, qu'Olivier Cuer et Marilyne Kapfer élèvent quelques 200 chèvres au sein de leur exploitation de 45 hectares.
Mais contrairement à leurs douze autres homologues du département, leur production n'est pas alimentaire : c'est pour leur laine – et leur lait afin de réaliser des cosmétiques pour les cachemire - que les caprins et leurs petits sont élevés par le couple.
Olivier Cuer, qui a créé la ferme en 2007, d'abord avec des chèvres angoras, a récupéré les secondes en 2013, "Un des derniers éleveurs de cachemire en France avait décidé de tout arrêter du jour au lendemain à cause du loup, il cherchait à transmettre son troupeau", explique le co-gérant de la ferme.
Assis sur une mine d'or
Chaque année, 400 kg de mohair et 20 kg de cachemire sont produits par les bêtes. "Élever des chèvres cachemire se fait de moins en moins en France : quelques personnes ont deux ou trois bêtes plutôt à titre pédagogique, mais sinon il n'y a que quelques élevages et nous sommes les seuls à faire des savons au lait de cachemire", souligne Marilyne Kapfer.
Car le procédé de transformation de la laine cachemire, complexe, s'est perdu en France ; une fois les bêtes tondues, il faut procéder à l'éjarrage de la laine. "Sur une chèvre angora, vous utilisez la totalité de la toison : avec une cachemire, il faut séparer le poil du sous poil ; c'est un peu l'équivalent du duvet d'un canard, très doux et proche du corps".
Si des procédés chimiques permettent d'utiliser l'ensemble de la toison, le vrai cachemire est fait de ce sous poil très fin : chaque chèvre en produit environ 200 grammes par an, d'où la préciosité de la matière.
L'éjarrage peut s'effectuer à la main (ce qui est très fastidieux) mais à la ferme de l'Amalthée, c'est avec une ancienne machine d'éjarrage que l'action était effectuée ; était, car celle-ci a besoin d'être remise en état.
"Les devis sont entre 60 et 80 000 €, cela fait donc 2-3 ans qu'on stocke notre laine en attendant de réparer la machine ou de trouver une autre solution, par exemple en faisant trier la laine en Italie", explique Olivier Cuer. Une centaine de kilos de cachemire attendent d'être triés. "Si on arrive à réparer la machine, on pourrait aussi fédérer d'autres personnes à refaire du cachemire et recréer une filière ; l'enjeu est collectif".